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3,38

sur 90 notes
°°° Rentrée littéraire #26 °°°

Cela fait quinze jours que j'ai achevé cette lecture ... et je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou si je me suis ennuyée. En fait, je pense que c'est un peu des deux.

Diana Evans nous plonge dans la vie domestique et intime de deux couples de quadragénaires de la classe moyenne, issus de l'immigration, tous deux au bord d'une rupture, d'une révolution ou d'un nouveau départ, jusque cela bascule dans un sens net.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est l'écriture au scalpel qui décortique avec beaucoup de délicatesse et d'acuité les rapports homme – femme ainsi que les ressorts d'un couple.Elle dit très bien l'effacement de soi dans le couple lorsque l'enfant parait, la charge mentale, les frustrations de voir ses rêves d'accomplissement personnel s'engluer dans la réalité du quotidien. Difficile de ne pas se reconnaitre à un moment donné dans ses propres compromis.

le personnage de Melissa est à ce titre de loin le plus intéressant car c'est celui dont le mal-être tranche le plus avec l'acceptation affichée des autres, le seul à dériver vers autre chose qu'une léthargie linéaire, le seul en révolte. le récit quasi surréaliste de son accouchement ou celui de sa paranoïa à sentir la présence d'un fantôme pour symboliser son malaise sont vraiment très réussis.

J'ai également apprécié les descriptions inscrivant ce roman dans une urbanité très contemporaine : le panorama d'un Londres agité et multiple, son énergie frénétique, la torpeur de ses banlieues, les trajets pendulaires pesants du travail au domicile conjugal.

Il n'empêche que cette intrigue faite d'anecdotiques détails conjugaux a fini par m'ennuyer un peu, alors que le parti pris de s'affranchir des conventions du trop-plein de rebondissements me paraissait fort intéressant. Sur le dernier quart, les belles phrases amples m'ont semblé bien verbeuses et m'ont fait quelque peu décrocher. Ce n'est pas facile de rester en équilibre sur une crête faite de petits drames familiaux purement banals. le titre est à ce titre très justes, des gens ordinaires qui peuvent nous toucher ou pas selon que l'on est en recherche de transcendance ou pas.

Reste de beaux passages comme celui-ci :
« Parfois dans la vie des gens ordinaires, il y a une étape décisive, une révélation, un grand changement. Il survient sous un ciel bas, jamais lumineux. Jamais quand tout va bien. Vous marchez sur une route défoncée. le bitume s'effrite sous vos pieds et vous commencez à boiter, vous portez des haillons, un vent mauvais vous souffle au visage. Vous avez l'impression de marcher depuis très longtemps. Vous perdez espoir. Vous ne savez plus pourquoi vous marchez et la seule chose qui vous maintient en vie, c'est cet instinct têtu, tellement humain, qui vous pousse à agir. Soudain, devant vous, quelque chose apparaît. Quelque chose d'éblouissant, complètement extérieur à votre vie. Cette lueur est si vive qu'elle vous oblige à plisser les yeux. Vous la regardez. Vous plissez les yeux. Et vous vous arrêtez."

Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°10 )
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Troisième roman de Diana Evans, "Ordinary People" est sorti en librairie le 11 septembre.

Son roman décrit, à travers deux couples quarantenaires les failles et les errances d'hommes et de femmes issus d'une classe moyenne dont le pouvoir d'achat en baisse offre peu de perspectives.

Sur le bandeau du livre, Diana Evans est comparée à Tolstoï et Dickens. N'étant lectrice ni de l'un ni de l'autre, je ne me lancerai pas sur cette piste. Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai été bluffée par l'analyse au scalpel du couple avec enfants faite par l'écrivaine dans Ordinary people. J'ai du dire au moins 10 fois "qu'est ce que c'est bien vu !" ou "qu'est ce que c'est bien dit !" (oui un peu pauvre linguistiquement parlant).


✴️ Ce n'est pas le livre le plus gai pour finir l'année (c'est le dernier roman que j'ai lu en 2019) ou pour la commencer. N'empêche que je n'avais qu'une hâte c'était de retrouver mon bouquin le soir et tous les livres sont loin de me faire cet effet...suite sur le blog


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Ce que j'ai ressenti:

Nous sommes juste des gens ordinaires

On ne sait pas quoi faire

Parce qu'on est des gens ordinaires

Peut-être que nous devrions aller lentement

Cette fois, nous irons lentement

Ordinary People, John Legend

Peut-être qu'ils ne sont pas aussi ordinaires que cela, ces deux couples britanniques. Peut-être qu'ils ne savent pas quoi faire de leurs rêves évanouis et leurs quotidiens ternes. Mais ils peuvent nous aider, nous lecteurs, à entrevoir les pièges de la routine. Peut-être qu'ils peuvent nous emmener à réfléchir sur des questions universelles, sur l'amour, sur la parentalité, sur le foyer. Et nous irons découvrir, de ce fait, lentement, l'imprégnation des moeurs et des illusions perdues. le pouvoir de la musique aussi. Peut-être parce que justement, ils ne sont pas aussi ordinaires que cela, avec leurs passions, leurs métissages, leurs hésitations, leurs mélanges , on se plait à suivre le tempo de leurs intimités. Tout prêts de tomber après la folle ascension de l'amour, ils sont en équilibre, sur le fil, de leurs histoires…Et tout le point fort de Diana Evans, est de raconter, ce moment très particulier. Comment on en arrive là, sur le fil…Et quels risques, ils devront prendre pour sauver ce qu'il reste de raisons, de sentiments, et de désirs…

Parce que des fois, il faut raviver la flamme ou la jeter, ces deux couples dévoilent leurs quotidiens, leurs espérances, leurs pensées profondes. Avec ce qu'il fait qu'ils sont eux, ordinaires et en même temps singuliers, chacun leur tour, on apprend à les comprendre. Que ce soit le couple Mélissa/ Michael ou Stéphanie/Damian, ils tentent d'atteindre une perfection dans leurs rôles respectifs, jusqu'à s'y perdre un peu parfois…De la mère, de la femme et de l'amante, elles essaient de se débrouiller avec la charge mentale, l'effacement de soi avec plus ou moins de facilités. du père, de l'homme ou de l'amant, ils essaient de faire avec la frustration ou le chagrin avec plus ou moins de réussites…Toujours est-il que cette recherche de la hauteur, ne mène pas forcément vers le bonheur, et que les fantômes n'attendent que ça pour leur tomber dessus…Alors Diana Evans emmène une part de réalisme magique dans ces vies domestiques, pour donner plus d'éclats à l'ordinaire. Et nous, d'en être éblouis…

À Londres, il y a de la vie et des gens fabuleux qui tente d'enrayer l'usure, le renoncement, les drames et les manigances spectrales du 13 Paradise Raw…Pendant une année, avec des dates-clefs du monde moderne, avec en fil conducteur de la musique et de quelques mots de poésie, Diana Evans nous dépeint un portrait social d'une génération de personnes simples qui veut encore croire que leurs chaussures touchent le ciel…So High. Des personnes, comme vous et moi, qui espèrent toucher la lune et les étoiles, au seuil de leurs quarantièmes anniversaires…Et c'est incroyablement émouvant, cette prise de risque à y rêver, le temps d'une lecture…
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Tous les lecteurs de ce livre vous le diront sans surprise : voici 500 pages d'ordinaire. Deux couples ordinaires englués dans une vie ordinaire (travail, maison, enfants, mariage peut-être !), avec des discussions ordinaires ponctuant des repas familiaux ou des soirées ordinaires, des vacances ordinaires et même des problèmes de couple finalement ordinaires. Ordinaire et-ou ennuyeux ? La justesse des mots : ordinaires mais pas ennuyeux. C'est toute la qualité dans l'écriture de ce livre : 500 pages c'est long, fastidieux, jamais lassant... c'est très (très) bien fait ; et je ne regrette pas d'avoir été au bout (certainement pour l'apport sociologique de ce livre qui se cache avec talent dans tous ces détails... ordinaires). Et, parce que finalement, cette compilation des "ordinaires", c'est aussi parfois les nôtres, quand on les laisse nous grignoter trop souvent.
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"Combien de temps vas-tu continuer à vivre ta vie comme si tu te balançais en équilibre sur un fil ? "

C'est la question qui obsède Damien et qui tient en 20 mots mais qui pourrait résumer la situation de deux couples, après plus d'une dizaine d'années de vie commune.....

Des gens ordinaires, rien que des gens ordinaires, voilà ce que Diana Evans nous propose d'observer dans ce roman. Des couples ordinaires comme il en existe tant. Ne prenez pas ce livre en croyant vivre des moments palpitants, pas d'actions, ni de rebondissements et pourtant quel beau roman, quelle écriture, quel sens de l'analyse du couple, de ses délitements au fil du temps, certains appelleraient cela l'usure. La vie, le travail, les enfants, les charges, la maison, la famille, les deuils, tout ce qui fait la vie ordinaire des gens ordinaires pour en faire un récit extraordinaire d'analyse et de justesse grâce à une écriture, un style qui vous fait pénétrer dans l'intimité de ces gens ordinaires de la meilleure des façons.

Deux couples d'amis, proches de la quarantaine, Michael et Melissa et Damian et Stéphanie. L'un, M&M, vit dans le sud de Londres, au 13 Paradise Row, près du Crystal Park Palace où ils ont acheté une maison qu'ils ont pensé être la maison du bonheur : 13, Paradis, sud de Londres, où tout concourait à un avenir radieux mais qui va devenir le théâtre d'étranges manifestations. L'autre, D&S, vit à Dorking, à une quarantaine de kilomètres au sud de Londres. Deux options de lieux de vie : la capitale, la banlieue mais cela change-t-il quelque chose ? 

De novembre 2008 à Juin 2009, deux dates repères pour les deux couples, l'élection de Barack Obama et la mort de Mickaël Jackson, nous suivons la lente désintégration de leurs couples, sans violence, sans raison, simplement la vie. Tout ce qui constituait leur bonheur depuis plus de treize ans, va peu à peu changer leurs rapports : le logement, le travail, les enfants, le quotidien qui, peu à peu, si vous n'y prenez garde, transforme et renvoie une image différente de celle que vous avez été et que l'autre ne reconnait plus. Chaque couple va tenter de garder le cap, cela va tanguer, parfois sombrer, frôler parfois les crises de folie mais ce sont huit mois de la vie de deux couples comme il en existe des milliers mais l'auteure en fait les porte-paroles des attentes, des déceptions de chaque sexe.

"Lorsqu'elle poussa la porte du Paradis, elle devint la femme qui vivait à l'intérieur, quittant celle qui avait vécu à l'extérieur, parce que l'embrasure de la porte était trop étroite pour qu'elles puissent la franchir ensemble, et le couloir trop étroit pour que deux personnes puissent marcher côte à côte. (p333)"

Dès les premières lignes, les premières pages j'ai aimé l'écriture, le regard porté sur les personnages, leurs pensées. C'est tellement cela, c'est tellement vrai mais surtout tellement bien écrit : la vie, le couple car Diana Evans y met sa touche personnelle, sa poésie, sa douceur. Ce qui pourrait devenir ennuyeux devient passionnant car tellement bien observé, compris. C'est fin, délicat, juste c'est à la fois une étude psychologique et une étude sociétale de gens que rien ne distingue des autres.

De nombreuses références de l'époque qu'elles soient musicales en particulier avec l'évocation, entre autres,  de Michael Jackson et Barack Obama qui ont représenté pour eux un espoir, le début et la fin d'une avancée de par couleur de peau qu'ils ont en commun.

"Michael Jackson comprenait la nature du mal, son omniprésence. Il savait qu'à force de vivre à son côté, nous en venons à lui emprunter son manteau, à le reconnaître au fond de nous. Il savait qu'il était habité par un démon et que ce démon lui donnait la délicieuse énergie si émouvante, qui jaillissait de lui lorsqu'il chantait, lorsqu'il dansait. La musique le définissait tout entier. Elle le submergeait. (p325-326)"

L'auteure confronte les attitudes de chacun : masculin et féminin, leurs attentes car chaque sexe ne suit pas toujours le même chemin, ne voit la vie de la même manière et n'a les mêmes aspirations, avec des préoccupations ou des ambitions différentes.

Le récit est principalement axé sur le couple que forme Michael et Mélissa, ils sont beaux et sensuels, ils s'aiment, mais désormais ils ont des difficultés à se reconnaître, à se comprendre, à se désirer parfois, à s'écouter et même à se voir lorsque la vie les embarque, quand les urgences ne sont plus les mêmes, quand il faut gérer le quotidien et s'oublier. Qu'est devenu celui ou celle pour qui le coeur à chavirer ? S'aime-t-on encore et qu'est-ce l'amour finalement ?

"Ils se réfugièrent dans le havre de leurs corps unis l'un à l'autre, jusqu'à ce qu'elle danse et tourbillonne dans sa propre rivière, et cette fois, quand elle approcha du sommet, elle ne retomba pas, mais franchit le pic et bascula de l'autre côté, du bon côté. Cette fois l'ascension ne lui procura pas un sentiment d'effacement de soi, mais d'addition, un sentiment de plénitude et d'accomplissement. (p277)"

C'est une écriture envoûtante, douce, qui fait de la "banalité" du quotidien un récit où chacun peut se retrouver, un roman équilibré, sans temps mort, une chronique des relations humaines en évoquant également, et de façon très subtile, par petites touches, mais avec une imprégnation forte, la condition féminine, partagées qu'elles sont entre femme, mère, amante.

"....." Maintenant je comprends pourquoi les hommes aiment le football : c'est une métaphore de l'acte sexuel. Il s'agit d'essayer de marquer en évitant les obstacles qu'on rencontre en chemin. C'est une partie de pénis, en fait ! (....)Le but du jeu, l'objectif ultime, c'est de faire rentrer le ballon dans la cage, non ? Plus sexuel que ça, je ne vois pas. Les buts, ce sont les femmes, le ballon, c'est le pénis. C'est limpide. J'aurais dû m'en apercevoir avant. Pas étonnant que les hommes se passionnent pour ce jeu !." (p292)"
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Ça n'a l'air de rien, une année dans la vie de gens ordinaires. Pas d'événement spectaculaire, aucune action héroïque. Juste un couple, des rêves enfouis sous des couches de quotidien et de renoncements discrets qui tentent parfois une percée, des liens qui se détendent sans que l'on s'en rende vraiment compte, des illusions éteintes que l'on voudrait rallumer. En vain. Il faut une belle acuité et une plume futée pour en faire de la littérature, et de la bonne. Un vrai talent dans la narration également. Diana Evans possède tout ceci et offre avec Ordinary People un tableau subtil dans lequel je me suis immergée avec beaucoup de plaisir.

Le lecteur est invité à la suite de Michael et Melissa, les "M&M's" comme les nomment leurs amis qui les considèrent comme "le" couple modèle, image que les intéressés s'attachent à nourrir malgré les fissures que l'on entrevoit peu à peu. D'une fête de Noël à l'autre, une année sera passée, on fêtera l'élection de Barack Obama, on pleurera la mort de Michael Jackson et on regardera bouger lentement mais sûrement les cellules familiales, chez Michael et Melissa mais également chez leurs amis, Damian et Stephanie. Dans une ville de Londres multiculturelle et métissée, ces enfants d'émigrés peinent encore à asseoir leur identité, à la fois lancés dans la vie londonienne et tiraillés par des héritages qui les rattachent à leurs origines. Un contexte qui vient renforcer les déchirements habituels qui sapent peu à peu les couples : Melissa a cru maitriser la situation en quittant un job prenant de journaliste à la naissance de son deuxième enfant pour se lancer en free-lance, Michael se demande tous les jours où est passée la Melissa des débuts et rentre de plus en plus tard dans ce foyer qui lui pèse sans qu'il pense un instant à se remettre en question. Dans les têtes, les années d'avant défilent, on tente de comprendre comment, en une douzaine d'années, on en arrive là dans une relation, à s'envoyer des textos secs avec la liste des courses.

Diana Evans est au plus près de ses personnages et excelle à saisir le presque rien, le pas grand-chose, tous ces petits grains qui viennent gripper la machine. Qui tiennent aux différences d'aspirations que l'on ne s'avoue pas toujours ou que l'on pense pouvoir faire évoluer ou disparaitre chez l'autre. A la réalité crue qui vient percuter les fantasmes nourris par une imagination trop naïve. Aux mensonges que l'on se fait à soi-même avant d'en faire aux autres. Aux petites lâchetés du quotidien. L'auteure ausculte la relation entre Michael et Melissa dans un crescendo subtil qui trouve son paroxysme à mi-chemin du roman, dans une scène d'une force implacable qui clôt le chapitre 7 et m'a laissée K.O alors qu'on était encore loin d'en avoir fini. Certaines routes divergeront, d'autres tiendront le cap. Une année, c'est court et c'est très long lorsque l'on passe chaque seconde à se demander si on est bien là où l'on doit être...

"La passion, dans sa vérité la plus vraie et la plus féroce, ne fait pas bon ménage avec le dentifrice. Elle n'attend pas que l'on se soit démaquillée et exfoliée. Elle veut de la spontanéité. Elle réclame de l'imprudence. La passion est toujours un peu grossière, et ils étaient trop propres, une fois leurs visages lavés, leurs bouches rafraîchies, les portes, les fenêtres, la cuisinière et les robinets vérifiés pour que la maison ne brûle, n'explose ou ne sombre sous les eaux".

Tout le roman tient sur la finesse du regard que pose Diana Evans sur ce qui constitue un individu, ses failles, ses doutes, ses imperfections, tout ce qu'il n'a pas réglé avec son enfance, ses origines et qui influence sa façon d'appréhender l'avenir. Tout ce qui revient parfois, sur une simple chanson.

"C'est incroyable ce que la musique peut charpenter une vie, et te la rendre par pans entiers, alors que tu pensais avoir tout oublié".
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Diana Evans a écrit un roman sur des gens ordinaires, ça pourrait être vous, ca pourrait être moi.

Elle a choisi deux couples noirs de la classe moyenne londonienne, des presque quadra qui sont pris entre les rêves qu'ils avaient autrefois - avoir une vie indépendante, mener une carrière, écrire un roman, s'amuser, voyager - et la réalité - avec ses exigences et ses nuisances quotidiennes -
qui les oppresse, les empêche de faire ce qu'ils aimeraient faire.
Des gens ordinaires qui en plus de rêver de la vie qu'ils pourraient avoir, commencent à se demander s'ils ont choisi le bon partenaire et finissent par ne plus savoir ce qui les entrave le plus: la routine ou leur conjoint. Ils sont en dehors de leur vie, spectateurs, incomplets.

C'est une histoire sur la façon dont la monogamie, l'éducation des enfants, les besoins divergents dans un couple, peuvent vous étouffer, vous aliéner.
Une analyse très fine de la vie à deux, une étude très originale de l'identité qui va au-delà des lieux communs d'un classique roman conjugal. Diana Evans dissèque l'architecture de l'amour, la quête perpétuelle d'un bonheur idéalisé. Un portrait intime qui se fond dans une étude sociologique de notre époque.

Intelligent, lucide, contemporain, urbain, poétique... Voilà un gros coup de coeur.
C'est d'une simplicité trompeuse mais c'est une expérience littéraire de premier ordre.

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Si vous n'aimez pas attendre six pages pour savoir si Damian va pouvoir fumer tranquillement sa dernière cigarette avant arrêt définitif du tabac, passez votre chemin. Je ne plaisante qu'à moitié, il ne faut pas s'attendre à une histoire à nombreux rebondissements, c'est certain. Comme le titre le montre, Diana Evans dans son roman a décidé d'observer avec une précision d'entomologiste deux couples ordinaires, proches de la quarantaine, londoniens avec enfants, sur une année où un certain sentiment de lassitude, de submersion par le quotidien, commence à se faire sentir.
Melissa et Michael se sont installés dans une petite maison biscornue au sud de Londres avec leurs deux enfants, Damian et Stephanie ont choisi un pavillon plus cossu mais plus éloigné pour abriter leurs trois chérubins. Les deux couples sont amis, et se voient souvent.

La grande force de l'auteure réside dans sa manière de montrer par de minuscules conflits quotidiens le délitement de la vie de couple. Les détails sonnent juste, les dialogues aussi. Elle aborde la question du racisme et de la discrimination au fil des pages, sans en faire un plat, ne mentionnant la couleur de peau de tel ou tel personnage qu'au passage, ce n'est manifestement pas ce qui les définit. Attention, il s'agit bien d'un roman, les éditions Globe ne sont pas uniquement spécialisées dans les récits de non-fiction, même s'ils en ont publié un certain nombre ! La traduction est remarquable, dans le sens où j'ai oublié plus d'une fois avoir affaire à un roman traduit.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, avalée sans aucun ennui, grâce à une certaine ironie qui fait mouche à chaque page. Il n'est donc pas besoin de se reconnaître dans ces (encore) jeunes couples pour être touché par ce roman.
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Diana Evans pose son regard sur deux couples de la classe moyenne en pleine crise de la quarantaine. Elle le fait avec tant d'acuité et de minutie, faisant sentir page à page leur enfermement dans une situation que cela en est suffocant. ✴️ On est loin du prêt à penser actuel (qui m'hérisse profondément ) à coup de mantras "vis ton rêve" "pour l'avoir, il suffit de le vouloir", gommant totalement ce qui est quand même bien souvent le nerf de la guerre : l'argent.... lire la suite post
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Je me souviens de Gérard Collard de la Griffe noire fustigeant ces auteurs français capables d'écrire 40 pages pour raconter qu'ils descendaient la poubelle. Je viens de découvrir que ça n'était finalement pas l'apanage de nos compatriotes puisque Diana Evans, jeune auteure britannique, maîtrise tout aussi bien sinon l'art d'enfiler des perles au moins celui de la broderie fine.

Je ne comprendrai jamais comment on peut d'un côté avoir si peu d'imagination pour proposer quelque chose d'intéressant à mettre sous le nez du lecteur et en même temps déborder d'idées pour remplir des pages et des pages d'insignifiances. Après deux tiers de ce roman lus consciencieusement, je me suis amusée à faire une petite expérience sur le dernier tiers de ce livre. J'ai donc terminé Ordinary People en ne lisant que les dialogues disséminés toutes les deux pages environ ainsi que trois passages de chaque description interminable : une ou deux phrases au début pour comprendre de qui on parle, une ou deux phrases au milieu pour comprendre de quoi on parle et la même chose à la fin pour comprendre ce qu'il y avait à retenir de tout ça. Eh bien ça a suffit à mon bonheur et je peux vous garantir que je n'ai pas loupé une miette des états d'âme de Michael et Melissa qui s'aiment ou pas, ou plus ou peut-être encore un peu mais c'est pas sûr et de leurs amis qui en sont tous à peu près au même point. Pas plus que je n'ai manqué le passage sur Tolstoï qui n'aurait pas eu la chance de profiter des conseils avisés d'un éditeur pour couper les passages soporifiques de Guerre et Paix. Quand l'hôpital se fout ouvertement de la charité…

Enfin une dernière chose m'étonne : comment se fait-il qu'Obama n'ait pas encore trouvé ce livre « bouleversant » ? Ah oui je sais : les personnages sont noirs (bonne pioche !) mais anglais (c'est de suite moins bouleversifiant…)

Si voulez lire une critique qui va totalement à l'encontre de mon avis mais qui magnifie ce roman et lui donne vraiment ses lettres de noblesse, je vous invite à lire Nathalie Crom dans Télérama. Elle voit du beau là où je vois du plat, c'est pour ça qu'elle est à sa place et moi à la mienne.

Ce roman est le troisième et dernier que j'ai eu à lire pour la sélection de novembre du jury du Grand prix des Lectrices Elle 2020, catégorie Romans.


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