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Citations sur L'Invasion ou le Fou Yégof (19)

Le contrebandier, grâce à sa connaissance approfondie de tous les défilés de la montagne, et de tous les chemins de traverse de Dagsburg à Sarrbrück, de Raon-l'Etape à Bâle en Suisse, se trouvait toujours à quinze lieues de tous les endroits où l'on avait commis un mauvais coup.

2139 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 61]
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(Phalsbourg 20 décembre 1813) - Devant l’église, sur la place d'armes, stationnaient quinze ou vingt charrettes de blessés, arrivant de Leipzig et de Hanau. Ces malheureux, pâles, hâves, l’œil sombre, les uns déjà amputés, les autres n'ayant pas même été pansés, attendaient tranquillement la mort. (…) On frissonnait à voir ces groupes d'hommes mornes, avec leurs grandes, capotes grises, entassés sur la paille sanglante, l'un portant son bras cassé sur ses genoux, l'autre la tête bandée d'un vieux mouchoir ; un troisième, déjà mort servant de siège aux vivants, les mains noires pendant entre les échelles. Hullin en face de ce lugubre spectacle, resta cloué au sol. Il ne pouvait en détacher ses yeux. Les grandes douleurs humaines ont ce pouvoir étrange de nous fasciner ; nous voulons voir comment les hommes périssent, comment ils regardent la mort : les meilleurs ne sont pas exempts de cette affreuse curiosité. Il semble que l’éternité va nous livrer son secret !

2129 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 35/36]
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… un obstacle vaincu, d'autres se présentent. La vie humaine ressemble à la mer agitée : une vague suit l'autre, de l'ancien monde au nouveau, et rien ne peut arrêter ce mouvement éternel.

2153 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 243]
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Au-dehors, on entendait le « qui vive ? » des sentinelles, le passage des rondes, et sur les cimes d'alentour, les hurlements des loups qui suivaient nos armées par centaines comme depuis 1812. Ces animaux carnassiers, assis sur les glaces, leur museau pointu entre les pattes, et la faim aux entrailles, s'appelaient du Grosmann au Donon avec des plaintes semblables à celles de la bise.

2152 – [Le Livre de Poche n° 5075, p. 149]
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Hullin, devenu grave, monta sur une pile de « tronces » et, promenant sur la foule des regards profonds, il dit au milieu du plus grand silence :
« L'ennemi a passé le Rhin avant-hier soir ; il marche sur la montagne pour entrer en Lorraine : Strasbourg et Huningue sont bloqués. Il faut nous attendre à voir les Allemands et les Russes dans trois ou quatre jours. »
Il y eut un cri général de « Vive la France ! »
« Oui, vive la France, reprit Jean-Claude, car si les alliés arrivent à Paris, ils seront maîtres de tout ; ils peuvent rétablir les corvées, les dîmes, les couvents, les privilèges et les potences ! Si vous voulez ravoir tout ça, vous n'avez qu'à les laisser passer. »

2148 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 92/93]
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... un de ces vieux maîtres d'école allemands, qui se farcisent la tête de vieilles histoires de ma tante l'Oie, et vous les débitent gravement. A force d'étudier, de rêvasser, de ruminer, de chercher midi à quatorze heures, leur cervelle se détraque ; ils ont des visions, des idées biscornues, et prennent leurs rêves pour des vérités. J'ai toujours regardé Yégol comme un de ces pauvres diables, il sait une foule de noms, il parle de la Bretagne et de l'Austrasie, de la Polynésie et du Nidexk, et puis de Gérolseck, du Turkestein, des bords du Rhin, enfin de tout, au hasard; ça finit pas avoir l'air de quelque chose et ça n'est rien.

2107 - [Le Livre de Poche n° 5075, p. 28]
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… il a dû couler une bonne quantité d'eau des hauteurs du Falkenstein et du Grosmann, par la Sarre au Rhin, depuis qu'on n'a pas fait de feu dans cette tour.
Oui, répondit Catherine... et bien d'autres que nous ont souffert ici le froid, la faim et la misère. Qui l'a su ? Personne. Et dans cent, deux cents, trois cents ans, d'autres peut-être viendront encore s'abriter à cette même place. Il trouveront, comme nous, la muraille froide, la terre humide. Ils feront un peu de feu. Ils regardeont, comme nous regardons, et ils diront comme nous : « Qui a souffert avant nous ici ? Pourquoi ont-ils souffert ? Ils étaient donc poursuivis, chassés comme nous le sommes, pour venir se cacher dans ce misérable trou ? »

2156 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 270]
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Alors le vieux cabaretier, appuyant ses deux grosses mains rouges aux bras de son fauteuil, se leva soufflant comme un veau, et fut se poser devant la pancarte, les bras croisés sur sa croupe énorme. Puis, d'un ton majestueux, il lut une proclamation des souverains alliés, déclarant « qu'ils faisaient la guerre à Napoléon en personne, et non pas à la France. En conséquence de quoi, tout le monde devait se tenir tranquille et ne pas se mêler de leurs affaires, sous peine d'être brûlé, pillé et fusillés. »

2151 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 134]
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(Phalsbourg 20 décembre 1813) - Tous les hôpitaux, depuis Mayence et Coblenz jusqu'à Phalsbourg, sont encombrés. Et d'ailleurs cette mauvaise maladie, le typhus, (…) tue plus de monde que le boulet. Tous les villages de la plaine, à vint lieues d'ici, en sont infectés ; on meurt partout comme des mouches. Heureusement la ville est en état de siège depuis trois jours, on va fermer les portes, il n'entrera plus personne.

2134 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 39]
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– Oui, j’ai déjà regardé ; ils se préparent. »
Puis, riant tout bas :
« Tu ne sais pas Jean-Claude, tout à l’heure, comme je regardais du côté de Grandfontaine, j’ai vu quelque chose de drôle.
– Quoi, mon vieux !
– J’ai vu quatre Allemands empoigner le gros Dubreuil, l’ami des alliés ; ils l’ont couché sur le banc de pierre, à sa porte, et un grand maigre lui a donné je ne sais combien de coups de trique sur les reins. Hé ! hé ! hé ! devait-il crier, le vieux gueux ! Je parie qu’il aura refusé quelque chose à ses bons amis ; par exemple, son vin de l’an XI. »
Hullin n’écoutait plus, car, jetant par hasard un coup d’œil dans la vallée, il venait de voir un régiment d’infanterie déboucher sur la route. Plus loin, dans la rue, s’avançait de la cavalerie, et cinq ou six officiers galopaient en avant.
« Ah ! ah ! les voilà qui viennent ! s’écria le vieux soldat, dont la figure prit tout à coup une expression d’énergie et d’enthousiasme étrange. Enfin, ils se décident ! »
Puis il s’élança de la tranchée en criant :
« Mes enfants, attention ! »
En passant, il vit encore Riffi, le petit tailleur des Charmes, penché sur un grand fusil de munition ; le petit homme s’était fait une marche dans la neige pour ajuster. Plus haut, il reconnut aussi le vieux bûcheron Rochart, avec ses gros sabots garnis de peau de mouton ; il buvait un bon coup à sa gourde, et se dressait lentement, la carabine sous le bras et le bonnet de coton sur l’oreille.
Ce fut tout ; car pour dominer l’ensemble de l’action, il lui fallait grimper jusqu’à la cime du Donon, où se trouve un rocher.
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