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Citations sur La Guerre du faux (21)

La technique de l'« audioanimatronique » est utilisée dans beaucoup de secteurs de Disneyland et donne vie aussi à une collection de présidents des Etats-Unis, mais jamais peut-être comme dans la caverne des pirates elle ne montre davantage sa prodigieuse efficacité. Des hommes ne feraient pas mieux, et coûteraient plus cher, mais ce qui compte surtout c'est que ce ne soient pas des hommes et qu'on le sache.
Le plaisir de l'imitation, les Anciens le savaient déjà, est l'un des plus inhérents à l'âme humaine, mais ici, outre le fait de jouir d'une imitation parfaite, on jouit de la persuasion que l'imitation a rejoint son apogée et que maintenant, la réalité sera toujours inférieure.
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Des centres culturels qui depuis des années organisent des débats, des conférences, des colloques ont dû faire face à une troisième phase. La première était la phase normale jusqu'en 1968 : quelqu'un parlait, le public, en quantité raisonnable, écoutait, avec quelques questions bien élevées à la fin, et tout le monde rentrait à la maison au bout de deux heures. La deuxième est la phase de soixante-huit : quelqu'un essayait de parler, un public turbulent lui contestait le droit de prendre la parole de façon autoritaire, quelqu'un d'autre, parmi le public, parlait à sa place (de façon tout aussi autoritaire, mais on ne s'en est aperçu que lentement), à la fin on votait n'importe quelle motion et tout le monde rentrait. La troisième phase, par contre, fonctionne ainsi : quelqu'un parle, le public s'amasse en quantité invraisemblable, assis par terre, se pressant dans les espaces avoisinants, parfois sur les escaliers d'entrée, il supporte que l'orateur parle pendant une, deux, trois heures, participe à la discussion pendant deux autres heures, et ne veut jamais rentrer à la maison.
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Le véritable héros est toujours un héros par erreur, son rêve serait d'être un honnête lâche comme tous les autres. S'il avait pu, il aurait résolu l'affaire autrement, sans effusion de sang. Il ne se vante ni de sa mort, ni de celle des autres. Mais il ne se repent pas. Il souffre et il se tait, ce sont éventuellement les autres qui l'exploitent en en faisant un mythe tandis que lui, l'homme digne d'estime, n'était qu'un pauvre type qui a réagi avec courage et dignité dans un événement plus grand que lui.
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Cogito interruptus...
Il y a des livres dont le compte rendu, l'explication et le commentaire s'avèrent plus faciles que la simple lecture ; car seul l'exercice de la pensée permet d'en suivre sans distraction les argumentations, les implacable nécessités syllogistiques ou les enjeux ponctuels de relation. C'est pour cette raison que des ouvrages comme la Métaphysique d'Aristote ou la Critique de la raison pure ont plus de commentateurs que de lecteurs, plus de spécialistes que d'amateurs.

Il y a au contraire des livres qui sont très agréables à lire mais sur lesquels il est impossible d'écrire, car dès qu'on tente d'en faire un commentaire ou une présentation, ils se refusent à entrer dans la proposition « Ce livre dit que ». Qui les lit par plaisir en a pour son argent. Mais qui les lit pour les raconter aux autres s'indigne à chaque ligne, déchire les notes qu'il vient de prendre, cherche la conclusion qui suit les « donc » et ne la trouve pas.
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J'avais eu l'occasion de voir personnellement certaines cérémonies londoniennes, parmi lesquelles l'annuelle Trooping the Colours où l'impression la plus désagréable est donnée par les chevaux, dressés pour tout sauf pour s'abstenir de faire leurs besoins légitimes : peut-être à cause de l'émotion, ou des lois naturelles, mais la reine dans ces cérémonies avance toujours dans une mer de fumier, parce que les chevaux de la Garde ne peuvent pas s'empêcher de parsemer le parcours d'excréments. D'ailleurs, s'occuper des chevaux est une activité très aristocratique, et, pour un aristocrate anglais, le fumier de cheval fait partie des matières les plus familières.

On n'a pas pu échapper à cette loi pendant le royal wedding. Mais ceux qui ont regardé la télévision ont remarqué que ce fumier chevalin n'était ni sombre, ni brun, ni inégal, mais se présentait toujours et partout dans un ton pastel, entre le beige et le jaune, très lumineux, de façon à ne pas attirer l'attention et à s'harmoniser avec les couleurs tendres des habits féminins. On a lu ensuite (mais on pouvait facilement l'imaginer) que les chevaux royaux avaient été nourris pendant une semaine avec des pilules spéciales, pour que leurs excréments aient une couleur télégénique. Rien ne devait être laissé au hasard, tout était dominé par la retransmission.
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[L]es médias sont généalogiques et n'ont pas de mémoire, même si ces deux caractéristiques devraient s'exclure réciproquement. Ils sont généalogiques, car, dans leur système, toute nouvelle invention produit des imitations en boule de neige et une sorte de langage commun. Ils n'ont pas de mémoire parce que, une fois la chaîne des imitations rompue, personne ne sait plus qui avait commencé et l'on confond facilement le fondateur avec le dernier de ses petits-enfants.
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Le plaisir de l'imitation, les Anciens le savaient déjà, est l'un des plus inhérents à l'âme humaine, mais ici, outre le fait de jouir d'une imitation parfaite, on jouit de la persuasion que l'imitation a rejoint son apogée et que maintenant, la réalité sera toujours inférieure.
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En effet, une fois qu'on a éliminé le désir fétichiste de l'original, les copies sont parfaites. Alors, celui qui agit contre les droits de l'art, n'est-ce pas plutôt le graveur brisant la plaque pour que les copies numérotées restent en nombre réduit? On peut se poser la question.

Nous n'essayons pas ici d'absoudre les sanctuaires du Faux, mais de rendre suspects aussi les sanctuaires européens de l'Authentique.
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Avec un rapide changement de décor (en ce qui concerne le monde actuel), mais sans nous déplacer d'un centimètre pour notre parallèle avec le Moyen Âge, nous voilà dans une salle de cours où Chomsky découpe grammaticalement nos énoncés en éléments anatomiques qui se ramifient de façon bifide, où Jakobson réduit à des traits binaires les émissions phonologiques, où Lévi-Strauss structure la vie parentale et le tissu des mythes en jeux antinomiques et où Roland Barthes lit Balzac, Sade et Ignace de Loyola comme le savant médiéval lisait Virgile, en poursuivant des illusions opposées et symétriques. Rien n'est plus proches du jeu intellectuel médiéval que la logique structuraliste, comme rien ne lui ressemble plus, après tout, que le formalisme de la logique et de la science physique et mathématique contemporaines. On ne doit pas s'étonner de pouvoir retracer dans le même territoire antique des parallélisme avec le débat dialectique des politiciens ou la description mathématisée de la science. Nous sommes en effet en train de comparer une réalité en acte avec un modèle concentré ; mais, dans les deux cas, nous nous trouvons devant deux manières d'affronter le réel qui n'ont pas d'équivalent dans la culture bourgeoise moderne et qui dépendent, l'une comme l'autre, d'un projet de reconstitution face à un monde dont on a perdu ou dont on refuse l'image officielle.
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Le Moyen Âge a conservé à sa façon l'héritage du passé, non pas à travers l'hibernation, mais à travers une continuelle retraduction et réutilisation : une immense opération de bricolage en équilibre entre nostalgie, espoir et désespoir. Sous son apparence d'immobilité et de dogmatisme, il a été, paradoxalement, un moment de "révolution culturelle". Tout ce processus a été naturellement caractérisé par des épidémies et des massacres, par l'intolérance et la mort. Personne ne prétend que le Nouveau Moyen Âge soit une perspective tout à fait gaie. Comme disaient les Chinois quand ils voulaient maudire quelqu'un : "Puisses-tu vivre une époque intéressante
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