Challenge Non-Fiction 2024
Challenge ABC 2023-2024 (lettre D)
J'ai connu ce livre d'Histoire par Histony (
Antoine Resche), vulgarisateur d'Histoire et Historien. Ce qui caractérise ce baptême, c'est qu'on n'en sait presque rien : lieu, date, personnes présentes… Des éléments fondateurs, tels le Saint Esprit ou l'incitation à être baptisé par Clotilde, ne sont arrivés qu'a posteriori : d'ailleurs, on connaît le baptême par la lettre d'Avit de Vienne, un contemporain qui n'était… pas présent au baptême (et qui écrivait en un latin très stylisé et peu compréhensible). Puis par
Grégoire de Tours, qui l'a rédigé… un siècle après. Qu'en tirer historiquement ? Beaucoup. Car l'aspect de l'enquête, les hypothèses plus ou moins probables par rapport à la connaissance académique de l'époque, les différents indices, le travail et la méthode historiques en somme, rendent ce livre d'un « bon niveau », exigent : il s'adresse à un « public cultivé » (comme tous les livres de cette collection). Tout m'a plu, même si à certains moments il faut « s'accrocher », cette multitude de peuples et de courants de l'Eglise nécessitant une lecture un peu lente. Cela dit, deux passages ont retenu mon attention.
Le tombeau de Childéric, père de Clovis, recèle un véritable trésor, et ses éléments (abeilles d'or, chevaux…) ont suscité diverses interprétations (ex. le sacrifice des chevaux serait un rituel germanique, mais normalement il ne concerne qu'un seul cheval). J'ai aussi apprécié, plus loin dans l'ouvrage, la description de l'oeuvre de Grégoire de Tours (qui a été amputée pour des raisons éditoriales, c'est un hasard si le baptême nous est parvenu).
Partant de l'évènement, le livre, qui donne beaucoup d'informations de contexte, s'attache à décrire les Francs, puis l'Eglise et ses débats théologico-politiques (ex. le Fils est il divin ou seulement créature ? Et la personne du Saint Esprit ?). S'ensuit le récit des guerres menées par Clovis (c'était un Roi guerrier), puis sa mémoire après sa mort, jusqu'à nos jours. Histoire et historiographie pour cette mémoire qui symbolise « l'aube de la France », son baptême… dans l'esprit de certains. D'ailleurs le choix dans la date (496) est déjà politique.
Si le flou ne doit pas empêcher l'enquête, au contraire, c'est un jeu, il doit néanmoins nous mettre en garde contre les récits péremptoires et les conclusions hâtives.
D'un point de vue davantage centré sur le bouquin, c'est une lecture exigeante mais écrite avec une légère pointe d'ironie qui m'a fait sourire. Et en bonus, florilège des noms pas possibles des personnages de l'époque : Aimoin, Mallobaude, Ultrogothe, Roricon, Ragnacaire, Frédégaire, et ma grande favorite, Gerberge. C'est anecdotique mais Gerberge, quoi.