Citations sur Livre d'Ebenezer Le Page (33)
Un père et une mère devraient compter davantage l'un pour l'autre que les enfants. S'ils ne vivent que pour les enfants, ceux-là n'ont aucune chance de vivre pour eux-mêmes.
La seule chose que sa pauvre femme avait pu faire de son plein gré, c'était mourir.
Guernesey, Guernsey, Garnsai, Sarnia, qu’ils disent. Moi, en tout cas, je ne sais pas. Plus je vieillis, plus j’apprends, et plus je sais que je ne sais rien. Je crois que je suis le plus vieux de l’île. Liza Quéripel de Pleinmont prétend que c’est elle, mais je pense qu’elle en rajoute. Quand elle était jeune, elle avait un anniversaire tous les deux ou trois ans, mais ces derniers temps, elle en a deux ou trois par an. Pour être honnête, je ne connais pas mon âge. Ma mère l’a noté sur la première page de la grande Bible ; elle a inscrit le jour et le mois, mais elle a oublié de mettre l’année. Je suppose que je pourrais la trouver en allant au Greffe, mais ce n’est pas maintenant que je vais m’en soucier.
(INCIPIT)
Un homme doit faire attention à ce qu'il raconte à une femme, sinon elle va déformer ses propos et s'en servir contre lui.
Guernesey,Guernsey,Garnsai,Sarnia,qu'ils disent.Moi,en tout cas ,je ne sais pas.Plus je vieillis, plus j'apprends,et plus je sais que je ne sais rien.Je crois que je suis le plus vieux de l'île. Quéripel de Pleinmont prétend que c'est elle,mais je pense qu'elle en rajoute.Quand elle était jeune, elle avait un anniversaire tous les deux ou trois ans,mais ces derniers temps ,elle en a deux ou trois par an.Pour être honnête, je ne connais pas mon âge. Ma mère l'a noté sur la première page de la grande Bible; elle y a inscrit le jour et le mois ,mais elle a oublié de mettre l'année.Je suppose que je pourrais la trouver en allant au greffe, mais ce n'est pas maintenant que je vais m'en soucier.( Page 13).
J’aimais beaucoup « La Marseillaise ». C’est le seul hymne national que j’aimais entendre pendant la guerre. Il vous donnait envie d’aller vous battre. En comparaison, « God save the King » était une vraie marche funèbre. Quoi qu’il en soit, pendant la fête de Victor Hugo, j’ai sympathisé avec un jeune Français, et à partir de là, j’ai trouvé qu’ils n’étaient pas si mal, après tout. Je regardais la statue dévoilée et le jeune Français, juste à côté de moi, m’a demandé ce que j’en pensais. Il avait parlé en anglais, mais j’avais reconnu son accent. Je lui ai répondu que je la trouvais très bien, mais que je n’y connaissais pas grand-chose. Il a dit qu’elle était très bien en effet. « Le vieux serait content de se voir là-haut, en train de regarder la mer », a-t-il ajouté.
J'écris pour me tenir de compagnie, en réalité. Je ne pense pas que quelqu'un ait jamais envie de lire ça. C'est l'histoire de ma vie, mais il y a aussi beau-coup de choses sur ma famille, mes amis et des gens qui ont vécu à Guernesey ces soixante ou soixante-dix dernières années. [...] J'ai essayé de mettre le pire comme le meilleur, mais il faut lire entre les lignes.
Je ne sais pas ce que c'est qu'un païen, j'ai répondu, je ne peux donc pas dire si je le suis ou pas, mais je ne sais pas non plus ce qu'est un chrétien. II y en a des milliers de toutes sortes sur cette île. Ce ne sont peut-être pas tous des dévergondés, du moins pas ouvertement, mais ils partent à la guerre et tuent d'autres gens, et en temps de paix, ils gagnent autant d'argent qu'ils le peuvent sur le dos les uns des autres et ils n'aiment pas plus leur prochain que moi.
Assis près du feu, je réfléchissais. Je crois que j'ai réfléchi à tout ce qui était arrivé, à moi et aux autres. Je me suis dit, eh bien, si la vie se résume a ça, ça ne vaut pas grand-chose. Une journée heureuse et des rèves d'un bonheur à venir; et puis on se réveille. Quelques plaisirs immédiatement oubliés, et pour le reste, conti- nuer toujours et toujours, comme une bourrique. Voilà ce que je suis : une bourrique de Guernesey. Parfois je freine des quatre fers, parfois je lance des ruades et parfois je lève la tête et me mets à braire. J'ignore s'il y a quelque chose après. Mais ce que je sais, c'est que si tous les Guernesiais qui s'imaginent aller au ciel y vont vraiment, les querelles de famille ne doivent pas manquer là-haut. Quant à moi, j'ai assez vu ma famille ici-bas. Si je me relève d'entre les morts et que j'ai tous mes esprits, c'est Jim que j'irai retrouver.
…des tas d’aristos avaient rappliqué le mois précédent et prononcé des discours sur l’Entente cordiale, et Saint-Pierre-Port était décoré en bleu, blanc et rouge. En réalité, on avait donné comme prétexte à leur venue l’inauguration de la statue de Victor Hugo. C’était un Français célèbre qui avait vécu dans une grande maison à Hauteville, mais c’était avant mon époque. Il écrivait des romans et des poèmes en français ; je n’en ai lu aucun.
Dans le temps, je voyais ses livres en vente dans la vitrine de Boots en haut de Smith Street, mais il n’y en a plus maintenant. La statue avait été élevée à Candie Grounds et elle engendrait bien des commentaires. Jusqu’à la dernière minute, certains disaient que ça n’aurait pas dû être autorisé.
Personnellement, j’aime bien cette statue. Il se dresse en haut d’un rocher avec la queue de sa redingote qui
volette au vent. Il paraît presque vivant. L’ennui, c’est qu’au sommet des Jardins, il y avait une statue de la reine Victoria, et tout ce qu’elle pouvait voir de Victor Hugo, c’était son derrière…