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Critique de jamiK


Pas évident de s'attaquer à un sujet de poésie tel que Rimbaud en bande dessinée. J'aime bien l'oeuvre de Jean Dytar en général et je partais donc assez confiant.

Le graphisme rend bien l'esprit de l'époque, le dessin est réalisé uniquement au pinceau, une monochromie en pâte, épaisse et subtile dans les nuances de lumières, cela donne un aspect de vieille carte postale aux couleurs sépia ou verdâtre, le ton va évoluer au fil de l'histoire. Les pages sont d'abord séparées en deux parties, deux tons différents, deux récits parallèles. Dans celui du haut en sépia, on suit Germain Nouveau, le troisième larron injustement méconnu du mouvement initié par les deux autres, et dans celui du bas, dans une gamme de vert, on découvre Paul Verlaine et Arthur Rimbaud. Au fil de l'histoire, les couleurs vont changer, les poètes passeront d'un récit à l'autre en fonction des rencontres et des séparations.

Les auteurs ont fait le choix de ne pas narrer l'incident qui amena Paul Verlaine en prison, ils choisissent d'éviter le spectaculaire, ce qui aurait donné une vision très romantique de l'histoire, j'approuve totalement ce choix car le mouvement Parnassien dont ces trois auteurs sont les successeurs était motivé par une réaction contre le mouvement romantique, je n'aurai pas aimé y trouver une vision romantique de leur histoire. Jean Dytar et Laurent-Frédéric Bollée sont toujours justes, leurs choix graphiques et narratifs sont toujours en adéquation avec le sujet.
Arthur Rimbaud est un personnage incontrôlable, l'histoire met en lumière les tensions chez les deux autres, provoquées par leur amour de la création, leur admiration pour le gamin, face à l'inconstance de celui-ci.

Les Illuminés ne se contente pas d'une biographie classique, croisée sur trois poètes, il entre dans les processus de création, sur les motivations de la poésie, des forces en jeu, l'impact sur le lecteur, sur la création qui suit. Une fois ses poèmes écrits, Arthur Rimbaud ne s'y intéresse plus, mais le récit parvient à nous faire pénétrer dans la fascination qu'ils exercent sur les deux autres poètes, amour, passion, admiration… La conclusion est assez défaitiste, comme une sorte de défaite de la poésie, sa place actuelle dans la littérature d'aujourd'hui conforte cette vision. Gérard Nouveau, à l'instar d'Arthur Rimbaud, continuera à écrire mais ne voudra plus être publié.

Je trouve aussi assez fine la présentation de Gérard Nouveau, considéré par les surréalistes comme l'égal d'Arthur Rimbaud, et par d'autre que comme un simple suiveur. Les auteurs ne prennent pas vraiment parti, il nous laissent l'envie d'en savoir un peu plus par nous même. La bande dessinée est magnifique, le propos est juste et subtil, et cette lecture nous donne une irrésistible envie de lire de la poésie, de découvrir plus profondément Gérard Nouveau et de lire et relire Arthur Rimbaud et Paul Verlaine.

Seul petit bémol que je mettrais : la division des pages avec les différents récits en parallèles rend parfois la lecture un peu hachée, mais y-avait-il une autre solution, ce choix est cependant justifié par le contenu et pour l'harmonie de la page. Il m'est arrivé de ne lire que le récit du haut, ou celui du bas sur trois ou quatre pages et de revenir en arrière pour relire l'autre pour redonner de la fluidité à ma lecture.

Qu'on sorte d'une biographie en ayant envie de lire le ou les artistes évoqués est pour moi un critère majeur, Les Illuminés y parvient à 100%. Et en plus c'est magnifique, bravo.
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