Cette passion scolaire française est une force: elle prouve combien nous croyons dans l'école. Mais elle est aussi une faiblesse, car l'image que nous avons de l'école est si haute et ce que nous en attendons est si ambitieux que tout changement est perçu comme un menace.
Il faut changer d'école parce que trop d'élèves y échouent, y apprennent mal ou peu, parce que l'école est trop inégalitaire et parce que son projet éducatif lui-même semble parfois s'effacer devant la rigueur des mécanismes de la machine à sélectionner et à décourager les élèves et de l'angoisse qu'elle inspire à beaucoup.
En France tout se passe comme si on avait eu l'ambition de transformer radicalement l'école par la massification sans jamais rien changer à un métier d'enseignant fixé dans une sorte de perfection immuable.
L'école républicaine a été construite comme un sanctuaire tenant son autorité des valeurs auxquelles était identifiée l'institution. Quand la force de ces valeurs décline, l'école se ferme sur elle-même et la confiance s'épuise: les individus ont moins confiance dans l'école et l'école se méfie de la société qui serait pour elle toujours une menace. Sans cesser d'être républicaine, l'école doit devenir démocratique; pour reconstruire un lien de confiance avec les élèves, leurs parents et les acteurs sociaux, elle doit apprendre à les écouter et à leur parler, à les mobiliser et à leur donner des droits.
Il faut changer de modèle scolaire... car trop d'élèves y échouent, y apprennent mal ou peu, parce que l'école est trop inégalitaire et parce que son projet éducatif lui-même semble s'effacer devant la rigueur des mécanismes de la machine à sélectionner et à décourager les élèves et de l'angoisse qu'elle inspire à beaucoup.
Si un certain nombre des changements amorcés dans la période récente vont dans le bon sens, nous restons convaincus qu'un peu d'imagination sociologique ne peut pas nuire à la fois pour analyser les leviers de transformation et les résistances et pour développer les arguments susceptibles d'emporter l'adhésion des enseignants, des élèves et de leurs parents, de tous les citoyens sans lesquels toute réforme restera lettre morte.