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Citations sur L'Invasion ou le Fou Yégof (19)

Alors le vieux cabaretier, appuyant ses deux grosses mains rouges aux bras de son fauteuil, se leva soufflant comme un veau, et fut se poser devant la pancarte, les bras croisés sur sa croupe énorme. Puis, d'un ton majestueux, il lut une proclamation des souverains alliés, déclarant « qu'ils faisaient la guerre à Napoléon en personne, et non pas à la France. En conséquence de quoi, tout le monde devait se tenir tranquille et ne pas se mêler de leurs affaires, sous peine d'être brûlé, pillé et fusillés. »

2151 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 134]
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On descend rarement dans ce défilé, car le Blutfeld a quelque chose de sinistre, surtout au clair de lune d'hiver. Les gens instruits du pays, le maître d'école de Dagsburg, celui de Halzach, disent qu'en cet endroit s'est livrée la grande bataille des Triboques contre les Germains, lesquels voulaient pénétrer dans les Gaules sous la conduite d'un chef nommé Luitprandt. Ils disent que les Triboques, des cimes d'alentour, précipitèrent sur leurs ennemis des masses de rochers, les broyèrent là-dedans comme dans un mortier, et que de ce grand carnage, la gorge a conservé le nom de Blutfeld (champs du sang). On y trouve des pots cassés, des fers de lance rouillés, des morceaux de casques et des épées longues de deux aunes, en forme de croix.

2150 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 118/119]
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Hullin, devenu grave, monta sur une pile de « tronces » et, promenant sur la foule des regards profonds, il dit au milieu du plus grand silence :
« L'ennemi a passé le Rhin avant-hier soir ; il marche sur la montagne pour entrer en Lorraine : Strasbourg et Huningue sont bloqués. Il faut nous attendre à voir les Allemands et les Russes dans trois ou quatre jours. »
Il y eut un cri général de « Vive la France ! »
« Oui, vive la France, reprit Jean-Claude, car si les alliés arrivent à Paris, ils seront maîtres de tout ; ils peuvent rétablir les corvées, les dîmes, les couvents, les privilèges et les potences ! Si vous voulez ravoir tout ça, vous n'avez qu'à les laisser passer. »

2148 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 92/93]
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Le contrebandier, grâce à sa connaissance approfondie de tous les défilés de la montagne, et de tous les chemins de traverse de Dagsburg à Sarrbrück, de Raon-l'Etape à Bâle en Suisse, se trouvait toujours à quinze lieues de tous les endroits où l'on avait commis un mauvais coup.

2139 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 61]
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(Phalsbourg 20 décembre 1813) - Tous les hôpitaux, depuis Mayence et Coblenz jusqu'à Phalsbourg, sont encombrés. Et d'ailleurs cette mauvaise maladie, le typhus, (…) tue plus de monde que le boulet. Tous les villages de la plaine, à vint lieues d'ici, en sont infectés ; on meurt partout comme des mouches. Heureusement la ville est en état de siège depuis trois jours, on va fermer les portes, il n'entrera plus personne.

2134 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 39]
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(Phalsbourg 20 décembre 1813) - Devant l’église, sur la place d'armes, stationnaient quinze ou vingt charrettes de blessés, arrivant de Leipzig et de Hanau. Ces malheureux, pâles, hâves, l’œil sombre, les uns déjà amputés, les autres n'ayant pas même été pansés, attendaient tranquillement la mort. (…) On frissonnait à voir ces groupes d'hommes mornes, avec leurs grandes, capotes grises, entassés sur la paille sanglante, l'un portant son bras cassé sur ses genoux, l'autre la tête bandée d'un vieux mouchoir ; un troisième, déjà mort servant de siège aux vivants, les mains noires pendant entre les échelles. Hullin en face de ce lugubre spectacle, resta cloué au sol. Il ne pouvait en détacher ses yeux. Les grandes douleurs humaines ont ce pouvoir étrange de nous fasciner ; nous voulons voir comment les hommes périssent, comment ils regardent la mort : les meilleurs ne sont pas exempts de cette affreuse curiosité. Il semble que l’éternité va nous livrer son secret !

2129 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 35/36]
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... un de ces vieux maîtres d'école allemands, qui se farcisent la tête de vieilles histoires de ma tante l'Oie, et vous les débitent gravement. A force d'étudier, de rêvasser, de ruminer, de chercher midi à quatorze heures, leur cervelle se détraque ; ils ont des visions, des idées biscornues, et prennent leurs rêves pour des vérités. J'ai toujours regardé Yégol comme un de ces pauvres diables, il sait une foule de noms, il parle de la Bretagne et de l'Austrasie, de la Polynésie et du Nidexk, et puis de Gérolseck, du Turkestein, des bords du Rhin, enfin de tout, au hasard; ça finit pas avoir l'air de quelque chose et ça n'est rien.

2107 - [Le Livre de Poche n° 5075, p. 28]
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Il y a pourtant des jours où l'on est bien heureux d'être au monde. Ah ! s'il n'y avait jamais ni pestes, ni guerres, ni famines, -- si les hommes pouvaient s'entendre, s'aimer et se secourir, -- s'il ne s'élevait d'injustes défiances entre eux, -- la terre serait un vrai paradis !
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Tel est le caractère des hommes ; pourvu qu'ils soient contents, la misère des autres les touche peu.
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