Le silence de Mélodie

- La présence de Mélodie ici ne me paraît pas très appropriée, vous savez. Ce n'est pas une activité de loisirs, juste pour s'amuser. L'objectif de ce test est de sélectionner notre équipe officielle.
Il ne s'adresse même pas à moi et regarde directement Catherine, au-dessus de ma tête, comme si j'étais invisible. Cette fois j'ai vraiment les nerfs.
Je monte bien fort le volume de mon appareil.
- JE SUIS ICI POUR PASSER L’ÉPREUVE.
M. Dimming cligne des yeux.
- Mélodie, ne ne veux pas te vexer, mais ce test est très difficile.
-ET MOI, TRÈS INTELLIGENTE.

- vous savez quoi ? a-t-elle sifflé en jetant avec colère la brochure à la poubelle. Je vous trouve froid, et insensible. J'espère que vous n'aurez jamais d'enfant avec des difficultés... vous serez capable de le laisser dehors avec vos ordures !

.....

Sans compter qu'à mon avis vous avez tout faux ! J'en suis persuadée ! Mélodie a plus de matière grise dans le crâne que vous n'en aurez jamais en dépit de tous ces grands diplômes de grandes universités que vous avez affichés partout aux murs !

..

- Vous avez la belle vie, vous ! Toutes vos fonctions physiques marchent comme il faut ! Vous n'avez jamais à vous battre rien que pour vous faire comprendre ! Vous vous croyez intelligent parce que vous êtes docteur en médecine ?

...

- Vous n'êtes pas si malin, monsieur, vous êtes juste veinard ! Tous ceux parmi nous qui ont toutes leurs facultés intactes ont de la chance, c'est tout. Mélodie est capable de comprendre des choses, de communiquer et de se débrouiller dans un monde où rien n'est adapté à elle. C'est elle, la plus maligne !

Tout le monde utilise des mots pour s'exprimer. Sauf moi. Et je parie que la plupart des gens n'ont pas conscience de leur véritable pouvoir. Moi si. Les pensées ont besoin de mots, et les mots, d'une voix.
J'adore l'odeur des cheveux de ma mère juste après qu'elle les a lavés. Et j'adore le contact rugueux du menton de mon père juste avant qu'il se rase. Mais je n'ai jamais pu leur dire.

Tout le monde, excepté Claire et Molly, a applaudi tandis que je m'avançais jusqu'à l'avant de la classe. Le moteur de mon fauteuil ronronnait. Ils ne pouvaient pas entendre le bruit de mon cœur.

" - Salut tout le monde. J'ai un nouvel ordinateur."
Des visages se tournent et des messes basses se font entendre :
" - Ca existe, les ordis pour handicapés ?
- Il parle ? Le mien ne fait pas ça.
- Mais toi, t'en as pas besoin, banane !
- C'est bizarre.
- Pas pire que toi.
- De toute façon, qu'est-ce qu'elle peut bien avoir à dire ?"

Tout le monde utilise des mots pour s'exprimer. Sauf moi. Et je parie que la plupart des gens n'ont pas conscience de leurs véritable pouvoir. Moi si.
Les pensées ont besoin de mots, et les mots, d'une voix.
J'adore l'odeur des cheveux de ma mère juste après qu'elle les a lavés.
Et j'adore le contact rugueux du menton de mon père juste avant qu'il se rase.
Mais je n'ai jamais pu le leur dire.

J'hésite un instant avant de terminer ma phrase :
–… ont honte de moi.
– Arrête, tu es la plus futée du groupe ! S'exclame Catherine.
– Mais je bave.
– Eh bien, emporte un paquet de mouchoirs !
– Et je fais des drôles de bruits.
– Connor pète bien parfois !
Forcément, cette réplique m'arrache un sourire.

– Je suis fière de toi ! Et tu peux l'être aussi ! a soufflé Catherine en levant la main pour que je tape dedans.
Mais je n'ai pas réagi.
– Non, ai-je répondu.
– Mais pourquoi ? Tu les as battus.
Ça m'a prit des lustres mais j'ai tapé :
– Ils pensent que mon cerveau est aussi bousillé que mon corps.

Quand je dors, je rêve. Et dans mes rêves, je peux tout faire.

Il m'a encensée comme si je venais de réussir l'examen d'entrée d'une grande école. Si j'avais pu lever les yeux au ciel, je ne me serais pas gênée.