Grégoire de Tours apprit certainement la mort de Gontran, mais il lui manqua probablement le temps, ou la volonté, de consigner l'épisode dans ses histoires. Le chroniqueur s'éteignit en effet peu après, sans doute le 17 Novembre 594. Vingt ans d'épiscopat occupés à construire des églises, à nourrir les pauvres et à médire sur le compte de ses contemporains avaient eu raison de sa résistance.
Pendant les siècles de paix et de prospérité, cette "romanité" eut tout le temps de pénétrer en profondeur les provinces d'Occident. Car les élites de Gaule, d'Espagne ou de Grande-Bretagne eurent tôt fait de comprendre qu'il fallait s'intégrer à l'Empire pour sauvegarder leur statut social. Pour accéder aux belles carrières de fonctionnaires, les notables indigènes envoyèrent leurs enfants à l'école du rhéteur romain.
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La rencontre entre la petite princesse wisigothe et le dernier grand général romain n'est probablement qu'un fantasme romanesque, que le lecteur voudra bien nous pardonner. Que Brunehaut ait réellement aperçu Liberius importe peu. Il suffit d'en évoquer la possibilité pour remarquer les curieuses distorsions de la trame temporelle.
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L'Europe où naquit Brunehaut constituait ainsi un espace où les influences romaines et germaniques s'interpénétraient et commençaient à se fondre, mais où les rois "barbares" étaient plus les héritiers de l'Empire que des obscures tribus de Germanie. Il s'agit toutefois de s'accorder sur le contenu de ce legs de Rome à l'Occident.
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L'Empire romain du IVè siècle connut un bouleversement d'une tout autre nature lorsque le christianisme se trouva admis au rang de culte légal en 313, puis obtint le statut de religion d'État dans les décennies qui suivirent. l'Église devint pour près de deux siècles partie intégrante de l'Empire et elle transmettrait au haut Moyen Âge quelques traits importants de la romanité.
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