Pour qui veut comprendre la littérature Nord Américaine, l'oeuvre de
John Fante semble incontournable. Père spirituel de tous les écrivains chahutés par la vie, de tous les auteurs à la plume cabossée (à commencer par
Charles Bukowski), il fut l'un des premiers à écrire comme on parle.
Arturo
Bandini, qu'on retrouve dans bon nombre de romans de Fante, est un anti-héros de la littérature, une pâle incarnation du rêve américain. Il est un peu le mauvais frère de la famille, l'enfant colérique et impertinent, qui fait grand bruit, provoque la honte. Arrogant, contradictoire, tantôt généreux, tantôt abjecte, il nous entraine dans ses excès, ses jugements erronés, ses débordements. On le suit sans résister.
Avec "
Demande à la poussière", Fante s'amuse, nous enchante. Sa plume est vivace, fulgurante, les mots coulent, s'enchainent, échafaudent des pages puissantes, trempées de sueur.
Fante observe son époque, sa nation d'adoption. Et ne se gêne pas pour lui passer une belle couche d'acide.
Il sait aussi nous émouvoir. Derrière la secousse, l'énergie, défile une belle galerie de personnages, fragiles, égarés.
"
Demande à la poussière", un éclat de rire qui s'achève en sanglot. Ou le contraire.