Citations sur Nuit blanche (45)
Vendredi 14 avril 2017,20h05.
-Cher confrère, merci de m'avoir adressé votre patiente,Mme Andrieu,cinquante -sept ans ,aide -ménagère à Luzech, pour le bilan mensuel de sa cardiomyopathie.L'ėchographie réalisée le jeudi 13 avril 2017 ne met pas en évidence de dilatation des ventricules ni de .... Ah!super!
-Julie,faut que t'arrêtes avec Olivier.On ne sait plus comment te le dire.Tu nous inquiètes ,Je sais que c'est cruel....mais il faut que tu l'acceptes.Je suis désolée. Olivier est mort .Ça va faire quatre mois qu'il s'est suicidé.
La patience finit toujours par payer.
Deux années de calvaire, de stress, de para-noïa, de « tu es sûre que c'est normal, ça?», d'inquiétudes et d'angoisses. Et entre tous ces tracas, de rares instants d'extase inoubliables.
Julie repose le document. Stop ! Suffit les conneries. Comment un patient cloué à son lit, inconscient, peut-il attraper la malaria ? Elle est sceptique à l’idée qu’une famille de moustiques anophèles ait pris un vol long-courrier pour poser leurs valises dans le Lot-et-Garonne. Et comme le patient n’a pas pu se déplacer dans un pays endémique, Julie mordille le bout de son stylo, complètement perdue. Comment est-ce possible ?Contrariée, elle reprend sa lecture.
Il vit en marge. Ses études, ses recherches, ses expériences monopolisent tout son temps, toute sa concentration. Il n'a aucun loisir. Ce qu'il a vu à dix ans est devenu une obsession, une addiction, une doctrine religieuse, un dogme. Une maladie. Il ne pense à rien d'autre, et rien d'autre ne l'intéresse.
Chloé n'a jamais hurlé sur personne-excepté sur ses chats quand ils font leurs griffes sur le canapé-et elle perd aussitôt ses moyens quand elle est spectatrice d'un conflit entre les autres filles du service .Elle ne sait jamais où se mettre,quoi dire ,qui soutenir,alors elle baisse la tête et attend que la querelle passe.Elle n'ose pas donner son point de vue,convaincue qu'il n'interessera personne,qu'il est dérisoire et qu'il sera tourné en ridicule par un collègue malveillant.
Et je me rends à l'évidence : pour cette première séance, ce n'est pas moi qui ai analysé le comportement d'Archibald Tourmenteur, mais c'est lui qui a analysé le mien.
Julie souffle pour se donner du courage . L’odeur des lieux est infecte. Elle pointe la lumière de son smartphone vers la poignée. Jambes écartées, le bassin en arrière , elle pousse la porte. Le halo de la lampe tactile se dirige vers une vision épouvantable.
Si je devais résumer en une phrase, je dirais que si le Mal existe, Archibald Tourmenteur en est l’incarnation.
Julie repose le document, incrédule.
Dans quelle dimension est-elle passée ? Qu’est-ce que c’est que ce courrier ? On nage en plein délire ! Une histoire romanesque digne d’un mauvais polar de série B. À croire que ce psy, René Moutrut, s’est véritablement exercé à écrire la biographie d’Archibald Tourmenteur, pour le plus grand bonheur des amateurs de thrillers à suspense.