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Citations sur Histoire de l'art, tome 1 : L'art antique (14)

La terre est la matrice et la tueuse, la matière diffuse qui boit la mort pour en nourrir la vie. Les choses vivantes s'y dissolvent, les choses mortes y remuent. Elle use la pierre, elle lui donne la pâleur dorée de l'ivoire et de l'os. L'ivoire et l'os, avant d'être dévorés, deviennent à son contact rugueux comme la pierre.
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L’art, qui exprime la vie, est mystérieux comme elle. Il échappe, comme elle, à toute formule. Mais le besoin de le défi-nir nous poursuit, parce qu’il se mêle à toutes les heures de notre existence habituelle pour en magnifier les aspects par ses formes les plus élevées ou les déshonorer par ses formes les plus déchues. Quelle que soit notre répugnance à faire l’effort d’écouter et de regarder, il nous est impossible de ne pas en-tendre et de ne pas voir, il nous est impossible de renoncer tout à fait à nous faire une opinion quelconque sur le monde des ap-parences dont l’art a précisément la mission de nous révéler le sens. Les historiens, les moralistes, les biologistes, les métaphy-siciens, tous ceux qui demandent à la vie le secret de ses ori-gines et de ses fins sont conduits tôt ou tard à rechercher pour-quoi nous nous retrouvons dans les oeuvres qui la manifestent. Mais ils nous obligent tous à rétrécir notre vision, quand nous entrons dans l’immensité mouvante du poème que l’homme chante, oublie, recommence à chanter et à oublier depuis qu’il est homme, à la mesure des cadres trop étroits de la biologie, de la métaphysique, de la morale, de l’histoire. Or, le sentiment de la beauté est solidaire de toutes ces choses à la fois, et sans doute aussi il les domine et les entraîne vers l’unité possible et désirée de toute notre action humaine, qu’il est seul à réaliser.
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Ce sont des Grecs latinisés, et certainement aussi pénétrés de cette poésie concrète que la terre française infuse à ceux qu’elle nourrit, qui bâtirent Arles et Nîmes et surprirent au bain ces belles femmes accroupies, avec leur cuisse écrasée sous le poids du torse, leurs seins pulpeux, les plis gras de leur ventre, leurs reins creux où l’ombre remue avec la surface ondulante.
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L’esclave, là comme ailleurs dans la Grèce non spartiatisée, était le collaborateur du maître, fermier à la campagne, domestique à la ville, ouvrier dans l’atelier, moins malheureux sans aucun doute que le serf féodal ou le salarié contemporain.
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La peinture familière de l’Egyptien agriculteur racontait le travail des champs. La peinture familière des Grecs, peuple de marchands et de causeurs, parle plus volontiers des travaux de la maison.
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Quand on a peu de chose à dire, on parle sans arrêt. Le silence ne pèse qu’à ceux qui ne pensent pas.
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L’esprit dorien, l’esprit ionien, le jeune rustre éclatant de vigueur, la jeune femme parée, caressante, équivoque, se rencontrent et vont s’aimer… L’art attique qui sera dans son âge adulte, la grande sculpture classique, austère et vivante, naîtra de leur union.
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L’Égypte est la première de ces ondulations que sont les sociétés civilisées à la surface de l’histoire et qui paraissent naître du néant et retourner au néant après avoir passé par une cime. Elle est la plus lointaine des formes définies qui restent sur l’horizon du passé. Elle est la vraie mère des hommes. Mais bien que son action ait retenti dans toute l’étendue et la durée du monde antique, on dirait qu’elle a fermé le cercle de granit d’une destinée solitaire. C’est comme une multitude immobile, et gonflée d’une clameur silencieuse.

Elle s’est enfoncée sans un cri dans le sable, qui a repris tour à tour ses pieds, ses genoux, ses reins, ses flancs, mais que sa poitrine et son front dépassent. Dans son visage écrasé, le sphinx a toujours ses yeux inexorables, ses yeux sertis de paupières rigides, et qui voient à la fois au-dedans et au loin, de l’abstraction insaisissable à la ligne circulaire où sombre la courbe du globe. À quelle profondeur est-il assis, et autour de lui, au-dessous de lui, jusqu’où l’histoire descend-elle ? Il semble être apparu avec nos premières pensées, avoir suivi notre long effort de sa méditation muette, être destiné à survivre à notre dernier espoir. Nous empêcherons le sable de le recouvrir tout à fait parce qu’il fait partie de notre terre, parce qu’il appartient aux apparences au milieu desquelles nous avons vécu, aussi loin que notre souvenir remonte. Avec les montagnes artificielles dont nous avons scellé le désert près de lui, il est la seule de nos œuvres qui paraisse aussi permanente que le cercle des jours, les alternances des saisons, l’immense oscillation du ciel.

L’immobilité de ce sol, de ce peuple dont la vie monotone constitue les trois quarts de l’aventure humaine, semble avoir voulu tenir dans les lignes de pierre inflexibles qui nous les définissaient avant même que nous connussions leur histoire. Tout dure autour des Pyramides. Des Cataractes au Delta, le Nil est seul entre deux rives identiques, sans un courant, sans un affluent, sans un remous, poussant du fond des siècles sa régulière masse d’eau. Des champs d’orge, de blé, de maïs, des palmeraies, des sycomores. Un impitoyable ciel bleu, d’où le feu coule incessamment en nappes, presque sombre aux heures du jour où l’œil peut le regarder sans souffrance, plus clair la nuit, quand la « marée montante des étoiles y répand sa lueur. Des vents torrides montent des sables, la lumière où vibre l’air chaud découpe les ombres sur le sol, et les couleurs inaltérables, indigos, rouges cuits, jaunes sulfureux, liquéfiées en métal par les crépuscules de flamme, n’ont que le voile transparent des verts et des ors des cultures qui change périodiquement. Un silence où les voix hésitent comme si elles craignaient de briser des murs de cristal. Au-delà de ces six cents lieues de vie fixe et puissante, le désert, sans autre limite visible que ce cercle absolu qui est aussi l’horizon des mers.

Le désir d’y chercher et d’y façonner l’éternité s’y impose à l’esprit d’autant plus despotiquement que la nature retarde la mort elle-même dans ses actes nécessaires de transformation et de refonte. Le granit ne s’entame pas. Il y a sous le sol des forêts pétrifiées. Dans cet air sec, le bois abandonné garde des siècles ses fibres vivantes, les cadavres se dessèchent sans pourrir. L’inondation du Nil, maître de la contrée, y symbolise tous les ans les résurrections perpétuelles. Sa venue et sa décroissance sont aussi régulières que la marche apparente d’Osiris, l’éternel soleil, qui chaque matin sort des eaux et chaque soir disparaît dans les sables. Du 10 juin au 7 octobre il verse aux campagnes calcinées le même limon noir, le limon gras, le limon père de la vie.
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On dit que l'artiste se suffit à lui-même.Ce n'est pas vrai.L'artiste qui le dit est atteint d'un orgueil mauvais. L'artiste qui le croit n'est pas un artiste.
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La sculpture grecque naît dans le stade. Elle mettra un siècle à en franchir les gradins et à s’installer au fronton des Parthénons définitifs pour y devenir l’éducatrice des poètes et après eux des philosophes.
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