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Citations sur Le voile noir (42)

Faites pleurer les enfants

« On rêve toujours que ce que l’on écrit puisse être utile à quelqu’un , ne serait-ce qu’à une seule personne, que ce que l’on a sorti de soi avec peine ne reste pas un monologue stérile, sinon autant vaudrait prendre ces pages et les enfermer tout de suite dans un tiroir.
Alors, à tout hasard…
Si vous voyez devant vous un enfant frappé par un deuil se refermer violemment sur lui-même, refuser la mort, nier son chagrin, faites-le pleurer. En lui parlant, en lui montrant ce qu’il a perdu, même si cela paraît cruel, même s’il s’en défend aussi brutalement que je l’ai fait, même s’il doit vous détester pour cela mais ce que je dis là est impossible à faire…[…] Une personne aimante a envie d’épargner. Et pourtant…Pourtant, percez sa résistance, videz-le de son chagrin pour que ne se forme pas tout au fond de lui un abcès de douleur qui lui remontera à la gorge plus tard.
Le chagrin cadenassé ne s’assèche pas de lui-même, il grandit, s’envenime, il se nourrit de silence, en silence il empoisonne sans qu’on le sache.
Faites pleurer les enfants qui veulent ignorer qu’ils souffrent, c’est le plus charitable service à leur rendre. »
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De cette époque, je garde une recette que je n'ai jamais oubliée. Pour ma sœur et moi, il reste LE gâteau, la gâteau de mémé, le gâteau de notre enfance. [...] Je continue de le fabriquer pour les Noëls et anniversaires, une manière de célébrer un vestige, de perpétuer l'unique tradition familiale.
Une fois la fête passée, nous avons tout le loisir, ma sœur et moi, de déguster ce gâteau fabuleux au petit déjeuner, puis à tous les repas, puis au goûter, et ceci pendant plusieurs jours en mémoire de notre grand-mère, car sa teneur en calories défiant tous les records le rend indigeste pour d'autres estomacs que les nôtres... Voici de quoi se compose la chose:
Une purée de châtaignes mélangée de chocolat noir fondu, liés par une crème au beurre et de sucre à poids égal, puis de la poudre d'amande parfumée au kirsch. Le tout, décoré de cerneaux de noix, est mis au réfrigérateur une nuit (c'est le beurre qui fait prendre corps au bloc) et finalement nappé d'une crème anglaise (douze jaunes d’œufs pour un litre de lait environ). Tout y est. C'est magnifique. Aucun être humain normal ne peut en ingurgiter plus de trois cuillères, nous, on vide un compotier sans problème. La nostalgie de l'enfance aurait-elle une influence sur les sucs gastriques ?
Ce gâteau, c'est tout le portrait de ma grand-mère, délicieux et lourd, rassurant à souhait et relativement dangereux pour les constitutions fragiles - gare au KO hépatique.
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Si vous voyez devant vous un enfant frappé par un deuil se refermer violemment sur lui-même, refuser la mort, nier son chagrin, faites-le pleurer. En lui parlant, en lui montrant ce qu'il a perdu, même si cela paraît cruel...
Une personne aimante a envie d'épargner. Et pourtant.
Pourtant, percez sa résistance, videz-le de son chagrin pour que ne se forme pas tout au fond de lui un abcès de douleur qui lui remontera à la gorge plus tard.
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La nostalgie est noire et blanche.
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"Il n'est nulle douleur que le temps n'apaise."

Auteur inconnu et
très certainement mort.
Dommage. J'aurais aimé
lui demander :
combien de temps ?
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Mon hurlement de détresse il était resté là-bas, dans cette maison, devant leurs deux corps étendus, il avait été étouffé, avorté par la précipitation des mains qui m'avaient arrachée à eux pour m'emmener ailleurs.
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Les maillots qui grattent

Oh ! Une réminiscence ! Un vague, très vague souvenir d'une sensation d'enfance : les maillots tricotés main qui grattent partout lorsqu'ils sont mouillés... Ce n'est pas le plus agréable des souvenirs mais qu'importe, c'en est au moins un.
Et je suis frappée de constater encore une fois, en regardant sur ces photos les vêtements que nous portons ma mère et moi, que tout, absolument tout, à part nos chaussures et les chapeaux de paille, était fait à la maison. Jusqu'aux maillots de bain.
Que d'attention, que d'heures de travail pour me vêtir ainsi de la tête aux pieds. Que d'amour dans les mains qui prenaient mes mesures, tricotaient sans relâche. Est-ce pour me consoler d'avoir perdu tout cela, pour me rassurer que je passai des années à fabriquer mes propres vêtements, plus tard ?

Et puis qu'importe ces histoires de vêtements, de maniaquerie couturière, et qu'importe cette si vague réminiscence des maillots qui grattent, si fugitive que déjà je doute de l'avoir retrouvée un instant... Ce qui me fascine sur cette photo, m'émeut aux larmes, c'est la main de mon père sur ma jambe. La manière si tendre dont elle entoure mon genou, légère mais prête à parer toute chute, et ma petite main à moi abandonnée sur son cou. Ces deux mains, l'une qui soutient et l'autre qui se repose sur lui.
Après la photo il a dû resserrer son étreinte, m'amener à plier les genoux, j'ai dû me laisser aller contre lui, confiante, et il a dû me faire descendre du bateau en disant "hop là !", comme le font tous les pères en emportant leur enfant dans leurs bras pour sauter un obstacle.
Nous avons dû gaiement rejoindre ma mère qui rangeait l'appareil photo et marcher tous les trois sur la plage. J'ai dû vivre cela, oui...
La photo me dit qu'il faisait beau, qu'il y avait du vent dans mes cheveux, que la lumière de la côte normande devait être magnifique ce jour-là.
Et entre mes deux parents à moi, si naturellement et si complètement à moi pour quelque temps encore, j'ai dû me plaindre des coquillages qui piquent les pieds, comme le font tous les enfants ignorants de leurs richesses.
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Le chagrin cadenassé ne s'assèche pas de lui-même, il grandit, s'envenime, il se nourrit de silence, en silence il empoisonne sans qu'on le sache.
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Je crois que l'épanchement solitaire, écrit ou non, est à peu près stérile et sert avant tout à se soulager ou, pire, à entretenir de vieilles douleurs, voire à les envenimer. On tourne en rond, on se ment, on s'arrange si bien avec soi-même..
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Je crois qu’il y a des morts qui commotionnent une famille entière, les morts brutales d’êtres jeunes et heureux fauchés en plein élan de vie. De celles-là on ne se remet pas, on ne les accepte pas, donc on se garde de les évoquer. Trop sensible… Non pas qu’il soit des morts plus justes que d’autres, mais celles d’hommes ou de femmes qui ont vécu tous leurs âges, ou qui souffrent, ne laissent pas ce sentiment d’inachevé, de révoltante rupture, d’injuste caprice du sort.
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