Entre le bien et le mal, l'archange et le daymon, la légende découvre un être. Cet être, c'est la Fée.
Entre l'Eden et les Enfers, la légende rêve d'un monde. Ce monde est peuplé par les Fées.
Entre la lumière et les ténèbres, la légende créé un crépuscule. Ce crépuscule devient la Féerie...
On n'entre pas en Féerie en sautant la clôture. On n'y accède que par aventure, épreuve, enchantement, enfaytement, par amour.
Dame Holle
Superbe lorsqu'elle mène sa course de déesse. Le profil est droit, cristallin, le regard comme un velours sombre faufilé de traversée de nuits, la peau baignée des feux lunaires, une chevelure de comète.
Les contes de fée construisent sa demeure dans une collineuse campagne de nuages. C'est une paisible et proprette chaumine entourée d'un jardin soigneusement entretenu. Un seau sur la margelle d'un puits attend d'être rempli. Une lessive attend qu'on la blanchisse, et des édredons et couettes de plumes attendent aux fenêtres d'être battus.
Se nourrit de la Voie Lactée ou de bouillon de légumes.
Une à une, aile par aile, en vols fragmentés, émergent de la nuit miniature que le matin dissipe les sujettes fluidiformes d'une population libellunaire toute engourdie de bâillements, de replis enliseronnés qu'un ébrouement défripe. Une apprentie, reconnaissable au bonnet nigricorne, pleurniche de ne plus retrouver ses paniers contenant les fioles d'extrait d'alisier. Derrière la traîne royale la foule lactéipenne secoue ses antennules, s'assouplit la jambe phylloïde, égrène ses gammes flûtées ; bavarde, se bouscule, compare ses finesse d'épiderme, ses élégances d'élytres, s'ajuste l'ombrelle, se chamaille pour deux sous de grelots et finit enfin par répondre aux ordres en s'alignant sur un rang fantaisiste. Une douairière planirostre embouche son olifant et sonne le départ...
Lorsqu'à la mi-mars la Dryade, assotée par les humeurs de la sève montante, appelée au-dehors par les cors-calices dans lesquels soufflent les hérauts du Petit Peuple, se détache de l'écorce et va rejoindre le premier essaim sylphique, l'Hamadryade ne quitte ni la cellule dense du cambium, ni le liber où circulent l'âme sylvestre, les nerfs et le sang vert. Animée par un élan profond, elle prend appui sur ses racines, aspire de ses mille radicelles le mille vies de l'humus renaissant et s'étire, tout le long du tronc jusqu'aux plus fines ramilles, refluant toute sa moelle amoureuse dont le surplus écarte les bourgeons... et illumine son houppier encore ensommeillé d'une tendre aura amoureuse.
On dit que la Maja fait le bien pendant que la Meiga fait l'amour. Mais elles sont capables de bien d'autres choses...