« J'écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d'autres fluides corporels, l'écriture, chez moi, est une sécrétion. »
Mon petit, Nadège Érika @nadege_erika @livresagites #rentreelitteraire2023
Un, deux, trois, soleil!
L'enfance, l'insouciance, l'innocence…
Vous reprenez la même formule et…
Un, deux, trois, uppercut!
Enfance brisée, écartelée!
Vie de misère, fille d'une mère qui a fait 4 enfants avec 4 pères différents!
Une grand-mère qui essaie de compenser, de composer, une mère absente, défaillante, immature…
« Chez Grand-Maman, j'étais une enfant. Chez Jeanne, j'étais l'un des deux « grands », avec mon frère.
J'ai navigué toute mon enfance entre Belleville et porte de Montreuil, entre deux femmes qui se ressemblaient à peine. Deux maisons, donc, boulevard Davout et rue Piat, deux ventricules d'un même coeur dont les battements ont rythmé mon existence depuis mon entrée au CP jusqu'à la troisième. »
Nana!
Elle nous chavire le coeur directement!
Sa façon de nous raconter son enfance, à hauteur de môme; et puis cette manière d'évoquer ses souvenirs, à l'âge adulte…
« Jétais perdue. J'étais petite-fille de veuve, fille de mère célibataire, et à la maison on n'avait pas le droit de parler des pères. J'avais des soeurs, un frère, une mère - enfin, plutôt deux avec Grand-Maman -, des oncles, ça s'arrêtait là et on me disait que j'avais suffisamment de quoi. »
Nana, cette enfant qui n'a jamais pu en être une, cette enfant écartelée, livrée à elle-même, qui évolue dans un environnement toxique, malgré l'amour de sa grand-mère qui fait de son mieux…
Une écriture incisive, comme des coups de couteaux portés au coeur… comme les pas de cette enfant qui résonnent sur le pavé quand elle part de chez sa grand-mère pour aller chez sa mère, de chez sa mère pour vivre sa vie, sa liberté…
Comment peut-on se construire dans un environnement aussi peu adapté?
Il y a certes, la grand-mère aimante, mais les oncles, le reste de la famille, ils vous font sentir comme des moins-que-rien…
« Je me souviens d'avoir entendu mon oncle le Brun prononcer le mot « lupanar ». « C'est un vrai lupanar, là-bas, et j'en ai plein le dos de casquer pour eux! » avait-il gueulé. Eux, c'étaient nous, Jeanne et son « cheptel », comme il disait quand il passait voir Grand-Maman et qu'il était énervé de la voir éreintée. Il lui ordonnait de rendre à sa soeur son cheptel et de la laisser se démerder avec la DDASS, ses mecs et ses salades. Et Grand-Maman se mettait à pleurer, et le cheptel faisait semblant de ne pas entendre. »
L'enfant devient une jeune adulte qui se construit une vie, un peu bancale, faite de rêves et de souffrances… une vie marquée du sceau « pas née sous une bonne étoile »!
Une vie qui émeut, touche, bouleverse…
« «Je ne serai plus jamais heureuse. À présent, tout ce qu'il adviendra de ma vie sera toujours trop long. »
J'avais vingt ans.
On n'a pas tous les jours vingt ans. Cela n'arrive qu'une fois seulement.
Grand heureusement. »
J'ai été émue aux larmes… je ne m'attendais pas à être cueillie de la sorte par ces mots, par cette plume sans concession, authentique… la plume d'un phénix qui renaît de ses cendres!
Nana, je voulais te le dire: je t'ai comprise! Enfant, adulte, je partage ta peine pour qu'elle te soit plus légère… pour que la vie te sourie, enfin…
Merci pour tes mots sur tes maux: ils sont bouleversants de beauté et de vie!