En finir avec les idées fausses propagées par l'extrême droite

Quand le sage désigne le programme, l'idiot regarde Instagram.

La meilleure école du crime, de l'endurcissement, le meilleur endroit pour rencontrer des criminel•les et se former à des délits voire des crimes plus violents, c'est la prison.

Depuis la dernière parution de ce livre, fin 2016, aucun attentat de masse n'a été commis en France, pas depuis l'ignominieuse attaque dramatiquement meurtrière à Nice, du 14 juillet 2016, par, effectivement, un ressortissant tunisien. Pourtant, on ne parle que de ça, on ne surveille, contrôle, stigmatise qu'une catégorie de la population. Pas un mot sur le terrorisme d'extrême droite qui monte dramatiquement dans le monde entier et tue en France. En 2019, à la mosquée de Bayonne, ou fin 2022 avec le triple assassinat en pleine rue devant le Centre culturel kurde par un homme disant sa « haine pathologique des étrangers ».

Les droits du sol et du sang s'effacent derrière ceux de la carte bleue, voilà dans quelle spirale nous entrerions en supprimant l'AME et en sortant de notre humanisme universalité d'accès aux soins.

Retrouvons le sens des enjeux. Le montant de la fraude fiscale ne cesse d'exploser : estimée entre 60 et 80 milliards d'euros par an depuis les années 2010 jusqu'au Covid-19, elle a été réévaluée dans une fourchette supérieure, désormais établie entre 80 et 100 milliards d'euros par an selon le syndicat Solidaires Finances publiques... 80 à 100 milliards ! Pendant ce temps, la fraude aux aides au logement, aux prestations familiales et au RSA représente 2,5 et 3,2 milliards d'euros... Tant d'acharnement à traquer si peu de fonds détournés contre tant de paresse devant les monceaux de fonds publics à portée de main, les libéraux qui se vantent d'agir par « pragmatisme » en manquent singulièrement en matière de volontarisme fiscal.

Soit on se recroqueville et on tente d'ériger des murs qui empêchent de voir l'état du monde, soit on s'engage pour construire une perspective de développement durable qui procure du travail à tous et toutes. Les gouvernements d'extrême droite du monde entier choisissent la première option, autant de nouvelles lignes Maginot comme le mur érigé par Donald Trump à la frontière mexicaine (qui n'a pas empêché les migrations, mais les a rendues plus dangereuses et souvent mortelles) ou ceux en barbelés dressés à toutes les frontières de la Hongrie par Viktor Orbán. Cela ne peut, à l'évidence, constituer un projet de société viable, raison pour laquelle nous devons aller vers la seconde option.

Le revenu de solidarité active (RSA) n'est absolument pas financé par l'impôt des Français mais par une taxe perçue sur les revenus du capital. Cette prestation est le volet social de la loi Repas, plus connue sous le nom de « paquet fiscal », votée en août 2007 par le gouvernement Fillon et qui comportait d'autres mesures comme le « bouclier fiscal ». Géré par les conseils généraux et versé par la Caisse d'allocations familiales, le RSA est un revenu minimum alloué en contrepartie de l'obligation de chercher un travail ou de définir et suivre un projet professionnel visant à améliorer sa situation financière. Le montant du « RSA socle » s'élevait à 607,75 euros pour une personne seule en juillet 2023. Somme de laquelle doit être déduit ce qui a déjà été perçu au titre du forfait logement, de la pension alimentaire ou de l'allocation familiale.

Quand l'idiot désigne le travailleur, le sage regarde l'exploiteur.

Pour eux, il faudrait renoncer à une telle mesure non parce qu'elle est inhumaine, mais parce que ça coûterait trop cher... Toutes ces polémiques sont aussi dégueulasses que vaines : quand survint le covid, l'universalité de notre système de santé se rappela à l'attention générale sans que cela ne suscite aucun reproche ou critique. Dans la limite des places disponibles (et celles-ci manquent à cause de plans sociaux monstrueux et successifs de Roselyne Bachelot à Marisol Touraine jusqu'à Agnès Buzyn) tout le monde était évidemment accueilli à l'hôpital public pour être soigné•e, quand, aux États-Unis, vous pouviez être soigné•e avec ou sans papiers... pour peu que vous soyez solvables et à même de payer les quelques dizaines de milliers de dollars. Les droits du sol et du sang s'effacent derrière ceux de la carte bleue, voilà dans quelle spirale nous entrerions en supprimant l'AME et en sortant de notre humanisme universalité d'accès aux soins.

Régulièrement, une pique d'un de ces dirigeant•es rappelle le mépris que l'extrême droite a pour les nouveaux champs de création. De Marion Maréchal Le Pen disant que l'arrêt contemporain est un « art d'élite inaccessible qui ne s'adresse qu'à dix bobos qui font semblant de s'émerveiller devant deux points rouges sur une toile », à Jordan Bardella critiquant le choix de confier la chanson officielle de l'équipe nationale de football pour l'Euro 2021 à un rappeur, Youssoupha, en ces termes : « On a cédé à une partie racaille de la France. » Pour le vice-président du Rassemblement national, un rappeur français est un emblème plus dégradant qu'un chanteur belge fraudant le fisc et accusé de pédocriminalité...