Je me suis senti incroyablement soulagé que mon père ne voie pas le jour et ses fausses promesses.
L'homme aspire à la liberté mais si l'on veut être honnête, il se caractérise plus par sa capacité à se soumettre qu'à se révolter.
"Monsieur le duc, vous devriez méditer cet adage : ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'on doit nécessairement le faire savoir." Adage dont bien des politiciens et des médias devraient s’inspirer.
L'aventure cinématographique se distingue de la démarche littéraire, solitaire, qui fait s’éloigner des autres pour mieux s'en approcher dans l'écriture.
Je crée beaucoup de fictions, romans, scénarios de film, de séries, dans un élan qui ressemble à une fuite du réel, comme s'il fallait le configurer à ma façon pour me le rendre supportable.
"Le confort est une aspiration légitime, alors que la grande richesse s'appuie forcément sur le vol."......... La richesse agit sur leur esprit débile, celui d'un enfant qui accumule tellement de jouets dans sa chambre qu'il ne lui reste plus de place pour les utiliser. Elle est là cette avidité criminelle qui pousse notre civilisation au bord de l'abîme, et certains continuent à admirer ces têtes couronnées, sans voir qu'ils portent, à cause d'eux, leur propre couronne d'épines."
........."L'homme ne s'empêche pas, il interpelle les femmes, les invective, les suit, les harcèle, les frappe, les viole, les tue. Mais de tout cela, il n'est pas responsable, la provocation vient de la femme, il n'y a qu'à voir comment elles s'habillent. D'où l'idée de les voiler afin qu'elles n'attisent pas le désir. Cette chansonnette qui résonne comme l'hymne international de la phallocratie, on l'entend depuis des siècles et pour des siècles, si on en croit le regain d'intérêt pour le traitement de la femme dans l'islam."
Le film porte aussi sur la naissance d'un roi qui n'est pas le plus grand que l'histoire de France ait connu. Un roi mélancolique, hésitant sur sa sexualité jusqu'à l'âge adulte où il la vit comme une obsession, multipliant conquêtes et maîtresses, hésitant sur ses attachements. Un roi touchant par son extrême solitude, lui qui occupe une fonction qui n'en permet aucune.
Comment la monarchie a-t-elle pu exploiter, ruiner à ce point le peuple travailleur, et parvenir à une oisiveté si médiocre, un tel ennui, dans lesquels elle se maintenait de droit divin ? La question est contemporaine, c'est celle qui concerne cette frange avide de notre société qui pratique la richesse comme une névrose compulsive.
Il n'y a pas longtemps, j'ai croisé dans mon village en Dordogne un couple d'Américains sans enfants qui venait d'acquérir un vaste château pour y loger un millier de chats qu'ils avaient fait venir de New York par avion spécialement affrété. La vacuité de ce couple sans âge à la peau tirée m'a immédiatement fait penser aux personnages du film, à cette aristocratie finissante dévastée par la consanguinité et la variole.
Depuis quelques années, le tournant de l'individualisme à tout crin, véritable marché organisé, donne un sentiment de liberté individuelle inégalé dans l'histoire de l'humanité. Et pourtant notre dépendance aux autres n'a jamais été aussi forte derrière le paravent de nos égoïsmes. Avec l'avènement de la révolution numérique, les forces du conditionnement dépassent en puissance tous ce que les idéologies totalitaires ont essayé d'imposer de manière autoritaire. Précipité dans l'impatience, dans l'impulsion, dans la sollicitation impérative, le producteur-consommateur se prépare à quitter définitivement le champ de la conscience critique pour s'enfoncer dans l'univers réconfortant de la satisfaction immédiate de tout désir et de la fin programmée de la peur.
La littérature échoue quand elle est obsédée par la narration de « petites histoires personnelles », comme disait Deleuze, de petites histoires sans perspective universelle.
Un personnage ne vaut que ce qu'il doit à l'humanité tout entière.