[Extraits de l'avant-propos, par Zineb]
Le dessiner, pourquoi le dessiner ? Parce qu'il est inacceptable que des vies soient menacées car une plume, quelque part sur terre, esquisse le turban du prophète. Parce que le caricaturiste qui a fait de l'irrévérence un sacerdoce se soit de repousser les limites de la censure là où elles étranglent la liberté. D'ailleurs, le tome 1 de la vie de Mahomet, publié en hors série de Charlie Hebdo, bien qu'il ait fait couler beaucoup d'encre, n'a pas fait verser une seule goutte de sang. Ceux qui tuent à Islamabad ou à Tripoli au nom du choc des civilisations n'ont pas attendu que l'on profane leur sacré pour faire leur besogne. Alors, pourquoi le pinceau ne colorerait-il pas la barbe du prophète ? [...] Ici, Muhammad n'est pas représenté, il n'est pas caricaturé. Son personnage, le petit bonhomme jaune de Charb, est une métaphore. Soyons sérieux, qui pourrait prétendre que Mahomet était ainsi, sous les traits que lui attribue ce livre ?
[...]
Que celui qui trouve dans le Coran ou la sunna le moindre texte interdisant de représenter Mahomet, ou qui que ce soit d'autre, nous jette la première pierre. Non que nous ayons le souci de nous conformer aux préceptes de l'islam, mais, pour avoir passé au peigne fin ses sources, il s'avère que le tabou le plus tenace de la religion musulmane, celui pour lequel les foules s'insurgent et tant de crimes sont commis, ne se fonde sur rien, dans une religion où seul l'écrit scelle les enseignements d'Allah. D'ailleurs, ce pour quoi on nous vouerait aux flammes de l'enfer, les musulmans chiites le font depuis toujours. Que d'enluminures persanes représentent un Mahomet enturbanné, assis en tailleur et dispensant ses enseignements...
-Que vous arrive-t-il, mon enfant ?
-Que du bien, mère. Deux hommes, de blanc vêtus, vinrent à moi. L'un tenait une cruche en argent, et l'autre une vasque sertie d'émeraude et remplie de glace. Il me prirent, alors que je jouais près de la rivière.... et m'emmenèrent au sommet de la colline. Puis ils me fendirent le corps, du torse jusqu'au pubis, et en extirpèrent une tache noire? Ils le jetèrent en me disant : "nous te débarrassons de la haine et de l'envie". Ensuite, ils lavèrent mon cœur avec de la glace. Je les regardais faire, sans endurer la moindre douleur.
Ainsi, les archanges Gabriel et Michaël prirent une apparence humaine et arrachèrent de ses entrailles cette tache noire qui existe chez tous les hommes et qui est le nœud de l'emprise de Satan sur les créatures terrestres.