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3,71

sur 2101 notes
Je ressors de ce roman comme d'un rêve. Très court, d'une lecture limpide, il glisse sur votre esprit, tel un songe poétique. La plume de Mathias Enard est travaillée, ciselée, mais elle est accessible. Un récit entre conte et poésie, tout en finesse, dont le titre emprunté à Kipling, déjà vous transporte.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.... Magnifique titre .

Michel-Ange, le célébrissime sculpteur, débarque le 13 mai 1506 à Istanbul. Sur l'invitation du sultan Bajazet, il s'apprête à succéder à Léonard de Vinci, dont les plans ont été refusés, pour réaliser un pont sur la corne d'or.

L'écriture de l'auteur tient une grande place. Je m'y étais préparée. On se prend vite dans les voiles opaques de la narration où l'histoire et sa véracité deviennent presque anecdotiques, secondaires.
Le sujet du récit n'en est pas moins intéressant : ah Michel-Ange ...
Tout ce qui touche de près ou de loin à de tels génies artistiques, est toujours un enrichissement. Ces hommes de la Renaissance ne cesseront jamais de m'enthousiasmer. Approcher le grand maître, quand bien même tout ceci ne serait qu'en grande partie une fiction, découvrir quelques facettes du personnage, le voir travailler, c'est déjà un bonheur en soi.

Mon avis

Ce roman est certes très court mais je trouve que c'est cohérent, en totale adéquation avec le projet littéraire de Mathias Enard. Moi, j'y vois une sorte de rêverie d'auteur qui un jour, a entendu cette histoire d'un hypothétique voyage de Michel-Ange à Istanbul. Cela laisse songeur en effet. le reste est pure divagation. J'ai apprécié ce voyage aux portes de l'Orient. Un court voyage dont l'issue, la construction du fameux pont, reste très incertaine jusqu'à la fin.
Il faudra d'abord s'imprégner de la ville, admirer ses courbes et ses charmes, humer ses odeurs, observer les pas des danseurs et écouter les poètes.

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En 1506, pour échapper au pape Jules II et à des concurrents prêts à tout pour lui nuire, Michel-Angelo Buonarrotti embarque pour Constantinople. Là-bas l'attend Bajazet : le monarque est déçu des travaux de Léonard de Vinci et il veut confier au Florentin la réalisation des plans du pont qui traversera la Corne d'Or. « Servir le sultan de Constantinople, voilà une belle revanche sur le pontife belliqueux qui l'a fait jeter dehors comme un indigent. » (p. 14) Dans ce pays où tout lui est inconnu, le sculpteur craint d'être dépassé par la tâche que l'on attend de lui, d'autant plus qu'il est obsédé par une danseuse andalouse. « Michel-Ange ne dessine pas de ponts. Il dessine des chevaux, des hommes et des astragales. » (p. 20) Guidé par Mesihi, poète turc et ami, il découvre les intrigues d'une autre cour et les caprices finalement toujours ineptes des puissants. L'artiste doit dessiner le pont et ne veut que rentrer en Italie où ses frères l'attendent et où il doit se défendre contre une cabale qui menace sa réputation à Rome. « Tu es capable de rendre une passerelle de pierre, mais tu ne sais pas te laisser aux bras qui t'attendent. » (p. 131)

Dès le premier chapitre qui pose le décor historique, ce roman m'a emporté de l'autre côté de la Méditerranée. Que sais-je de Michel-Ange, si ce n'est le nom de quelques-unes de ses oeuvres ? Rien, pour être honnête. Cet épisode de la vie de l'artiste est un enchantement, une merveille de prose délicate et puissante. « Cet ouvrage ressemble au David ; on y lit la force, le calme et la possibilité de la tempête. Solennel et gracile à la fois. » (p. 102) J'ai retrouvé la plume si forte de Mathias Enard, déjà appréciée dans Rue des voleurs.
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Se faufilant dans un entrefilet cité par les biographes contemporains de Michel-Ange, Enard nous entraîne dans une uchronie (ou pas?) où le plus fameux des sculpteurs de la Renaissance italienne se rend à Constantinople à la demande de Bayezid afin de concevoir un pont sur la Corne d'Or.
L'idée est astucieuse et bien pensée.
Les personnages sont historiquement et psychologiquement très justes et proches de ce que le temps nous a laissé de leur personnalité et de leurs tourments.
La plume est belle et l'histoire se lit presque comme un conte mais, je ne sais pas trop pourquoi, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman pourtant fort court (ou peut-être est-ce à cause de cette brièveté?) et je n'y ai, finalement, jamais vraiment adhéré.
J'admire le travail de l'auteur et la richesse de ses recherches mais il me reste un petit goût de trop peu.
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C'est un petit livre qui se lit vraiment bien et très rapidement. j'aime cette écriture synthétique où tout est dit, et où il n'est point besoin de 600 pages... Nous sommes là dans l'histoire de Michel Ange, cette partie de sa vie à Constantinople en 1506... Une commande qui lui permet de laisser Rome où il ne se sent pas respecté, il cède donc à l'invitation du sultan. Et nous voilà dans la Constantinople du XVIe siècle avec cet orient toujours si mystérieux. Passionnant, très instructif. L'auteur a su rédiger une beau récit tout en respectant la grande histoire, les personnages, la vérité;..
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Avant de m'attaquer au nouveau roman primé de cet auteur, j'ai voulu commencer par ce roman-ci dont le titre m'a fortement intriguée.

Waouh, j'en redemande!

C'est beau, poétique, envoûtant.
En très peu de phrases, très peu de mots parfois (le roman ne compte que 152 pages), Enard recrée l'atmosphère cosmopolite de Constantinople, de ses tavernes bruyantes à ses rues animées et brosse magistralement le portrait de certains des protagonistes.
On succombe à la suite de Michel-Ange à la splendeur de cet Orient mystérieux.

J'ai trouvé certaines pages si belles que je les ai lues à haute voix.
La page d'ouverture du roman est à ce titre, pour moi, exemplaire : le fait que le narrateur semble s'adresser au lecteur d'une manière très énigmatique m'a tout de suite happée.
J'étais sous l'envoûtement du récit, digne parfois des contes des Mille et une nuits.

D'autre part, j'ignorais totalement cet épisode la vie du génial sculpteur, peintre, architecte italien, mais elle éclaire bien certaines influences de ses oeuvres postérieures.
L'auteur s'est documenté sur ses personnages, sur l'époque et cela donne une véracité et une grande précision à son récit.
En outre, il arrive avec justesse à dépeindre la subtilité de l'inspiration créatrice de son personnage et son talent immense.

La forme du roman est étonnante : à un récit classique suivant le séjour de Michel-Ange en terre ottomane, se mêlent des extraits de son carnet de notes (avec notamment des listes d'objets révélateurs du quotidien), de sa correspondance à ses frères restés en Italie et les réflexions d'un personnage mystérieux qui se révélera être la personne ayant partagé certaines des nuits de l'artiste. L'ambigüité de son identité, le flou des activités de l'artiste, les temps morts de l'intrigue confèrent une qualité onirique à l'aventure orientale.
Michel Ange a vécu une sorte de rêve éveillé, en terre exotique, puis cela s'est brutalement achevé; cependant, la nostalgie et les sentiments éprouvés sont demeurés longtemps après. C'est également le sentiment que j'ai ressenti en refermant le roman.

En fait, j'ai tellement apprécié ce bouquin que contrairement à mon habitude où je dévore le tout en quelques heures, j'ai pris tout mon temps pour le savourer, sachant qu'il n'y en aurait pas beaucoup. Quel plaisir.
J'espère retrouver le même plaisir quand je m'attaquerai au prix Goncourt.
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Je n'ai pas trouvé dans ce livre ce qui nous était promis dans le titre. On s'attend à une fresque historique, une épopée sous les ors et les fastes de la Renaissance, des scènes grandioses dans les palais du sultan Bayazid. Mais on ne trouve qu'un carnet de croquis, des esquisses sur un cahier de voyage, des ébauches de récit qui ne donnent qu'une vague idée de ce qu'espérait Michel-Ange en se rendant à la cour du souverain de la Sublime Porte.Le génial Italien se montre étrangement oisif, sans grande volonté, assez peu productif et finalement peu enthousiasmé par ses rencontres avec l'Orient.
Pas très convaincant, le scénario ne repose que sur des traces assez vagues du passage de l'artiste qui n'a pas laissé un grand souvenir aux stambouliotes. Contrairement à Leonardo, qui est un véritable ingénieur et architecte, Michel Ange n'est pas en mesure d'édifier un pont capable d'enjamber la mer et le projet grandiose avorte. De l'homme qui fit naitre tant de héros jaillissant du marbre, on attendrait plus de détermination pour accomplir son oeuvre. En guise d'éléphant, il accouche d'une souris. Et il ne fait que geindre sur l'avarice de ses puissants mécènes, et sur l'argent qu'on lui doit. On dirait un fonctionnaire qui attend sa prime de fin d'année.
Décevant.
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La première chose que j'ai envie de dire est que la magie du conte, l'envoûtement, n'ont pas fonctionné pour moi. Oui, la langue est belle, le procédé narratif original, avec des chapitres très courts, écrits au présent du subjonctif. le livre condense les activités quotidiennes de Michel-Ange, les sentiments éprouvés pour le futur génie par un poète turc interprète, et enfin quelques passages correspondent aux pensées d'un ou une inconnue dont l'identité mystérieuse est bien vite devinée.
Au final, on découvre l'histoire d'un être frustre, bien loin du génie que j'avais imaginé, qui ne sait pas trop où il en est. Les chapitres sont trop courts pour m'immerger dans une autre culture, il y peu de réflexions sur l'art en tant que tel. J'ai toujours imaginé qu'artiste rimait avec sensations et sentiments, et « Michelagnollo », comme le surnomme son frère, parait un personnage qui semble bien loin de ces deux univers, coincé entre son envie de créer des oeuvres immortelles, la radinerie de la papauté, son complexe vis à vis de Vinci, son refus de la sensualité et de l'amour.
Quant à l'écriture, ma foi… certains chapitres sont à mon avis complètement inutiles ou inintéressants (à mon avis hein, mais puisque je le donne…), comme ceux qui inventorient les possessions ou achats du grand homme :
« 19 mai : bougies, lampe, deux petites pièces ; brouet (herbes, épices, pain, huile) autant ; poissons en fritures, deux pigeons, un ducat et demi ; service, une petite pièce ; couverture de laine, un ducat. Eau fraiche et claire. »
Une page pour si peu…

Et puis il y a des passages certes poétiques, mais dont la métaphore m'échappe complètement :
« Je ne cherche pas l'amour. Je cherche la consolation. le réconfort pour tous ces pays que nous perdons depuis le ventre de notre mère et que nous remplaçons par des histoires, comme des enfants avides, les yeux grands ouverts face au conteur. »
Au commencement était le verbe, parait-il, et du verbe naquit le monde. de cette image jolie et poétique ne nait qu'incompréhension et étonnement de ma part.
Enfin, je suppose qu'il y a une jolie métaphore concernant le pont, qui pourrait relier des cultures, des pays, des hommes, etc… mais c'est pareil, je suis passée à côté !
Bon, le petit singe est mort, c'était mon personnage préféré avec Mesihi, le poète, qui en avait fait cadeau à l'Italien. Il y a aussi du bon dans ce prix Goncourt des lycéens 2010, du bon sur lequel je ne m'étendrais pas, les autres critiqueurs en parlent mieux que moi.

Je reste, au final, assez déçue de cette lecture, et suis étonnée que des lycéens aient choisi ce livre pour un titre aussi prestigieux.
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Lorsque j'ai refermé l'écrin qui renfermait ce beau roman, je me suis sentie charmée par le chant qui parcourt ce récit incantatoire.
Je n'ai pas tant retenu le fait historique en toile de fond du récit : une partie peu connue de la vie de Michel Ange résidant à Rome et appelé en 1506 par le sultan Ottomane Bajazet afin de construire un pont sur la Corne d'Or dans l'Istanbul de la Renaissance (Constantinople).
Je me suis délectée de chaque page, je les ai savourées une à une, lentement, laissant doucement pénétrer en moi cette mélodie des phrases au charme envoûtant.
Dans ce roman,chaque phrase, chaque paragraphe résonne au rythme de la musique évoquée dans le roman par Matthias Enard.
La tonalité lyrique du roman est une ode à l'art et à la création, à l'amour, à la sensualité et à la littérature.
Matthias Enard évoque le long et patient travail de conception de Michel Ange dans son atelier bien sûr mais on se laisse surtout griser par la danse enchanteresse de l'amante que Michel Ange rejoint dans les tavernes, après le travail à la nuit tombée,par la description sensuelle des son corps de rêve qui se meut avec grâce et légèreté au rythme d'une chaleureuse musique orientale, par la description du parcours artistique du corps de celle-ci dans l'intimité par Michel Ange qui ne consommera cependant pas la relation.
Par l'écriture et à travers la sensualité de Michel Ange, Matthias Enard nous invite à nous laisser aller à ce lent « dérèglement de tous les sens » dans les tavernes avec les effets de la boisson,de la musique envoûtante qui résonne dans le texte, de la nuit tombante.
Ce récit est aussi ponctué par la narration épique et lyrique des batailles De La Renaissance, elles sont comme un refrain et ponctuent les chapitres.
La quatrième de couverture insiste sur le fait historique, il me semble pourtant que la dimension lyrique du roman est essentielle.
N'hésitez pas, et laissez vous hypnotiser par ces belles histoires de rois, de batailles et d'éléphants.

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Parle-leur de poésie persane, de Bayazid, d'Ali Pacha, de palais ottomans, de Sainte Sophie, de Constantinople, de pont sur la Corne d'Or, de Michel-Ange.
Ajoute quelques intrigues pour lier le tout.
Et le lecteur sera comblé et peut-être déçu de ce plaisir trop court.
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Particulier ce roman, découpé en séquences de quelques pages d'une écriture où la poésie à sa place entière.

On suit Michelangelo Buonarroti à Istanbul dans un projet de construction de pont sur la Corne d'Or.

L'amour et l'architecture se construisent et se détruisent de la même façon, sur fond d'art et d'influence politique, circonstances fortuites, poursuite de la perfection de l'idéal d'amour et de beauté.

J'aime le parti pris de points de départ qui sont de multiples documents historiques, reliés à l'interprétation romanesque qui peut en être faites, à la réalité du livre.

Le titre et le concept qu'il représente sont le sujet.

Laissez vous embarquer dans ce monde entre réalité et fiction.
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