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EAN : 9782330134884
140 pages
Actes Sud (08/04/2020)
3.74/5   35 notes
Résumé :
Roman en douze chapitres qui évoque plusieurs périodes de la vie de l'auteur.
Un livre tel un requiem où l'on trouve la quintessence de l'oeuvre d'Asli Erdogan, qui parvient une fois encore à transmuer le réel, à imposer au lecteur le sentiment qu'il n'est plus que vibration face à un pays, une ville, et l'exil.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Asli Erdoğan a rédigé ce texte durant son exil en Allemagne. Seule une prose poétique pouvait nous dire le bleu nuit d'Istanbul mêlé de boue et d'or, et nous convier à suivre les méandres du coeur pour mieux capter l'indicible des mots, ces mots qui expriment avec pudeur le chaos du monde.
« Les mots s'approchent de la nuit en silence, hésitant à briser la rondeur du sommeil (…) ils parcourent la nuit des hommes (…) traversent d'interminables rues, les sentiers brûlants des enfers… Et les voilà qui traversent ma nuit, telles des comètes éteintes, portant sur eux le poids du monde, dans l'accomplissement de ses mille destins. »
Bien qu'il soit rédigé à la première personne, c'est notre humanité que convoque ce texte, ce qui nous compose, nos origines, la nuit qui a précédé notre naissance et celle qui nous entoure. Pour l'auteure, il y a nécessité d'écrire « le labyrinthe de la nuit », la solitude, la peur de l'abandon. « J'écris. J'écris afin de pouvoir continuer de croire qu'existe en moi un être qui jamais ne m'abandonnera, ni ne disparaîtra. Je tisse des murs de mots pour clore les brèches de l'existence. » du fond de la nuit, parfois, surgit une lumière, inattendue, comme cette simple inscription sur un ticket de caisse : « Je te souhaite une belle journée et un bel été (…) J'ai souri comme je n'avais pas souri depuis des années, un sourire étincelant, rayonnant de bonheur. »
Les pensées d'Asli Erdoğan errent dans les ruelles de Galata, « artères de la vie, couleur de coeur, aux innombrables destins coagulés ». L'aube n'est pas loin et même si « le monde, lui, ne semble pas encore avoir fini sa nuit », la lumière est là « qui dit que tout est infiniment beau… »
Elisabeth Dong pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/requ..
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Livre très difficile à chroniquer.
L'auteure livre ici ses réflexions sur sa vie , sa ville, ses pensées, ses idées, leur noirceur surtout.

C'est magnifiquement écrit, on se laisse porter par la vague des mots , les mots nous soulèvent, la musicalité des phrases est brillante. On dirait presque du Damien Saez après vingt cinq whisky coca.
Mais je n'ai rien compris :)
Toujours est il que j'ai beaucoup de respect pour cette auteure , exilée en Allemagne , après avoir été arrêtée et emprisonnée en 2016 en Turquie par son homonyme. L'écriture lui semble vitale , après avoir tordu le coup à la physique nucléaire dans sa jeunesse.
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« Voici la dernière heure, l'heure du vent et des morts. » 3ème livre que je lis d'Asli Erdogan. Et j'aime toujours autant. C'est une poésie de la dénonciation, de la mort, de l'outrage, mais aussi de la vie. Dans le chapitre « Les masques de Narcisse » ou dans ses « lettres d'adieu », l'auteure s'y révèle toujours plus, s'analyse. Elle s'interroge sur la vie, sa vie, ses choix, son destin, sur son travail d'écrivain. C'est en fait un recueil de plusieurs textes, paru en Turquie en 2009 et paru en France seulement cette année. Elle y évoque aussi Galata, l'un des quartiers historiques d'Istanbul, sa ville natale, sa ville de coeur. Les chapitres son courts mais très denses. C'est une poésie en prose qui se lit avec attention. Chaque mot nous emporte, nous élève. Un grand merci au traducteur. C'est magique.
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Un rendez-vous manqué comme cela peut parfois arriver ...
Tout était pourtant réuni, du nom de l'auteure, Asli Erdogan, à la maison d'édition, Actes Sud, en passant par un titre et une quatrième de couverture attirants.
Et puis, j'ai eu du mal à rentrer dans le livre, à faire corps avec lui. Sans doute pas le moment.
Je suis resté un peu à l'écart des si belles pages d'Asli Erdogan. Parce que la langue est belle même si parfois trop peu "concrète" pour moi.
Et parallèlement, c'est ce mystère qui fait aussi tout le sel du livre. Qu'au final, malgré le titre, "Requiem pour une ville perdue", je vois comme une déclaration d'amour et un cri d'espérance, celui d'une femme qui vit en exil et se languit de sa ville, de sa vie passée, d'Istanbul, sa ville perdue.
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Requiem pour une ville perdue n'est pas un roman. C'est bien plutôt un texte poétique qui prend la forme d'une méditation sur des thèmes graves comme les origines, la naissance, la vie, la mort. L'écriture est sensuelle et féminine – la narratrice est une femme – grave, désespérée, onirique, violente aussi. Elle prend parfois la forme d'une danse macabre.

La lecture demande une certaine concentration. Ce n'est pas un livre à emporter dans les transports en commun. Mieux vaut s'isoler pour le lire dans sa chambre, ou s'échapper dans la nature en solitaire.

On retrouve des constantes tout au long du texte. Ce sont, pour ce qui concerne les couleurs, le rouge et le bleu, le noir aussi. C'est encore la cigarette de la narratrice quand elle écrit.

Le récit est assez confus. Il est bien découpé, mais comporte plusieurs départs. L'auteur met en scène le processus d'écriture. On voit les feuillets s'accumuler et se disperser autour d'une narratrice plurielle, tantôt "je", ou "tu", tantôt "elle". L'écriture semble impuissante à exprimer sa souffrance, elle ne fait pas sens. Les mots sont des coquilles vides.

L'auteur donne quelques clés pour la compréhension de son texte :"Je suis le récit de moi-même". Son écriture est très personnelle, en effet. Elle semble se chercher et s'inventer constamment. Tout cela est toutefois bien hermétique. Il faut s'efforcer de trouver un sens. le texte arrive par vagues, se répète dans un rythme qui évoque la mer, très présente. La ville n'est pas nommée, mais on comprend qu'il s'agit d'Istanbul, avec son port, et ses chats errants, et le quartier historique de Galata.

L'écriture d'Asli Erdogan est tourmentée. Elle exprime les angoisses de l'auteur face au sens de la vie, lorsqu'elle évoque la mort, le temps qui passe, l'abandon.

J'avais tenté une première lecture il y a longtemps, j'ai réussi, cette fois, à entrer dans l'univers d'Asli Erdogan. Ce n'est pas facile, plutôt déprimant, mais il s'en dégage une réelle poésie.
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critiques presse (3)
Telerama
04 octobre 2022
Asli Erdogan fait ici entendre le timbre rocailleux d’une rage issue du plus profond d’elle-même, car elle ne sait pas se taire. Magnifique, le titre turc se traduit par « Dans le silence de la vie », et la puissance sonore du texte en dit long sur la lutte des contraires qui secoue aujourd’hui cette autrice.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
27 juillet 2020
Requiem pour une ville perdue est un livre intense, comme son autrice, qui se déguste par petites bouchées et qui se médite longtemps après.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeMonde
03 juillet 2020
L’écrivaine turque dit la douleur de l’exil et celle de son pays de moins en moins libre dans un livre inclassable et envoûtant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Tu t'ouvres aux funestes sentiers de la nuit, à ses obscurs rougeoiements. Hors d'un long puits tu t'éveilles aux ténèbres, à ce destin dont tu as tant retardé l'avènement. L'horizon où plonge ton regard est imaginaire, et le vent qui souffle de la mer, si violent qu'il sèche toutes tes larmes. Il fait claquer à toute volée les portes du passé derrière toi.
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Et elles sont arrivées. Une par une, de tous côtés, lentes comme dans un songe... Femmes surgies des grottes, des vallées, des cauchemars, des souterrains... Elles avancent ensemble, titubant, s'accrochant les unes aux autres, d'un pas lent qui semble tâter le sol sur lequel elles marchent. Visages couleur de cendre, en costume de capes, de guenilles, de plumes défaites. L'une appuyée sur des béquilles, l'autre sur un morceau de bois flanqué de roulettes, une autre le front ceint de bandages telle une couronne d'épines... Pansements qu'elles ont elles-mêmes fabriqués afin d'empêcher leurs blessures de suinter.
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Du haut de la montagne de la mort, aride et pelée, je regarde le soleil se coucher en contrebas, et le crépuscule fait apparaître la vallée plus belle et plus profonde qu'elle n'est en réalité.
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Mais vivre, pour moi, c'est surtout le regret des lieux que je n'ai pas vus, des livres que je n'ai pas lus, des mots que je n'ai pas créés, des phrases qui me sont restées sur le bout de la langue.
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Aujourd’hui, ce matin, d’entre tant de mots innombrables, d’entre tous les mots justes qui s’entassent, j’en ai choisi qu’un seul : Vie. Ce mot, je lui courrai après jusqu’à en perdre haleine. Je dois courir sans m’arrêter, sans cesse accélérer. Jusqu’à ce qui m’attend...
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