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Critique de BazaR


Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ces auteurs à vouloir faire de la jolie phrase ?

Après Laurent Gaudé et son Pour Seul Cortège, c'est encore une autrice en fait habituée du plateau de la Grande Librairie et écrivant du roman historique que je lis. Et à nouveau, le style prime le fond. Je vais finir par y voir une corrélation (bon ok, deux points c'est un peu léger pour les stats…).
Je continue à être surpris par cette approche très littéraire de l'Histoire. Aucune femme, aucun homme normalement constitué ne parle comme ça, ne pense comme ça. On est dans de l'artistique, de la magnification de la pensée et de l'émotion par les mots. Au point que ça étouffe presque le sujet que cela veut magnifier.

Pour autant, est-ce que c'est mauvais ?
Ben non. Ça pète en fait.

Clara Dupont-Monod entreprend de faire conter par les acteurs même la première partie de la vie d'Aliénor d'Aquitaine : celle qui la lie au roi de France Louis VII. Sur les trois-quarts du livre, deux voix. Première voix : celle d'Aliénor, fière, dominante, orgueilleuse, méprisante, vivante, conflictuelle, guerrière. Pas de compassion. Pas de compromission. Elle est Reine. Elle se doit d'écraser ceux qui essaie de s'élever à ses dépends. Ses manières du Sud qui plaisent si peu au Nord, elle les crache aux visages avec dédain. Une femme ultra forte. Mais qui n'a pas attiré ma sympathie.
Deuxième voix : Louis. Roi de fait mais si timide, si diplomate, si pieux, si fade aux yeux de sa belle, et pour son malheur, si amoureux de sa belle, si prêt à tout pour lui plaire, jusqu'à renier son essence même. Mais malgré ses efforts, c'est à peine s'il dépasse le niveau du mépris dans les yeux d'Aliénor. Et l'amour fou doublé du sentiment de culpabilité à cause du renoncement à tous ses idéaux transforment l'amour en haine.

Le dernier quart donne la parole à Raymond de Poitiers, souverain d'Antioche, alors que le roi de France et sa reine ont pris la croix pour contenir l'avancée des Turcs. Et l'on découvre un homme de l'ouest qui s'est adapté à son environnement oriental et qui ne peut dévier les stupides choix tactiques de Louis car il est l'oncle d'Aliénor, et comme tel forcément un de ceux qui le méprisent. Et l'on voit avec lui venir le désastre, la victoire implacable de Nour ed-Din et le retour en France la queue entre les jambes.

Mépris et haine. Il n'y a plus que cela. Aliénor en a assez de ce pantin. Il lui faut un homme qui puisse lui tenir tête.
Et vient Henri Plantagenêt.

Il faut bien l'avouer, les personnalités contrastées d'Aliénor et de Louis éclatent à travers l'afflux de mots de Clara Dupont-Monod. On les ressent dans sa chair. Sur ce point, la réussite est totale. Sur la réalité des faits, l'autrice avoue elle-même dans la postface qu'elle a rempli les blancs laissés par les documents historiques, là où l'imagination a les coudées franches. C'est ce qu'on attend d'elle.
Et sur l'Histoire… eh bien ce roman m'a franchement donné envie d'en lire plus sur ce personnage épatant avec qui j'ai peu d'atomes crochus. Peut-être vais-je tenter le livre de Régine Pernoud.
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