AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de avislitterairedetheoetgaultier


Poursuite de la découverte enchantée du recueil Ecrire la vie, réunissant les écrits d'Annie Ernaux parus entre 1974 et 2011, avec un troisième livre, L'Evénement. Ce dernier raconte l'avortement vécu par l'auteure à l'âge de 23 ans, le 15 janvier 1964, ce même avortement qui fut la toile de fond de son premier livre Les Armoires vides (1974).

Agée de 60 ans lors de l'écriture de cet ouvrage, Annie Ernaux tend à « mettre en mots ce qui apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l'interdit, de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps »

On se confronte au travers de ce récit viscéral à l'expérience de l'avortement dans les années 60, une expérience clandestine, indicible et délinquante, aux conséquences potentiellement mortelles, bordée par la crainte des médecins face à la loi anti-avortement, qui pouvait les envoyer en prison et leur interdire d'exercer pour toujours, et par la rencontre avec la faiseuse d'anges, « cette femme qui m'a arrachée à ma mère et m'a jetée dans le monde ».

Après l'enfance et l'adolescence des Armoires vides et de la Honte, c'est la naissance à soi de la femme Annie Ernaux qui se livre aux yeux du lecteur. L'auteure avertit que cela peut déranger, mais légitime cette démarche : « si je ne vais pas au bout de la relation de cette expérience, je contribue à obscurcir la réalité des femmes et je me range du côté de la domination masculine du monde. »

Elle donne par ailleurs ce qui, à mes yeux, est une des plus belles raisons d'écrire : « le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l'écriture, c'est-à-dire quelque chose d'intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres. »

Gaultier
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}