AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pompimpon


Autant le dire d'emblée, je ne suis pas une adepte de Monsieur Alexandre Dumas père.
Voilà, c'est fait.
Le prolifique auteur des Trois Mousquetaires et autres Comte de Monte-Cristo ou Joseph Balsamo, qui m'étaient tous tombés maintes fois des mains au seuil de l'adolescence, n'a jamais trouvé le chemin de mon coeur sauf... sauf avec La Tulipe Noire, ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien !
J'avais été aussi emballée par cette histoire que par le Bossu de Féval et sa botte du Duc de Nevers, qui m'attire encore parfois des regards interrogateurs quand je l'évoque dans une conversation : si cela s'impose, ma coquetterie m'incite à évoquer la "botte du Duc de Nevers" plutôt qu'un "coup de Jarnac", c'est plus joli...

Pour le challenge SOLIDAIRE, la perspective d'avoir de nouveau à mettre le museau dans un de ces romans-fleuves dont Dumas a le secret ne me faisait pas trépigner d'impatience… À quoi s'ajoutait la préoccupation de trouver une intrigue que je ne connaissais pas par coeur, tant les romans de Dumas père sont entrés dans la culture populaire.
Avoir encore à faire un sort au grand Victor et à quelques autres pour remplir la cagnotte m'a fait reculer.

J'ai fini par dénicher Pauline, un des premiers romans de Dumas, avant l'arrivée des écrivains-fantômes, euh, collaborateurs qui lui prêteront main-forte pour la suite de son oeuvre.

La structure est habile à attiser la curiosité : l'auteur retrouve dans une salle d'armes un de ses amis, Alfred de Nerval. Celui-ci a semblé le fuir lors de leurs dernières rencontres, en Suisse et en Italie.
Il était accompagné d'une mystérieuse jeune femme voilée qui paraissait souffrante, qu'il entourait de soins attentifs et inquiets.

Alfred est désormais seul, il emmène l'auteur souper afin de lui raconter son histoire.
Ce faisant, il rapportera également les malheurs de sa compagne de voyage, Pauline de Meulien, épouse infortunée d'un comte Horace de Beuzeval qui cache de sombres secrets.

C'est une narration imbriquée dans une seconde qui cède la parole à une troisième.
Alexandre Dumas relate des faits, puis Alfred et enfin Pauline, personnage central dont on sait d'ores et déjà qu'elle n'est plus.

Il n'est donc pas question d'espérer une issue heureuse pour les protagonistes.
Les amours sont malheureuses ou impossibles, empêchées par eux-mêmes dans un contexte qui les permettraient pourtant.
Pauline est emportée dans un flot de sentiments auxquels elle ne comprend rien et qu'elle vit comme une fatalité, mettant en avant une condition de femme soumise au regard de la société et aux décisions de son entourage.
Ballottée d'un mariage avec un homme inquiétant et dangereux à une situation qui manque lui coûter la vie et à une fuite éperdue avec un autre homme, Pauline reste victime des évènements, passive.
Cette passivité est symbolisée par le mal mystérieux qui l'accable et met Alfred aux cent coups au moindre évanouissement.

Forcément reflet de son époque mais surtout de ce que Dumas en pense, le personnage de Pauline ne m'a pas touchée, et celui d'Alfred m'a un brin agacée.
Que diable, quelle situation alambiquée, et que de complications pour l'embarrasser davantage !
Ils sont empotés, tout de même !
Perdus, certainement…

Mais l'histoire est bien menée, avec ses ingrédients gothiques, ruines dans l'orage, bruits inquiétants, escalier en colimaçon s'enfonçant dans l'obscurité, "caveau où nul n'est descendu depuis vingt ans, et dans lequel, d'ici à vingt ans peut-être, nul ne descendra encore", brigands, oui oui, avec pistolets, rires cyniques et cruauté…

Les évènements ne manquent pas de suspens, on ne cesse de se demander comment tout ce petit monde a pu en arriver là.

Certains passages sont particulièrement évocateurs, chaque élément bien en place pour nous faire frémir, dans le vaste château ou dans les ruines de l'abbaye, au cours de fuites éperdues, quand ce n'est pas en pleine mer dans la tempête.

Donc, malgré ses personnages un-peu-trop, un-peu-trop-peu pour moi, c'est tout de même une lecture sans temps mort, un roman plaisant, qui se lit vite. Pas de quoi me réconcilier avec Alexandre le grand (père), mais sans regret pour le moment passé avec ses héros malheureux et lui.
Commenter  J’apprécie          2310



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}