Rentrée Littéraire 2023. Parution le 30 Août aux
Editions Grasset.
Alia est une jeune adolescente qui vit à Tanger. Comme toutes les jeunes filles de son âge, elle découvre le lot quotidien des femmes dans ce pays : être scrutée dans la rue, déshabillée du regard, suivie, insultée. Les relations avec son père sont quasi inexistantes puisqu'elle n'est pas un garçon. Sa mère ne lui renvoie pas une image positive d'elle-même.
Alors, un soir dans le secret de sa chambre, elle a pris des photos de son corps dénudé, comme pour se réconcilier avec lui, se l'approprier. C'est devenu un rituel.
« La frontière entre ces hommes et toi se brouillait à mesure que les photos s'accumulaient, que les jours passaient. Tu étais à la fois toi et un autre. Toi au moment des photos, un autre quand tu les observais. Tu pensais saisir quelque chose, tu pensais mieux comprendre ce que tu représentais, l'objet que tu devenais. »
Alia est persuadée que ces photos étaient bien à l'abri à l'intérieur de son téléphone.
Or, elle découvre un jour que ces photos ont été mises en ligne sur internet, tout son lycée est au courant. Selon la loi marocaine, elle risque la prison. Son désarroi est d'autant plus grand qu'il apparaît que c'est son petit ami, Quentin, un français de son lycée qui serait l'auteur de la mise en ligne.
Un petit ami au comportement très toxique, des parents qui ne font pas attention à elle et dont Alia vit dans la crainte qu'ils ne découvrent la vérité, un harcèlement au lycée. L'année du baccalauréat est bien difficile pour la jeune fille. L'obtention de son diplôme va lui permettre de venir s'installer en France à Lyon pour étudier.
Cependant, le traumatisme subi par Alia pendant l'année écoulée l'empêche de vivre normalement. Vient alors le moment où se pose la question du retour au Maroc.
Ce que j'ai aimé dans ce roman : le sujet abordé à savoir la condition féminine dans ce pays où le rigorisme ne se dit pas mais s'exerce de façon violente sur les femmes au nom de la bienséance et sous couvert d'hypocrisie. le récit se fait à la deuxième personne. J'y ai vu comme une introspection de la narratrice sur son comportement. Cela m'a fait penser à une technique de méditation où le méditant s'observe en train de méditer.
Le traumatisme subi par Alia, bien qu'elle ait quitté le Maroc, est toujours là. La fin laisse supposer qu'elle va enfin s'occuper d'elle.
Seule la dernière page est à la première personne du singulier.
Je remercie Cultura et les
Editions Grasset pour cette découverte.