AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jeandubus


Le chevalier de Maison Rouge.

Curieux de lire l'essai de Pierre Bayard « aurais-je sauvé Geneviève Dixmer », je me suis procuré l'édition Folio du chevalier de Maison Rouge, édition de Sylvie Thorel-Cailleteau pompeusement précédée d'une préface de plus de trente page et lourdement lestée en fin de volume de plus de quatre-vingts pages de notes (dont certaines occupent une page entière police2 - prévoir un marque page -) et addenda divers (cartes illisibles, plans abscons, sans compter l'inénarrable biographie d'Alexandre Dumas en six pages indigestes et consternantes de prétention).

Est-ce à dire que cette dose massive de culture universitaire est l'outil indispensable pour comprendre l'oeuvre proposée ou, pire encore peut être, pour donner à l'oeuvre une dimension que le lecteur ne trouverait pas tout au long des cinq cents pages de ce récit, disons le ennuyeux (*), et haché en courts chapitres, écrits « rapidement à deux mains » comme le dit Pierre Bayard (cf. « aurais-je sauvé Geneviève Dixmer »), désinvolte pour tout dire.

Qu'en est-il donc de ce chevalier. Nous en saurons (*) peu sur son compte puisqu'il apparait assez rarement dans le récit sous plusieurs apparences et sous plusieurs noms. Que fait-il ? Il complote pour sauver la reine Marie Antoinette enfermée à la prison du Temple puis à la conciergerie et organiser sa fuite à l'aide de divers stratagèmes. Et pourquoi donc ? Parce qu'il l'aime fiévreusement.
Contentons-nous (*) de ça, il n'y aura pas d'autre explication.

Suspens !!! Va-t-il réussir ? L'Histoire est catégorique : Marie Antoinette a été guillotinée le 16 octobre 1793. Point barre.

Avec ses notes, ses corrections de maîtresse d'école et ses commentaires fielleux sur l'associé et soit disant nègre, Auguste Maquet, d'Alexandre Dumas (avec qui il co-signe pourtant plusieurs oeuvres dont l'adaptation pour le théâtre du chevalier de Maison Rouge) Sylvie Thorel-Cailleteau nous fait passer tout cela pour un récit historique qu'elle exploite indument pour souligner « courageusement » les approximations et les inexactitudes.

Et alors ? La reine eût-elle d'ailleurs eu pour autant la tête tranchée à moitié et gardé le sourire sans Dumas ? L'historienne érudite et qui nous tient la jambe tout au long du bouquin en nous obligeant à une gesticulation entre texte « original » et notes pour la plupart du temps inutiles (puisqu'on s'en fiche bien que Machin était en fait Truc basé à Bordeaux à l'époque des faits…), cherche à l'évidence à justifier sa fonction et son savoir encyclopédique pour supposer une telle éventualité 50 ans après l'exécution. C'est absurde et masturbatoire.

Dumas, lui, sans doute conscient qu'il ne va pas faire un tabac avec une histoire dont tout le monde connait la fin, introduit deux personnages particulièrement niais : Maurice Lindey et Geneviève Dixmer dont il tombe amoureux en pleine nuit à Paris lorsqu'il entraperçoit son magnifique visage (sous une capuche sans lumière) alors qu'elle s'est fait arrêter par une patrouille sans laisser passer. Aucune crédibilité dans cette rencontre nocturne dont on ne sait pas autre chose que la rencontre elle-même. (D'où vient Geneviève finalement ?)

Le beau lieutenant, fidèle républicain, s'obsède et retrouve la jolie comploteuse. Pour elle il trahira ses idées, pour lui elle trahira son mari. Pas d'héroïsme dans ces postures qui mettent mal à l'aise à l'image de Lorin, le meilleurs ami de Maurice, qui cherche à convaincre les deux tourtereaux qu'ils se plantent sur toute la ligne et qu'il vont finir par « éternuer dans le sac », expression courante pendant la « terreur ».
C'est inéluctable et tout le monde monte dans la charrette, comme prévu.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'avec ce style nonchalant et sans aucun panache (Ah ! les mousquetaires…), Alexandre Dumas ne nous propose pas un chef d'oeuvre, loin de là. Tout juste un prétexte pour rembourser ses dettes.

Quant à l'édition lourdingue de Sylvie Thorel-Cailleteau, on est à la limite de l'imposture.




*A.D. adore parler à la première personne du pluriel (celle des rois) surtout lorsqu'il s'aperçoit qu'il a perdu le fil de son histoire et qu'il faut bien revenir un peu en arrière là où il a planté ses personnages.
Commenter  J’apprécie          101



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}