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sur 2098 notes
Istanbul...
Ce simple mot suffit à éveiller en moi des envies d'Orient.
Je rêve de découvrir celle qui fut aussi Byzance et Constantinople, de visiter ses mosquées grandioses, sa somptueuse Basilique, son bazar aux épices, son Sérail, de déambuler dans les palais et jardins du Bosphore à la recherche des parfums du passé dont s'enduisaient les jolies sultanes aux rondeurs génereuses.

Michel-Ange semble avoir eu la chance de s'imprégner de l'atmosphère envoûtante de cette perle turque lorsqu'il s'y rend en 1506 sur l'invitation du sultan.
Bayezid II souhaite bâtir un pont sur la Corne d'Or qui relierait les deux rives opposées de la ville.
Après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci, il se tourne vers le sculpteur dont la renommée ne cesse de grandir.
Occupé à Rome par l'édification du tombeau papal, celui-ci abandonne pourtant le chantier sur un coup de tête, ulcéré par l'attitude méprisante de Jules II qui fait la sourde oreille à ses demandes d'argent, et se rend à Istanbul.

Mathias Enard s'empare ici avec talent de ces quelques semaines oubliées de l'Histoire.
Il nous dresse un portrait touchant de l'artiste au travail, en proie à ses doutes et à sa passion créatrice.
Un homme qui, au-delà de sa volonté de surpasser le grand de Vinci, se laisse enchanter par la magnificence des monuments et troubler par le charme flou de la ville.
En compagnie du poète ottoman Mesihi de Pristina, protégé du vizir et vouant une adoration silencieuse au sculpteur, il fréquente les tavernes nocturnes, s'ennivrant de vers et de danses.
Comme on le sait, son projet n'aboutira pas bien qu'il ait été réellement entamé.

Un récit dépaysant à souhait, rempli de poésie et parfumé de mille senteurs voluptueuses.
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Une agréable découverte que cet auteur. Un roman historique qui nous entraîne de l'Italie à l'Empire Ottoman, sur les pas de Michel-Ange. Un texte très fluide, plaisant à lire. Un oeuvre qui fait voyager dans l'espace et dans le temps. Livre à mettre entre toutes les mains.Il a bien mérité son prix Goncourt des lycéens en 2010. Un écrivain à suivre.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Un pont pour la Corne d'Or..
Un pont dessiné par Michel-Ange
Un pont entre le ciel et l'eau,
Entre deux rives, entre deux mondes
Entre l'Orient du sultan Bajazet et l'Occident du pape Jules II

Une incantation parfumée,
comme un poème de Mesihi de Pristina, le sharengiz,
Une mélopée envoûtante
comme le chant d'une danseuse andalouse -ou est-ce un danseur?-
Qui monte dans le ciel bleu d'Istanbul
en arabesques délicates
et trace
le lent affleurement,
dans la conscience et dans la main,
de l'oeuvre à naître
l'éclosion minutieuse de la beauté.

Un bizarre dessein de pont :
est on dans le conte ensorcelé d'une Shéhérazade jalouse?
ou dans le perfide jeu d'approche du pouvoir et du talent?

Un dessin qui ne vient pas:
retenu par l'amertume d' un orgueil
blessé
étourdi par la tentation du plaisir
éludé.

Un dessin sans dessein
écrit avec le sang rouge de la dague de damas noir
avec les secousses de la terre et la houle de la vague

Un dessein sans dessin
- amour muet qu'on n'a pas su entendre-
main qu'on n'a pas su prendre
doigts qu'on n'a pas su toucher
cheville qu'on n'a pu enserrer.

Un dessin à peine tracé:
mains, doigts, chevilles...
fragments d'attaches orientales
exquises esquisses
esquivées, toutes fines,
au haut plafond de la Sixtine

Un bizarre dessin de pont
Retrouvé avec les listes
de l'artiste
dans les archives ottomanes
comme un rêve d'opiomane...




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C'est beau et j'aime qu'on me raconte des histoires d'amour. Elles ont toutes un charme touchant. Une femme qu'on ne peut cerner, qui n'est écoutée que d'une oreille et pourtant, vous la voyez ? Prise dans un piège infernal, une manipulation implacable qui la dépasse. Et me dépasse. Toutes ces histoires de pouvoir dans lesquelles des figures sont feu de paille alors même qu'elles sont l'illumination, la lumière étincelante qui se retrouvera dans un tableau des années plus tard sur une autre terre. de Rome à Constantinople, Michel-Ange se remplira la tête d'images, de figures, de mains et sans finir un pont, il enjambera l'eau pour rapporter une mèche de cheveux et un sonnet d'amitié qui résonne dans sa tête des années plus tard.
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Ce livre est sans nul doute l'un de mes livres préférés, l'un de ceux que j'ouvre lorsque j'ai besoin de m'évader, besoin d'oublier ou besoin de faire une pause. Absolument tout est réuni dans cet ouvrage pour qu'il soit un diamant brut…

Fidèle globalement à la réalité historique, ce livre quoique un soupçon romancé présente un visage de Michel Ange qui est peu connu voir totalement méconnu par la plupart des néophytes, celle d'un homme qui n'a pas seulement vécu en Italie mais qui a un goût pour le voyage, l'exotisme et la découverte de l'autre. Tout comme son contemporain Léonard de Vinci, Michel Ange à côtoyé les grands de ce monde, ce qui lui a permis d'étoffer sa culture et d'affiner ses connaissances sur « l'autre ».

Personnellement, j'ai l'impression que Mathias Enard nous embarque dans une sorte de conte avec ce roman, il nous plonge totalement dans la nébuleuse que Constantinople pouvait être en 1506. Ses personnages sont tellement proches que l'on dirait que l'auteur les a connus, fréquentés…

Mais ce que j'aime le plus, c'est la construction de ce roman. Sa forme épistolaire immerge le lecteur dans l'histoire comme s'il était le destinataire des lettres de Michel Ange. On a l'impression d'y être, c'est époustouflant !

Je ne peux que vous conseiller ce livre très court mais qui vous ouvre une porte sur l'histoire du monde byzantin, sur l'art et l'architecture du XVIe siècle.
Lien : https://ogrimoire.com/2019/0..
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Imagine-toi, t'es là, j'y suis, on se croise dans les dédales d'une rue marchande. Tu sens cette odeur, ce parfum de souffre et d'interdit. L'iode, la cannelle, la morue. Et ces couleurs, le blanc du marbre, le noir du sable, cet ocre balayé par la poussière. Et cette musique qui sonne en toi, des notes répétitives, des trompettes, de l'oud et le muezzin qui hurle au-delà des minarets. Tu vois la majestueuse Sainte Sophie, dont les icônes chrétiennes ont été recouvertes d'un enduit plâtré. Tu découvres ce bras de mer qui sépare deux rives, deux continents. Magie des lieux, Istanbul qui a l'époque devait se prénommer Constantinople.

Je te parle de batailles, de rois et d'éléphants. Ne sois pas surpris. En 1506, cela t'apparaitrait comme une évidence. Franchement, j'ai été bluffé. A quoi m'attendais-je avant d'ouvrir cette couverture ? Attiré aussi bien par le titre que par Istanbul, je suis parti me laissant guider par la passion et l'entrain de ce florentin et ces stambouliotes. Toi qui voulais être vizir à la place du vizir. Une visite du souk s'impose, tu grimpes sur les hauteurs de la ville, admires le panorama bleu-noir du Bosphore, la Corne d'Or, quel mot magique pour désigner ce lieu. Et tu croises Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni que tout le monde appellera par la suite Michel-Ange. Il est venu justement pour dessiner les plans d'un fabuleux pont entre les deux rives, à la demande du grand Pacha. Il espérait la consécration, une renommée mondiale à travers cette oeuvre. La reconnaissance éternelle pour lui, sa famille. C'était juste avant sa fameuse Chapelle-Sixtine.

De l'opium, du vin et peut-être de l'amour. Dattes. Cannelle. Huile d'olive. Poivre. Ce n'est pas une nouvelle recette de pâtisserie turque, juste une liste de sensation, de découverte, de bonheur. Tu es heureux là-bas, ivre d'une certaine tendresse, de cette musique et de cette danseuse au pied si fin qui tourne et tourne encore. Peut-être est-ce même un danseur. Peut importe, il, elle, est beau, belle. Tu ne peux détourner ton regard de cette cheville qui se déforme au rythme de l'oud, de cette chevelure presque incandescente qui tournoie encore plus vite. Michel-Ange se perdra, un petit peu, dans cette ville qui n'est pas encore Istanbul. Une histoire d'amour et de jalousie qui finira en trahison, comme toujours. Comme une évidence, le triptyque de la vie amour-jalousie-trahison. Mais au milieu de ce drame qui se joue à quelques kilomètres de Rome, il y a l'Art, avec la majuscule, celle de la consécration, mais celle qui provoquera aussi le désir, la jalousie et la trahison. Comme une évidence. La richesse et l'avarice, celles qui créent le pouvoir et le désir encore plus grand. Les complots, les manigances et la trahison. Comme toujours, l'évidence même. Tu reviens toujours à ce même mot, trahison. Mais est-ce qu'elle est réellement présente ?

Quelle belle écriture de Mathias Enard. Sa plume m'a enivré, de bonheur, de poésie et d'odeur. Celle du Bosphore, du Kebab et d'Istanbul. Belle cité qui s'illumine de mille feux lorsque la nuit apparait lentement de l'autre coté de la rive. Que reste-t-il de ce fameux pont que Michel-Ange a échafaudé les plans ? Pas grand-chose, à vrai dire. Tremblements de terre. Mais là n'est plus un problème, Michel-Ange a déjà fuit, sur d'autres projets, toujours à la rencontre de la reconnaissance, toujours pour dépasser son prédécesseur, Léonardo de Vinci. Mais quel bel ouvrage, romanesque, poétique et enivrant. Dessine-moi un éléphant ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Courroucé par l'avarice du Pape Jules II qui traine les pieds pour payer ses services, Michel-Ange s'enfuit de Rome et répond positivement au sultan Bajazet, maître de l'empire Ottoman, qui lui demande de dessiner un pont inoubliable qui traverserait le Bosphore. Michel-Ange s'installe à Constantinople et recherche l'inspiration dans cette ville étonnante, cultivée, gracieuse, riche et fêtarde. Il devient l'ami du poète Mésihi, le secrétaire du Divan, qui peu à peu va souhaiter sans l'avouer une relation plus charnelle avec le maestro. Il déambule, travaille, boit, aime, et l'inspiration tarde à venir, ce qui agace le sultan.
L'inspiration viendra-t-elle enfin ?
Le pape abattra-t-il sa colère sur l'artiste qui a osé fuir en terre musulmane ?
Les ottomans accepteront‘ils un pont conçu par un infidèle ?

Ce résumé n'a l'air de rien. Il n'y a pas beaucoup d'action dans ce livre. Pourtant je l'ai dévoré d'une traite dans les aéroports et les avions qui parsemaient mon retour de vacances. Ce court roman divisé en courts chapitres de deux-trois pages est une atmosphère de bien-être et de poésie. Il nous fait sentir et toucher l'Istanbul du début du XVIeme siècle. Il nous fait pénétrer en douceur les attitudes entières, presque lunatiques, de l'immense Michel-Ange ; ses allégresses, ses désespoirs, ses colères, ses affres d'amour. Il nous rappelle que, peu de temps auparavant, l'autre gloire musulmane européenne – Grenade – était tombée et que les chrétiens vainqueurs se comportèrent sans mansuétude envers des hommes tolérants.
La part imaginaire existe. Cependant l'auteur décrit en postface tous les éléments de vérité historiques sur lesquels il s'est basé pour écrire cette histoire. le socle a l'air solide.

Lire ce livre revient à poser un baume relaxant sur vos neurones. N'hésitez pas.
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Parle-leur de voyage, de pays lointain et de Bosphore.
Parle-leur de la ville à la beauté étincelante, aux formes généreuses, à la démarche poétique.
Parle-leur du Sultan, riche d'exigences et de caprices, de grandeur et de folie.
Parle-leur des danseuses envoûtantes aux regards denses, joueurs et complices.
Parle-leur de l'ami, celui qui sert et admire, dont la jalouse compagnie fait souffrir.
Parle-leur de l'artiste talentueux qui rêve d'immensité, de beauté, de légèreté et d'équilibre.
D'admiration et d'idolâtrie aussi.
Parle-leur de la difficulté d'aimer.
Parle-leur de peaux, de pierres, de ponts, de sillons, de parfums, de sens, d'essences.
Parle-leur d''essentiel.
Parle-leur de Michel-Ange.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Et dis-leur à quel point ce récit a touché mon coeur, bouleversé mon âme, animé mon être.
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Peut-être une légère déception, dont je ne sais si elle n'est pas personnelle.
L'anecdote est peu connue, ou je ne la connaissais pas. L'entrelacement entre les rapports artiste/mécène ou puissant, la découverte d'un autre monde, la résistance de Michel-Ange à l'amour et l'ambiguïté de ses sentiments, le personnage du poète, est habille. Mais, pour moi, les personnages restent un peu "personnages de papier" et les descriptions, les listes de noms de plantes, de senteurs, de lieux ne sont pas arrivées à me transmettre la sensualité qui est recherchée
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L'an passé j'ai lu Zone du même auteur... un gros roman, sans point, que j'ai mis des mois à lire... une véritable épreuve.
Et pourtant, celui ci me faisait le l'oeil. le titre m'intriguait beaucoup. J'ai fini par me laisser convaincre, en me disant que c'est un roman assez court, et donc s'il était aussi pénible à lire que le précédent, alors mon calvaire ne serait que de courte durée.
Et j'ai été totalement séduite. J'ai adoré.
L'histoire tout d'abord : les difficultés de la création et de la subsistance pour un artiste de la renaissance. le contexte : Constantinople quelques décennies après la chute de Byzance.
Et le style : c'est parfois presque de la poésie. Ces petits chapitres d'inventaires peuvent se lire seuls sans forcement se raccrocher au reste du récit et c'est un pur plaisir.
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