Citations sur L'homme coquillage (81)
"Tony parlait un anglais métissé, un mélange de patois jamaïcain et des îles Vierges, de créole et d'argot américain; il employait des mots simples mais percutants, sa façon de dire les choses était directe, incroyablement intelligente. Ses images étaient riches et fortes, il possédait une inventivité et une poésie naturelles comme on en rencontre chez peu de gens. Il était à la fois délinquant du ghetto, poète de rue, sage mystique de la nature. Une vraie âme de corsaire."
Et s'il m'est impossible de saisir l'Homme Coquillage dans toute sa complexité, ce à quoi je ne saurais même pas prétendre, il me faut cependant essayer d'en faire le portrait fidèle, fidèle à ce qu'il fut pour moi. Pour y parvenir, c'est en moi-même que je dois m'efforcer de creuser, car l'Homme Coquillage représente une part magique et extraordinaire d mon existence, un présent qui ne saurait plus s'en dissocier.
" Tout le monde a peur du noir, mais il faut savoir s'ouvrir à la lumière que les ombres portent en elles. "
Sous les tropiques l'alcool vous monte à la tête d'un seul coup, transformant aussitôt les timides en audacieux, les introvertis en flamboyants, les grincheux en bravaches ;
Je me sentais prête à toutes sortes de folies, j'éprouvais le désir incontrôlable de danser, de faire l'amour ou de provoquer un incident. Et comme sous ce climat les effets de l'alcool disparaissaient aussi vite qu'ils venaient. Maya et moi découvrîmes qu'il était possible de boire toute la journée sans risque.
"J'appris plus tard que son béret tricolore était un des symboles de la religion rastafari, originaire d'Afrique et très répandue aux Caraïbes, un signe de protestation contre le racisme et la colonisation, de même que les dreadlocks, ....
... Vert, pour la terre arrachée aux colons; jaune pour la richesse de cette terre; et rouge pour le sang versé à la reprendre."
“Il n’essaya ni de me juger, ni de m'analyser, ni de mettre en doute, sur un ton ironique, la “vérité” de ce que j'avais dit. Les approches logiques et rationnelles de la chose m'écœurent autant que les mots d’amour à deux sous; la surface du globe grouille de gens qui n’ont rien d’autre à faire valoir que leur intelligence. Faisant preuve d’un courage dont nousautres intellectuels serions à jamais dépourvus, Tony était en mesure d’affronter l’évocation du suicide, et de lui répondre de la seule manière humaine qui fût, par la tristesse.”
« Tu ne fais pas confiance aux gens, toi, pas vrai? Je veux t’en offrir parce
que j’en ai assez pour pouvoir en offrir à mes amis. Est-ce que tu ne m’as pas demandé si j’en vendais? »
On avait l’impression qu’il parlait à un enfant.
« Si.
- Et je t’ai dit que je pouvais t’en vendre, pas vrai? Donc, tu étais prête à m’en acheter. »
Il avait raison, je me taisais.
« Tu as assez confiance pour acheter mais pas pour recevoir un cadeau. »
(...) c’était une chose sacrée, miraculeuse, que pût entre deux êtres s’établir une communication nue, sans masque, sans que ni l’un ni l’autre n’eût besoin de se réfugier derrière une armure ou un bouclier.
"Regarde, voilà les nuages de nuit."
Le ciel était divisé en deux comme fendu d'un seul trait de couteau, une moitié inondée de lumière, l'autre absolument noire. L'obscurité formait un grand nuage aspirant la lumière du jour, tel un monstre énorme dévorant sa victime. La nuit se répandait aussi vite qu'une fumée. p.147
J'appris plus tard que son béret tricolore était un des symboles de la religion rastafari, originaire d'Afrique et très répandue aux Caraïbes, un signe de protestation contre le racisme et la colonisation, de même que les dreadlocks, ces longues tresses de cheveux qu'on ne peigne jamais. Vert, pour la terre arrachée aux colons; jaune pour la richesse de cette terre ; et rouge pour le sang versé à la reprendre. p 84