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Éric Bufkens (Traducteur)
EAN : 9782952316927
87 pages
Kymera (29/06/2005)
4.17/5   3 notes
Résumé :
La Grande-Bretagne, bientôt dix ans après la tentative d’invasion menée par les martiens.
Le royaume est sorti grandi de cette épreuve, il a appris à utiliser la technologie abandonnée par les martiens et à l’intégrer à la vie quotidienne de ses habitants. Mais lorsque les corps de jeunes filles vidées de leur sang s’échouent sur les berges de la Tamise dans l’indifférence générale, deux anciens militaires, le major Robert Autumn et le sergent Archibald Curri... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à l'adaptation de la guerre des mondes (2006) par Edginton & D Israeli , ou plutôt au roman originel de Wells La guerre des mondes (1898). Il s'agit d'une histoire qui se déroule après le roman. Elle est initialement parue en 2002, dans les numéros 4.16 à 4.18 du magazine Judge Dredd Megazine, écrite par Ian Edginton, dessinées, encrées et mise en couleurs par D'Israeli (Mat Brooker). Elle a été publiée aux États-Unis par Dark Horse Comics en recueil en 2003.

10 ans ont passé depuis la fin de l'invasion martienne. le gouvernement britannique a fait ériger un monument aux morts en plein coeur de Londres. le major Robert Autumn est en train de rédiger ses mémoires, en évoquant le prix payé par la Grande Bretagne lors de l'invasion, sa fin et la manière dont les scientifiques britanniques ont su réaliser une rétro-ingénierie sur les technologies martiennes pour l'intégrer à la science terrienne. Cela a donné un nouvel avantage à la Grande Bretagne qui est plus que jamais l'empire où le soleil ne se couche jamais. Malgré tout, le major Autumn et son serviteur (l'ex sergent) Archibald Solomon Currie regrettent le bon vieux de temps de l'action, se sentant vieux et un peu dépassés par cette nouvelle époque.

Alors qu'ils devisent ainsi, un coup est frappé à la porte. L'inspecteur Chef Derbyshire et le sergent Chips viennent quérir Archibald Currie, car son frère Davy a été mis en prison pour intrusion avec effraction dans des bureaux vides. Autumn accompagne Currie voir son frère en prison. Ce dernier explique qu'il était à la recherche de sa fille Katherine partie à la capitale pour un emploi, et ne donnant plus signe de vie depuis quelques jours. le même matin un individu un peu clochard sur les bords avait retrouvé un nombre impressionnant de cadavres sur les berges de la Tamise, après une période de fortes pluies. Cela inquiète au plus haut point le docteur Davenport Spry, travaillant à l'Observatoire royal de Greenwich.

Pour remettre un peu d'ordre : en fait les 2 auteurs ont commencé par réaliser cette suite, avant de faire l'adaptation du roman d'HG Wells. le narrateur (Robert Autumn) explique rapidement ce qui s'est passé dans l'intervalle de 10 ans, mais une connaissance superficielle du roman (ou la lecture de l'adaptation en comics) est préférable pour comprendre les sous-entendus, par exemple ce qu'est cette herbe rouge. Dès la première page, le lecteur est sous le charme des dessins de D'Israeli dont il s'agissait du premier travail professionnel de grande envergure. le récit commence par un dessin en pleine page représentant le monument aux morts, un tripode vu en très forte contreplongée. L'effet est saisissant et les couleurs évoquent la fin d'un lever de soleil, jouant ainsi sur les couleurs jaune et orange rappelant les affrontements armés contre les martiens. Cette séquence continue avec le soleil levant sur les façades de Londres vues depuis l'autre côté de la Tamise à nouveau avec des couleurs vives et jolies, des façades représentées dans le détail avec un trait très légèrement ondulé. L'image s'étalant sur la partie supérieure de 2 pages est facilement assimilable, parce que sans textures sur les différentes constructions, tout en étant détaillée.

Au cours de ces 68 pages, le lecteur prend plaisir à découvrir l'architecture de Londres et de Glasgow, modifiée par les avancées technologiques grâce à l'intégration du savoir-faire martien. Il est visible que D'Israeli prend plaisir à reprendre des éléments architecturaux célèbres de ces villes pour y apporter des aménagements rétro-futuristes de type steampunk. le scénariste peut alors se reposer sur les dessins pour montrer, sans avoir à appuyer par les dialogues puisque ça se voit. de la même manière, le major Autumn se plaint dans ses mémoires de la disparition des chevaux au profit de véhicules automatisés, et le lecteur peut les voir, avec une attention portée aux détails, telle qu'il est manifeste qu'il s'agit de la même technologie utilisée pour les carrosses et pour les landaus, avec les mêmes petites pattes articulées, et la même brume verte de gaz d'échappement. D'Israeli est tout aussi à l'aise pour représenter des scènes d'extérieur que ce soit à la campagne (un magnifique dessin pleine page avec un barque avançant sur l'eau, et des canards qui passent au premier plan), ou dans les villes (des piles et des arches de pont monumentales). Il s'investit tout autant dans la représentation des intérieurs, qu'il s'agisse du salon cossu du major, ou de la base de recherche scientifique.

Le lecteur apprécie également de pouvoir voir les différentes tenues vestimentaires. Les personnages changent de vêtement en fonction de leur occupation, des conditions climatiques, de leur condition sociale. le dessinateur représente des visages avec des formes marquées, sans toutefois en devenir caricaturales. Il les trace de manière à privilégier la lisibilité, sans toutefois sacrifier les détails. Il se produit le même effet que pour les décors : une impression de simplification et d'images tout public, diminuant un peu l'impact immédiat purement visuel des images. Il utilise quelques aplats de noir de petites surfaces, avec des contours délimités par des courbes, rendant les cases très agréables à l'oeil. le lecteur adulte se retrouve un peu décontenancé, avec des images denses et lisibles, tout public, laissant subodorer un récit d'aventures de facture classique.

Effectivement, Ian Edginton raconte une enquête, avec disparition d'une jeune femme, 2 individus qui cherchent des indices et qui réussissent à progresser alors que la police semble inefficace. Au vu du titre, le lecteur sait d'avance que le sort de la pauvre Katherine (il est montré rapidement qu'il est des plus funestes) est lié à la présence passée des martiens. le lecteur se dit que le major Autumn et le sergent Currie vont finir par retrouver la pauvre jeune fille et mettre fin aux exactions commises par des martiens survivants ou des profiteurs criminels. Ça ne se passe pas vraiment comme ça. Il y a bel et bien une enquête de type plutôt réaliste, avec des essais et des échecs. Il y a quelques scènes d'actions avec échange de coups de feu. Mais en fait, la narration se montre plus ambitieuse et plus noire que peuvent le laisser penser les dessins.

Ça commence dès la page 4 avec Ned Penny, cet homme âgé, obligé pour gagner un d'argent, de récupérer les objets que la marée a déposés sur les rives de la Tamise. Les avancées technologiques n'ont pas conduit à un monde meilleur qui aurait profité à toutes les classes de la société. En outre, le lecteur apprend en cours de lecture que Ned Penny est un marin vétéran de la guerre contre le martiens. Sa bravoure ne lui a pas permis de bénéficier d'un avantage quelconque, ou de pouvoir se préparer une bonne retraite. Ensuite cet individu découvre des cadavres d'êtres humains englués dans la boue des berges, vision macabre s'il en fut. Les commentaires du major Autumn (dans les cellules de texte) induisent une forme de regret quant à ce qu'est devenu le royaume britannique, à savoir dépendant d'une technologie étrangère, et même extraterrestre. Ils sous-entendent également que l'empire britannique continue sa phase d'expansion impérialiste. Davy Currie explique à son frère que la mise en fonction de nombreux automates (toujours grâce à la technologie martienne) a supprimé de nombreux employés d'ouvriers non qualifiés, conduisant à un taux de chômage catastrophique, les hommes ne trouvant plus de travail, les femmes étant contraintes de se prostituer. Décidément, il ne s'agit pas d'un récit de simple aventure.

Ce que finissent par découvrir le Robert Autumn et Archibald Currie éclaire sous un autre jour le progrès technologique, et surtout la volonté expansionniste de l'empire. Ce récit s'inscrit dans le genre du roman noir, où le crime est le révélateur de travers de la société. Comme dans tout bon roman noir, le dénouement n'est pas placé sous les meilleurs auspices, et les détectives amateurs doivent en payer le prix. Ian Edginton amalgame avec habileté les conventions du récit de plusieurs genre : policier, anticipation sous forme de rétro-futurisme, roman noir et politique fiction.

Parti pour une aimable aventure, une suite imaginative et respectueuse du roman d'Herbert George Wells, le lecteur prend grand plaisir à la qualité picturale de la narration, à sa richesse et son inventivité. D'Israeli joue le jeu de la technologie steampunk et de la reconstitution historique, avec un côté touristique dans les spécificités anglaises, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Ian Edginton raconte une enquête bien ficelée, bâtie avec élégance sur l'héritage issu du roman de HG Wells, et aussi une forte composante touristique dans les accents et le vocabulaire des personnages. Il ne se contente pas d'une aventure policière steampunk, il fait aussi apparaître la structure sociale et les objectifs politiques de cette nation.
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Trois ans avant le comic "la Guerre des mondes", deux auteurs britanniques s'était déjà inspirés plus librement du roman de Wells. Une initiative qui nous permet de mieux apprécier à sa juste valeur le travail de Ian Edginton pour le scénario, en effet même si adapter un roman n'est pas une mince affaire...
Lien : http://www.psychovision.net/..
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