AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Capridegh


Manon Fargetton est un nom que je vois fleurir souvent sur les tables de littérature jeunesse et sur la toile et c'est tout naturellement que j'ai eu envie de lire un de ses romans. Mais avant de lire Nos vies en l'air, j'avais plutôt misé sur un livre de fantasy pour adulte, toujours de la même auteure, de peur d'être trop vieille pour un de ses ouvrages pour jeune public. Finalement, par manque d'habitude, j'ai éprouvé quelques difficultés à lire L'héritage des rois passeurs que j'ai fini par mettre de côté pour y revenir plus tard. Je suis alors repartie du côté du genre de prédilection de l'auteure. Nos vies l'air, c'est l'histoire de deux adolescents que l'on croise sans le savoir dans la vie de tous les jours. Océan et Mina souffrent tous les deux des maux du siècle : manque de confiance en soi, harcèlement scolaire, auto-mutilation… Un cocktail détonnant qui les conduira tous les deux sur le toit d'un immeuble un soir, au fond du gouffre, au bord du vide, et, contre toute attente, à leur rencontre au hasard. C'est une idée de départ quelque peu banale mais utile dans le paysage de la littérature pour jeune public car Nos vies en l'air viendra susurrer à l'oreille des lecteurs qui se retrouveront dans Océan et Mina qu'ils ne sont pas seuls, pas seuls à endurer ces épreuves, pas seuls à avoir des idées noires, pas seuls à, tout simplement, vouloir en finir avec la vie. Au-delà de la rudesse du point de départ de l'ouvrage, les langues vont se délier au fil des pages, mais le roman ne perdra jamais de son côté dur et dramatique pour autant. Car c'est à travers chacune des actions et chacun des défis que se lancent mutuellement les deux adolescents que le lecteur prendra conscience de l'importance du mal-être de ceux-ci. Ce soir, Océan et Mina n'ont rien à perdre.

Même s'ils souffrent tous les deux d'un mal toujours de plus en plus connu dans une société toujours de plus en plus impitoyable avec les apparences et les appartenances, les deux adolescents cachent au fond d'eux LA raison à un tel ressentiment. Derrière la banalité des manifestations de leur détresse se trouve l'explication que l'on n'attend guère, celle qui vient se dévoiler petit à petit au fil des pages pour l'un ou celle qui vient exploser au visage du lecteur dans les dernières pages pour l'autre. La surprise en est alors d'autant plus forte.

Mina et Océan se donnent une nuit pour revenir sur leur décision ou non. Et c'est avec eux que l'on passe quelques heures à parcourir Paris. Un road trip urbain la nuit où les risques que l'on court sont énormes, parfois un peu drôles mais toujours avec en toile de fond une détresse grandissante et dramatique. L'ambiance froide et sombre de la capitale inonde les pages avec une authenticité excitante. Monuments célèbres, rues incontournables et clubs parisiens plus confidentiels sont les lieux de prédilection de ces deux adolescents qui provoquent le destin et les rencontres inopinées qui viendront toutes coller sur leur petit coeur meurti et leur âme blessée un pansement bienveillant. Ainsi, page après page, le devenir de Mina et Océan se joue, que ce soit d'une façon personnelle ou l'un pour l'autre ; ils vont en effet tout autant se découvrir que le lecteur découvrira ce duo improbable que tout sauf l'envie de mourir semble opposer d'abord.

J'accorde ★ ★ ★ ☆ ☆ à Nos vies en l'air. Manon Fargetton raconte, avec toute la gravité que leur mal-être apporte, l'histoire de deux adolescents comme on en connaît déjà beaucoup. Si le manque d'originalité saute d'abord aux yeux, c'est pour mieux ensuite apporter une épaule sur laquelle pleurer et une oreille à laquelle se confier à tous les adolescents comme Mina et Océan. Avec un roman très court et une écriture très simple, Manon Fargetton va à l'essentiel, sans manquer d'apporter à son récit la bienveillance que méritent tout autant le lecteur que les personnages. C'est avec surprise que l'on découvre la fin ouverte de Nos vies en l'air, ce roman pansement destiné à tous les jeunes adolescents en mal de vivre et dont le genre prend petit à petit plus de place dans les librairies. Mais c'est aussi malheureusement pour témoigner toujours un peu plus de ce mal qui touche nos adolescents d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}