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Citations sur L'Invasion ou le Fou Yégof (19)

La guerre va mal, Hullin, nous avons tout le monde contre nous, on ne veut pas de notre Révolution, vous le savez comme moi. Tant que nous étions les maîtres, que nous remportions victoire sur victoire, on nous faisait bonne mine ; mais, depuis nos malheurs de Russie, ça prend vilaine tournure.
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– Oui, j’ai déjà regardé ; ils se préparent. »
Puis, riant tout bas :
« Tu ne sais pas Jean-Claude, tout à l’heure, comme je regardais du côté de Grandfontaine, j’ai vu quelque chose de drôle.
– Quoi, mon vieux !
– J’ai vu quatre Allemands empoigner le gros Dubreuil, l’ami des alliés ; ils l’ont couché sur le banc de pierre, à sa porte, et un grand maigre lui a donné je ne sais combien de coups de trique sur les reins. Hé ! hé ! hé ! devait-il crier, le vieux gueux ! Je parie qu’il aura refusé quelque chose à ses bons amis ; par exemple, son vin de l’an XI. »
Hullin n’écoutait plus, car, jetant par hasard un coup d’œil dans la vallée, il venait de voir un régiment d’infanterie déboucher sur la route. Plus loin, dans la rue, s’avançait de la cavalerie, et cinq ou six officiers galopaient en avant.
« Ah ! ah ! les voilà qui viennent ! s’écria le vieux soldat, dont la figure prit tout à coup une expression d’énergie et d’enthousiasme étrange. Enfin, ils se décident ! »
Puis il s’élança de la tranchée en criant :
« Mes enfants, attention ! »
En passant, il vit encore Riffi, le petit tailleur des Charmes, penché sur un grand fusil de munition ; le petit homme s’était fait une marche dans la neige pour ajuster. Plus haut, il reconnut aussi le vieux bûcheron Rochart, avec ses gros sabots garnis de peau de mouton ; il buvait un bon coup à sa gourde, et se dressait lentement, la carabine sous le bras et le bonnet de coton sur l’oreille.
Ce fut tout ; car pour dominer l’ensemble de l’action, il lui fallait grimper jusqu’à la cime du Donon, où se trouve un rocher.
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Il y eu table ouverte dans les granges et sous les hangars. Ce qu'on consomma de vin, de pain, de viande de tartes, et de « kougelhof », je ne puis le dire ; mais ce que je sais bien, c'est que Jean Claude, fort sombre depuis l'entrée des alliés à Paris, se ranima ce jour-là, en chantant le viel air de sa jeunesse, aussi allégrement que lorsqu'il parti, le fusil sur l'épaule, pour Valmy, Jemmapes et Fleurus. Les échos du Falkenstein en face répétèrent au loin ce vieux chant patriotique, le plus grand, le plus noble que l'homme ait jamais entendu sous le ciel.

2181 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 302]
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… je veux être homme ; je prêcherai la paix, la fraternité, la justice ! Ah ! Mes amis, disait-il, nous souffrons par notre propre faute. Qu'avons-nous fait de l'autre côté du Rhin depuis dix ans ? De quel droit voulions-nous imposer des maîtres à ces peuples ? Pourquoi n'échangions-nous pas nos idées, nos sentiments, les produits de nos arts et de notre industrie avec eux ? Pourquoi n'allions-nous pas les trouver en frères, au lieu de vouloir les asservir ? Nous aurions été bien reçu ! Qu'ils ont dû souffrir, les malheureux, pendant ces dix années de violence et de rapine !... Maintenant ils se vengent … et c'est justice !...

2173 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 287]
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Parlez haut, monsieur, s'écria-t-il, que tout le monde vous entende ! Lorsqu'il s'agit d'honneur et de patrie, personne n'est de trop en France, les femmes s'y entendent aussi bien que nous.

2168 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 279]
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Pourquoi fatigué le ciel de nos gémissements ? Pourquoi redouter l'avenir ? Tout cela ne dure qu'une seconde ; nos plaintes ne comptent pas plus que le soupir de la cigale en automne : est-ce que ses cris empêchent l'hiver d'arriver ? Ne faut-il pas que les temps s'accomplissent, que tout meure pour renaître ? Nous sommes déjà morts, et nous sommes revenus ; nous mourrons encore, et nous reviendrons. Et les montagnes, avec leurs forêts, leurs rochers et leurs ruines, seront toujours là pour nous dire : « Souviens-toi ! Souviens-toi ! Tu m'as vu, regarde encore, et tu me reverras dans les siècles des siècles ! »

2158 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 273/274]
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… il a dû couler une bonne quantité d'eau des hauteurs du Falkenstein et du Grosmann, par la Sarre au Rhin, depuis qu'on n'a pas fait de feu dans cette tour.
Oui, répondit Catherine... et bien d'autres que nous ont souffert ici le froid, la faim et la misère. Qui l'a su ? Personne. Et dans cent, deux cents, trois cents ans, d'autres peut-être viendront encore s'abriter à cette même place. Il trouveront, comme nous, la muraille froide, la terre humide. Ils feront un peu de feu. Ils regardeont, comme nous regardons, et ils diront comme nous : « Qui a souffert avant nous ici ? Pourquoi ont-ils souffert ? Ils étaient donc poursuivis, chassés comme nous le sommes, pour venir se cacher dans ce misérable trou ? »

2156 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 270]
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… chacun se disait : « Qu'est-ce que les hommes, pour se détruire ainsi, pour se tourmenter, se déchirer, se ruiner ? Que sont-ils fait pour se haïr ? Et quel est l'esprit, l'âme féroce qui les excite, si ce n'est le démon lui-même ? »

2155 – [Le Livre de Poche n° 5075, p. 201]
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… un obstacle vaincu, d'autres se présentent. La vie humaine ressemble à la mer agitée : une vague suit l'autre, de l'ancien monde au nouveau, et rien ne peut arrêter ce mouvement éternel.

2153 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 243]
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Au-dehors, on entendait le « qui vive ? » des sentinelles, le passage des rondes, et sur les cimes d'alentour, les hurlements des loups qui suivaient nos armées par centaines comme depuis 1812. Ces animaux carnassiers, assis sur les glaces, leur museau pointu entre les pattes, et la faim aux entrailles, s'appelaient du Grosmann au Donon avec des plaintes semblables à celles de la bise.

2152 – [Le Livre de Poche n° 5075, p. 149]
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