Jessica Blandy, tome 7 : Répondez, mourant...

Ressers-toi plutôt un bon morceau de pizza. Làà… Tu y repiques aux oignons, cuits dans l'huile ou la friture ? Et le gras du jambon, les olives trop cuites, les petits coquillages laiteux ? Et l'alcool qui vous brûle l'estomac et vous flanque la coulante ?

Le piège est un peu gros, mais c'est tentant tout de même, cette lame qui brille entre les pages du bouquin. Seulement si je pose la main sur la lame, le cobra frappera. Il n'attend que ça d'ailleurs. La lame à côté du cobra, c'est bien joué. Il y a quelques temps encore, je m'y serais laissé prendre.

La splendeur tombe sur les murs crénelés et les antiques cimes neigeuses. La nuit longue a frémi en travers des lacs et la folle cascade bondit dans la gloire. Sonne, clairon, sonne, libère les sauvages échos. Clairon, sonne, échos, répondez, mourant, mourant, mourant. - Alfred lord Tennyson

Les blondes aux grands yeux bleus m'ennuient. Je préfère les petites boulottes avec du poil noir au-dessus de la lèvre supérieure.

- C'est clair comme de l'eau de roche.
- Ouais ! Sauf que je me méfie de l'eau, ce n'est pas une boisson pour gens honnêtes.

Scène de la vie quotidienne, je prends le tramway comme tous les autres. J'ai payé mon ticket. Je me déplace dans la ville sans laisser de trace. En passant devant le Westin St Francis, le soleil vient frapper la chevelure de la femme qui se tient devant moi, sur le marchepied. Jusqu'à présent, elle n'a pas daigné me regarder. J'aime ce genre de femme, sure d'elle, dédaigneuse, propre, nette… Mais j'ai beau la fixer, elle ne détourne même pas la tête. il faut qu'elle comprenne cependant que je la désire, que je veux l'emmener à l'hôtel, que tout ce que je lui demande pendant que je la baise, c'est qu'elle reste ainsi, dédaigneuse, propre, nette. J'ai attendu le moment propice, sans me presser, sans m'énerver. Personne ne faisait attention à nous. J'ai lentement avancé une main, et je l'ai poussée. Il y a eu un grand choc, le bruit d'un corps déchiré, traîné sur plusieurs mètres.

Jalaga !

Lisez attentivement ce rapport. Il insiste sur le déséquilibre grave qui affecte Blandy depuis son retour du Mexique. Il semble que son séjour dans ce pays ne se soit pas bien passé pour elle.

Je hais tout ce mouvement qui me fatigue, qui me fatigue tant.

Je n'y avais pas prêté grande attention, bien que le fait, en lui-même, et en temps normaux, m'aurait plutôt contrarié. Mais je ne vivais plus en des temps normaux.