Le chasseur sauvage part à la chasse... et sa chasse est odieuse. Il ne chasse ni damnés ni mal-morts, ni revenants mauvais et proies du Diable à jeter en enfer ; son gibier est ceux du royaume enchanté des bois et des prés. Il traque la nymphe, la naïade, la verdelette, la vendoiselle, la fée, l'elfe, le nuton, le sotre, le houzier, le lutin des chanterelles, la licorne, la blanche biche, celles et ceux qui font la forêt belle, la flore parfumée, qui déposent au cœur des choses une âme.
"Les contes sont des peurs d'enfant qui s'accomplissent", que l'imaginaire réinvente et met en scène.
J'ai promis... et ils m'attendent en bas, tous ces revenants impatients de renaître, l'espace d'une évocation, d'une histoire, d'un simple nom, à la matière des choses et des êtres vivants.
En un mot, c'est de la cave que j'ai peur.
Cela remonte, ou plutôt cela redescend à l’enfance : profondément. « Les contes sont des peurs d’enfant qui s’accomplissent », que l’imaginaire réinvente et met en scène ».
« Descendre à la cave, c’est déjà s’enterrer, pénétrer dans le monde du bas, le royaume des morts et des revenants…
Le monde de l’au-delà, des fées, des fantômes, des elfes, des revenants, des démons n’a d’autres règles que de ne point en avoir, ou alors pour la littérature, pour rêver, pour agrandir l’espace.
Le revenant de la Motte.
Il habite un terrier mystérieux dans les bois communaux de la Motte, sur les terres de La Hardoye. Tantôt il joue de la flûte, lorsque son cœur le mène à charmer celui des nymphes, les légères et folles suivantes de la sauvage Arduina, la souveraine des lieux. D’autres fois il joue du cor, quand l’automne transforme les vallées en vagues d’or.
On raconte qu’à chaque sabbat, il dirige l’orchestre du Grand Bouc que l’on entend surtout dans la nuit du vendredi au samedi. Vers minuit, tous, faunes sylvestres et bonnes gens des environs sortent de chez eux, des bauges, des terriers, des maisons pour écouter cet émouvant concert que le chœur des arbres, des roches et des herbes accompagne.
Bien que personne n’ait jamais osé s’approcher de sa tanière, la mémoire le décrit grand, très grand, entièrement caché sous un vaste capuchon sombre.