- Je ne pensais pas qu’il était si évident de deviner que je vais mal. Tu ne me connais pas et tu l’as vu direct. Merci de m’en avoir fait prendre conscience.
Je hausse les épaules.
- Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu habites loin ?
- Trois stations de métro. Je vais rentrer et… appeler ma mère, j’imagine.
- Vous êtes proches ?
- Non. Mais, c’est ma mère. C’est la seule personne au monde à qui je peux avouer la merde totale qu’est ma vie, qui me jugera, comme d’hab, et qui continuera de m’aimer malgré tout en m’aidant du mieux qu’elle peut.
Son aveu m’arrache un sourire doux-amer. Je donnerais tout ce que je possède pour pouvoir appeler ma mère.
Je n’avais jamais remarqué qu’il y avait tant de clochards. Mais la nuit, comme ça, sans le brouillard que crée autour d’eux le flot des passants, on ne peut plus faire semblant de ne pas les voir.
Les beaux quartiers parisiens ne sont beaux que de l'extérieur.
– Tu vises où ? demande-t-il.
Non mais c’est quoi ce mec ? Il est taré ! Il voit une fille sur le point de se foutre en l’air, et tout ce qu’il trouve à demander, c’est quel endroit elle vise ?
Les inconnus sont les seules personnes qui ne me décevront pas, à condition qu'ils le restent.
- Si tu ne trouves pas quelque chose de plus excitant que ce qu'on vient de vivre dans les trente secondes, je te previens, tu passes ton tour.
- Hey ! Arrête de changer les règles !
- Les règles du jeu évoluent en permanence, Mina. Ça s'appelle vivre. On s'adapte, ou on crève. Et comme on s'est mis d'accord pour rester vivants jusqu'à l'aube...
- Qu'est-ce que tu fais dehors à cette heure, toi ?
- Je fuis ma vie.
(…)
- Je connais ça, dit-il. C'est utile, la fuite. Parfois, on n'est pas prêt à affronter une situation, alors on s'éloigne, pour se préparer, pour comprendre ce qu'on ressent.
- Ouais, voilà...
- Mais on ne peut pas fuir pour toujours. La vie nous rattrape, qu'on le veuille ou non.
Les inconnus sont les seules personnes qui ne me décevront pas, à condition qu'ils le restent.
- Pourquoi ça n'a pas marché avec ton ex ? (…)
- L'amour, soupire-t-elle, c'est une jolie idée, mais si tu ne tiens pas debout seul, ton histoire se cassera la gueule. Un amoureux ne peut pas être une béquille. Ou pas longtemps.
- C'est lui, ou toi qui avais besoin d'une… béquille ?
- Les deux, j'imagine.
Les règles du jeu évoluent en permanence. Ça s'appelle vivre. On s'adapte ou on crève.