Le vibreur de son portable annonçant l’arrivée d’un nouveau message le tire de sa torpeur : kestufou tu repon plu o tel ? tarive a bosé ? moi sa me soul jiré bien a la plage. Jibé a désactivé le correcteur d’orthographe et la saisie intuitive de son téléphone, il prétend que ça ralentit l’écriture. […] Avec l’aide d’un traducteur en ligne, [Eric] répond que son boulot avance bien et qu’il est à jour dans son programme.
La main posée sur la poignée, il sent quelque chose sur son bras.
Il ne serait pas surpris si c’était la foudre qui le frappait, il
trouverait cela mérité. Mais c’est la main de la fille.
– Peut-être qu’on pourrait se revoir ? Enfin...
Sa voix tremble un peu. La langue d’Éric reste collée
dans sa bouche. Il essaie de sourire, elle lui tend un ticket
de bus.
– Mon numéro.
Elle disparaît de nouveau. Lui reste pétrifié au bas de
l’escalier. Enfin, il gravit lentement les marches qui le
ramènent au bruit, à la lumière et à la chaleur de la rue.
Laura l’attend en fumant une cigarette.
– C’est qui cette meuf ?
Il regarde le ticket sur lequel, en dessous des dix chiffres
de son numéro de téléphone, elle a écrit : « Claire ».
Le plus grand des flics lui a expliqué : une voiture du
commissariat de Brighton est en route pour venir le
chercher, elle sera là dans une heure. Normalement ils
devraient le coller en cellule en attendant, mais puisqu’il
semble raisonnable, il peut regarder la télé dans le coin
accueil, faveur spéciale. Avant de l’emmener au commissariat,
les bobbies ont consenti à faire un crochet par la
maison des grands-parents de Claire pour qu’il puisse
récupérer sa guitare et son sac à dos.