L'appartement était négligé et crasseux comme seuls les membres de la haute société pouvaient se le permettre, tout comme ceux qui étaient tout en bas de l'échelle sociale. C'étaient les deux classes qui se ressemblaient le plus.
Avril était un mois sans couleurs, il n'y avait qu'un vent dur et terne et une terre qui se demandait encore si se réveiller une fois de plus valait la peine. Les personnes enclines à la dépression évitaient avril comme la peste, préféraient sauter par-dessus ce merdier et fuir vers d'autres mondes.
- Qu'est-ce que c'est que tous ces gens, là ?
- Comment ça ?
- Ils sont tous fous ?
- Pas plus que d'habitude.
Au cours de sa longue carrière, il avait rencontré des gens qui n’avait rien d’autre que des pierres au fond des yeux, ou des blocs de charbon. Mais il en avait aussi rencontré les yeux pleins de diamants,de blocs de charbon devenus diamants.C’était merveilleux quand cela se produisait. Ça n’avait pas de prix .
Tu ne sais pas qu’il à fallu dix millions d’années à cette pierre pour rejoindre la terre ferme, et que tu l’as renvoyée en dix secondes.
Mais les catastrophes rapprochaient toujours les gens, Winter l’avait souvent constaté. Les catastrophes étaient ce dont l’humanité avait besoin pour rester unie.
Parfois, Ringmar se disait qu'il n'irait au ciel que si l'enfer affichait complet mais, parfois, il osait se croire meilleur que ça. (p.230)
Winter entendait à présent le grondement dans son crâne , il l'avait refoulé toute la matinée , comme il le faisait le plus souvent , mais son acouphène était revenu [...]. Il entendait toutes les mers du monde gronder dans sa tête , chaque vague était une septième vague , de mauvais augure . Il n'y avait pas de refuge . Il n'y en aurait jamais .
Winter leva son verre de Bruichladdich et huma le parfum d'Islay et de la distillerie ressuscitée . Il était allé sur cette île autrefois , ivre de mer , de tourbe , de vent , de bruyère , de blé et d'eau glacée , un état dans lequel on devrait toujours être , il suffisait de lever un verre , de réserver un voyage , ou de descendre jusqu'à sa plage , où tout était déjà là .
Celui qui mange mal devient malheureux .