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Critique de Lamifranz


Le théâtre et Dumas c'est une longue histoire d'amour. D'amour fou. On se souvient que c'est par le théâtre qu'il a acquis la notoriété, auprès de ses amis Hugo et Vigny. Puis, le succès de ses romans historiques venant, il se lance dans ce nouveau créneau, non sans les adapter (ou les faire adapter) pour une représentation sur scène.
En 1851, il est déjà un auteur consacré. Il a déjà écrit ses deux trilogies majeures (« Les Mousquetaires » et « Les Valois »), entamé la quadrilogie des « Mémoires d'un médecin » ainsi que plusieurs autres romans de premier ordre (« le chevalier de Maison-Rouge », « La Tulipe noire », etc.) et la plupart de ces succès ont été adaptés au théâtre.
Reste à écrire le roman du théâtre. « Olympe de Clèves » lui en donne l'occasion.
Nous sommes en 1727. Olympe est une jeune comédienne, belle et talentueuse, et de plus relativement honnête (le mot « relativement » prend tout son sens quand on le replace à la fois dans cette époque et dans ce milieu). Bref, c'est quelqu'un de bien. Econduite par son amant M. de Mailly, elle s'amourache d'un jeune homme, Bannière, un peu écervelé, novice jésuite en rupture de froc (si je puis dire), et les deux jeunes gens s'enfuient vers Lyon. Bannière (qui n'est pas de Bigorre ni de Luchon, mais qui est né à Toulouse) est plutôt instable, tiraillé par sa jalousie (Olympe multiplie les conquêtes) et sa passion du jeu. C'est le début d'un engrenage où nos jeunes gens vont être broyés. Car autour d'eux des intrigants de toutes sortes vont se déchaîner : des rivalités de théâtre, des soupirants éconduits, des courtisans soucieux d'amener dans le lit du jeune roi Louis XV (17 ans, mais déjà de belles dispositions), nos jeunes héros en verront de toutes les couleurs : Bannière, enrôlé chez les jésuites, puis dans un régiment de dragons, échouera dans un cabanon de fous dont sa bien -aimée réussira à l'en sortir. Mais quand le monde entier (qui est plein de gens malveillants et malintentionnés, c'est peu de le dire) se met contre eux, ce n'est pas bon signe pour la fin de l'histoire…
« Olympe de Clèves » est encore un ces romans méconnus d'Alexandre Dumas, écrit avec Auguste Maquet (co-auteur de ses plus grands succès dans cette décennie magique 1842-1852). Il a eu un succès d'estime à l'époque (en roman-feuilleton) mais n'a guère été réimprimé. Il n'est que justice de relire ce beau roman d'amour, de théâtre et de folie, qui nous dépeint un monde peu connu : celui du début du règne de Louis XV (entre, donc, les romans de la Régence – « le chevalier d'Harmenthal », « Une fille du Régent » - et « Joseph Balsamo »), et un monde tout aussi nouveau pour le grand public, celui du théâtre. Un milieu que Dumas connaît bien pour y avoir baigné longtemps – et y baigner encore.
Le vrai Bannière a existé et a plus ou moins vécu les aventures que lui prête Dumas. Olympe, en revanche est une création originale : différente, même des autres héroïnes que l'auteur nous a présentées auparavant : moins pure et virginale que Constance Bonacieux ou Valentine de Villefort, mais moins vénale et malveillante que Milady, c'est un beau portrait de femme que la passion fait vivre (passion pour Bannière, mais aussi passion pour son art, on peut penser à certaines grandes artistes amoureuses de l'époque comme Marie Dorval).
C'est l'occasion aussi pour l'auteur de nous faire un tableau croustillant des moeurs de l'époque (la version feuilleton a dû être censurée maintes fois !) : le libertinage des temps, les connexions troubles entre sexe et pouvoir apparaissent en filigrane et annoncent déjà certains épisodes des « Mémoires d'un médecin ». Pour autant, ça reste très convenable, vous n'aurez pas l'occasion d'avoir de mauvaises pensées…
En revanche, vous n'en n'aurez que de bonnes après avoir lu ce bouquin, qui vous aura donné le plaisir d'une belle découverte (ou re-découverte, mais c'est moins probable).
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