L'espace de la réception serait divisé en un ensemble d'interprétations déjà connues, déjà structurées dans un champ polémique où les prises de position sont en même temps des coups dans le jeu social exécutés par les membres du public, et un ensemble d'appropriations compréhensives d'objets par des "non-publics", c'est-à-dire des publics dont les goûts illégitimes ne sont pas reconnus dans l'espace public. Bien sûr, chaque domaine est essentiellement dynamique, et il suffit qu'une posture illégitime soit défendue par un acteur social disposant d'un poids suffisant pour que celle-ci puisse devenir position dans le champ. L'étude de la réception, dans cette perspective, ne serait pas réduite à l'étude d'un contact ou d'une rencontre, mais engagerait l'articulation d'une situation (de réception) à l'état de l'espace social.
Un public, dès qu'il se sent concerné par un objet, se sent autorisé à parler de lui et même pour lui, jusqu'à vouloir le redéfinir.
Odin distingue neuf modes différents qui peuvent être convoqués par le spectateur séparément, successivement ou conjointement durant toute projection cinématographique: les modes spectaculaire, fictionnalisant et documentaire sont les plus connus. le spectateur fabulisant cherche à tirer une leçon du film. Dans le mode artistique, il voit le film comme la production d'un auteur et dans le mode esthétique, comme un travail sur les images et les sons. Il veut en tirer un discours quand il regarde sur un mode argumentatif/persuasif. Il veut vibrer aux images quand il les regarde de façon énergétique et s'intéresse à son propre vécu quand il observe leur valeur privée.