Mais Dantès se rappela les termes du testament, qu' il savait par coeur : Dans
l' angle le plus éloigné de la seconde ouverture, disait le testament .
Les coeurs les plus corrompus ne peuvent croire au mal qu'en le faisant reposer sur un intérêt quelconque : le mal inutile et sans cause répugne comme une anomalie.
Quant à Monte-Cristo, le front penché, les bras inertes, écrasé sous le poids de vingt-quatre ans de souvenirs, il ne songeait ni à Albert, ni à Beauchamp, ni à Château-Renaud, ni à personne de ceux qui se trouvaient là : il songeait à cette courageuse femme qui était venue lui demander la vie de son fils, à qui il avait offert la sienne et qui venait de la sauver par l’aveu terrible d’un secret de famille, capable de tuer à jamais chez ce jeune homme le sentiment de la piété filiale.
P.1117
Eh, mon Dieu ! dit Beauchamp, qu’est-ce que la vie ? Une halte dans l’antichambre de la mort.
- Monsieur le comte, dit Danglars, tous les jours il arrive des choses qui font que les réflexions que l'on croyait faites sont à refaire. p.307
(...)il n'y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d'un état à un autre, voilà tout. Celui-là seul qui a éprouvé l'extrême infortune est apte à ressentir l'extrême félicité. Il faut avoir voulu mourir, Maximilien, pour savoir combien il est bon de vivre.
Cette vue rassura Edmond .
Mademoiselle, reprit Morel avec un sourire amer (...)Je pense que je vous connais depuis un an, que j'ai mis, du jour où je vous ai connue, toutes mes chances de bonheur sur votre amour; qu'un jour est venu où vous m'avez dit que vous m'aimiez; que de ce jour j'ai mis toutes mes chances d'avenir sur votre possession : c'était ma vie.
Je ne pense plus rien maintenant; je me dis que j'avais cru gagner le ciel et que jai perdu. Cela arrive tous les jours qu'un joueur perd non seulement ce qu'il a, mais encore ce qu'il n'a pas.
La comtesse s'arrêta un moment, comme elle eût besoin de cette halte pour respirer. Oui, dit-elle, et cet amour vous est resté au cœur...On aime bien qu'une fois..Et avez-vous jamais revu cette femme ?
Mercédès : Comment pouvez-vous vivre ainsi, sans rien qui vous attache à la vie?
Le comte : ce n'est pas de ma faute, madame. A Malte, j'ai aimé une jeune fille et j'allais l'épouser, quand la guerre est venue et m'a enlevé loin d'elle comme un tourbillon. J'avais cru qu'elle m'aimait assez pour m'attendre, pour demeurer fidèle même à mon tombeau. Quand je suis revenu, elle était mariée. C'est l'histoire de tout homme qu a passé l'âge de vingt ans. J'avais peut-être le cœur plus faible que les autres, et j'ai souffert plus qu'ils n'eussent fait à ma place, voilà tout.