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Stéphanie Dujols (Traducteur)
EAN : 9782330186135
Sindbad (03/01/2024)
3.33/5   6 notes
Résumé :
Jabbour Douaihy se fait ici le chroniqueur de la lente décomposition du Liban, qui s'est conclue par le désastre financier et l'explosion survenue le 4 août 2020 au port de Beyrouth, dévastant une grande partie de la ville. Ce roman se lit comme un chant funèbre pour le Liban, dont l'auteur explore l'improbable identité, retraçant la généalogie de la violence qui a souvent failli l'emporter.
Que lire après Il y avait du poison dans l'airVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Les choses ne se dégradèrent pas d'un seul coup. Les armes restèrent cachées dans les larges poches des manteaux et derrière les portes des maisons, bien huilées, prêtes à l'emploi. Il n'y avait pas de morts, mais il y avait du poison dans l'air. Un désir affiché de faire couler le sang. » Mon écrivain libanais de prédilection Jabbour Douaihy décédé en juillet 2021 , raconte dans son dernier roman testament, la lente déchéance de son pays à travers un personnage, quasi son sosie. Grand amoureux des livres, de la langue arabe et de la ­littérature française qu'il enseigne dans un lycée , son narrateur , un maronite , traverse l'histoire du Liban, des années 1950 à août 2020 date de la terrible explosion au port de Beyrouth. de sa bourgade natale dans la montagne au melting pot de divers groupes ethniques et religieux de Beyrouth, notre anti-héros , loup solitaire, sent vite qu'il se passe quelque chose que l'on n'écrit pas dans les journaux et dont les gens ne parlent pas à voix haute. Ceux sont les premiers signes de la guerre civile en route et que personne ne voit venir. Alors que Beyrouth se désagrège peu à peu , la famille du narrateur subit le même sort.

« Le poison dans l'air » traverse tout le récit de bout en bout, à commencer par cette couverture magnifique d'un vert absinthe très évoquant, « Les Hébreux, qui regardaient les plantes amères comme nuisibles, et comme vénéneuses (voir Apocalypse 8.10-11), se servent souvent du nom de cette plante pour désigner ce qui est généralement désagréable, nuisible et pernicieux ; et le paraphraste caldéen appelle cette plante « absinthe de mort » ».

À l'image de ce poison notre anti-héros aime aller au-devant du danger , « Depuis mon adolescence au milieu des tirs dans ma bourgade, le danger m'appelait en secret et je lui répondais, je m'avançais vers lui au lieu de fuir dans l'autre sens. ». S'y greffant aussi son penchant pour le morbide et l'agression il devient assez effrayant. Pourtant au départ il n'avait que des bonnes intentions.
Avec les femmes c'est toute une autre histoire . Sa méthode pour gagner leur coeur est bien rodée : il se lamente sur son sort. Mais comme les dangers, ses liaisons sont éphémères car là aussi le poison de la discorde n'est jamais loin, pouvant l'entraîner dans le pire.

C'est l'histoire triste d'un homme et d'un pays, qui aurait pu être le joyau du Moyen Orient avec ses groupes ethniques et confessionnelles multiples et ses richesses culturelles et archéologiques. L'homme aussi aurait pu avoir un destin brillant , or il aime le danger et contrarier . « Le poison » les envahira lentement, emmenant le pays et l'homme sur le chemin de l'anéantissement .

Douaihy nous a tiré sa révérence sacrément bien. J'ai déjà lu cinq de ses livres , jamais déçue, m'en manque encore deux. Si vous ne le connaissez pas encore, n'hésitez pas, je vous garantie une rencontre majestueuse 😊.







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Dommage.

Quatrième de couverture,
- fin des années 50 ; une bourgade du nord Liban…..
- Mais l'explosion dans le port de Beyrouth en 2020 est un point de non retour.
- l'itinéraire d'un personnage magnifique...
- Dandy éclairé, saboteur dilettante etc.

Nous avons donc la trajectoire du narrateur sans nom des années 60 jusqu'à 2020. Tiens p 170, je n'avais pas encore tout à fait 40 ans quand je remarquai des cheveux blancs sur mon crâne…

Le compte n'y étant pas, 60-2020, j'ai dû rater une étape parmi d'autres le poison manquant de précision dans ses saupoudrages libanais.

Dandy éclairé, pas soit, car pour un mari tabassant sa femme et lui cassant un bras même si cette dernière le poussa à bout, et tirant sur un camion citerne faisant exploser camions voitures et passagers de passage, non, dandy est un peu trop conciliant.

L'auteur a t il voulu un parallèle entre un clone de lui même et un pays allant à sa perte. Discutable.
Un individu n'est représentatif que de lui même alors qu'un pays s'inscrit dans une histoire somme de celles d'une myriade d'individus.

Dommage.

Un manque de repères altérant un légitime souhait de compréhension.

Un non héros pas très sympathique malgré ses appétences littéraires. de plus lire en n'en tirer que des enseignements négatifs voire explosifs, qu'en penser.

Le Liban, Beyrouth. Un manque de densité faisant ne pas saisir ce que l'auteur a probablement voulu faire passer comme message mélancolique.

A moins que dépression aidant, le déprimé ne voit pas d'autre issue que celle qui s'impose à lui.

Regret.

Ne pas avoir su saisir ce que le narrateur a voulu partager.

La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer.

Et qu'avec les pigeons, pour la première et la dernière fois, je m'étais envolé vers le ciel bleu, où nous avions disparu, moi et eux, dans l'horizon lointain.

Commentaire.

Que le Liban bien sûr ne disparaisse pas en comptant sur les énergies de ceux qui resteront.
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critiques presse (1)
LeMonde
31 janvier 2024
Magnifique mais pessimiste dernier roman de l'écrivain libanais, mort en 2021.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous vivions dans un quartier populeux où les portes ne se fermaient qu’au moment du coucher. Chaque heure avait ses bruits. La nuit, c’étaient le coassement des grenouilles et les glapissements lointains des renards. Nous étions réveillés par les klaxons des voitures que les conducteurs actionnaient sans raison. Du côté ouest, il y avait ce voisin qui commençait à lamper de l’arak pur au saut du lit. Il crachait sur le plancher, récitait des Notre Père d’une voix forte et tournait dans la maison en cherchant une excuse pour frapper sa femme, qui répondait à ses insultes par d’autres encore plus éloquentes, tout en se cachant le visage entre les mains. Alors, enfilant mes vêtements, je me dépêchais d’aller contempler la scène avant l’arrivée du bus scolaire. Bien que ses joues soient rouges de fureur, il la giflait avec retenue, on ne voyait jamais ni sang ni écorchure. Je craignais que son tarbouche ottoman, qui tressautait à chaque coup, ne tombe de son crâne. Des médiateurs finissaient par intervenir pour faire cesser cette gymnastique matinale. Ma mère disait que sa femme l’aimait. Plus tard, elle le “servirait”, quand, devenu sénile, il ne saurait plus qui elle était et l’accuserait de vouloir le voler. Elle lui raserait la barbe, lui mettrait son tarbouche sur la tête, légèrement penché vers la droite, et l’assiérait sur une chaise devant la porte. Puis elle s’éloignerait un peu pour mieux voir, avant de corriger un travers dans sa mise. Elle voudrait qu’il ait l’air d’un homme avec toute sa prestance, tel qu’elle se l’était imaginé et ne l’avait jamais connu.
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Je ne rencontrai pas un seul innocent en prison, ni même personne qui prétendait l’être. Tous se vantaient de leurs actes, même quand parfois ils s’étaient comportés comme de vrais salauds. Il y en avait pour qui la prison était devenue la maison. Ils purgeaient leur peine, puis quand ils retrouvaient leur liberté, ils se dépêchaient de voler une mobylette ou d’abuser d’une employée de maison asiatique pour revenir à la case départ : ils ne savaient plus se débrouiller pour vivre à l’extérieur. Ils imploraient les magistrats – qu’à présent ils connaissaient bien – de leur infliger une longue peine ; les juges se mettaient à sourire et exauçaient leur vœu dans la mesure du possible.
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Je rentrai à la maison en reniflant mes habits : j'approchais le col de ma chemise de mon nez dans l'espoir d'y sentir l'odeur de la mort. Dès lors, je ne pus tenir ma promesse de ne pas m'exposer au danger. Chaque fois que l'on apprenait qu'il y avait de nouveau morts, je me hâtais d'aller les observer. Je découvris toutes les nuances de leurs visages livides et remarquai qu'il n'y avait presque pas d'argent dans leurs poches.
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Je renonçait aussi à mes livres, faute de disposer d'un endroit qui se prête à la lectures. J'avais bien tenté de trouver un coin qui me convienne, ou qui convienne à l'image que je me faisais de moi lisant, mais les pièces étaient sombres et 'e balcon étroit
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