Chapitre 5 :
Selena
«…— Je n’ai pas envie de faire copain-copine avec le mec qui m’a fait perdre mon boulot, sifflé-je, la mâchoire serrée.
— Oh ! Ça… Tu en retrouveras un autre.
Je prends une grande inspiration et me pince l’arête du nez. Ce mec est vraiment con. Il ne comprend pas ma situation.
— Je vais sûrement t’apprendre quelque chose, mais la vie n’est pas toute rose pour certains. Je ne suis pas née avec une cuillère en argent, sertie de diamants dans la bouche, moi ! J’ai un loyer à payer, des factures à régler et quelqu’un qui compte sur moi. Sans ce boulot, je n’ai pas de fric et si je n’ai pas de fric, je suis à la rue !
Il abaisse la tête et fixe le trottoir.
— Ouais, je comprends.
Je souffle d’agacement. S’il y avait bien quelque chose qu’il ne devait pas dire, c’est ça ! Comment peut-il comprendre ? Ce mec n’a jamais été dans ma situation. Il ne sait pas ce que c’est de galérer pour vivre. Lui a tout. Moi, je n’ai rien.
— Non, tu ne comprends pas ! Tu ne pourras jamais comprendre. Travailler est vital pour les gens de mon espèce. Toi, tu as juste à respirer pour que ton compte en banque gonfle sans que tu aies besoin de lever le petit doigt. Alors ne me dis pas que tu comprends. Tu es juste un connard qui se croit supérieur et qui n’hésite pas à faire virer le petit peuple. Tu te prends pour Dieu mais tu oublies juste que personne ne t’attend dans ce monde. Tu es aussi insignifiant que moi.
ll ne dit pas un mot, me laissant extérioriser ce que je pense tout bas depuis tant d’années. Me décharger sur lui me fait du bien. Et lui, il encaisse sans broncher.
— Vis ma vie pendant un mois, galère à trouver un job ou du fric ou même à te nourrir comme moi je le fais depuis des années, et là, tu pourras me dire que tu comprends.
Je tourne ma tête, ne voulant pas que ce connard me voie pleurer.
Je me lève alors rapidement quand j’aperçois Amber s’approcher discrètement. Je fonce sur elle en essuyant mes larmes.
— On peut y aller, s’il te plaît ? l’imploré-je.
...»
Selena est un univers à elle toute seule et depuis notre rencontre, j'ai l'inpression que je gravite autour d'un astre lumineux, attiré par sa prestance et sa personnalité. Il faut de tout pour faire un monde mais il n'y a que Selena qui fasse le mien. Alors être aimé par cette femme c'est retrouver goût à la vie...
Je joue un rôle et c’est ce que je déteste le plus. Quand je me déshabille, je ne suis pas moi. Je dois jouer le jeu, aguicher un tas d’hommes et les exciter. Et prendre sur moi. Ce job m’oblige à être une femme attirante. Une femme que Selena ne sera jamais mais que Shania doit être. Je me souviens de ce que m’a dit Amber lorsque j’ai commencé ce travail, il y a trois ans maintenant : « Sois le fantasme qu’ils veulent que tu sois. Une séductrice, une dominante, une femme accessible. Crée-leur le besoin de te désirer. »
Chapitre 3 :
Selena
«… Le docteur m’offre un sourire rassurant.
— Non. Ça n’aggrave pas le cas de Sam. Mais ça ne l’améliore pas pour autant.
— Qu’est-ce que vous suggérez, docteur ? Que j’arrête de lui donner son traitement ?
Il secoue la tête.
— Non. Il est important que Sam ait son traitement au quotidien. Ça stabilisera son état.
Qui est déjà critique…
— Vous vous rappelez quand nous avons parlé d’une greffe ? reprend le médecin.
...»