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Critique de JonathanLecuyer


Voilà un roman qui aurait mérité un résumé un peu plus exhaustif, voici celui de l'éditeur Albin Michel :

De l'incendie de Moscou au manoir de Kerlan en passant par Dresde, Odessa, la Carinhall de Goering, Nuremberg et New York, deux siècles de tumulte ou le fol itinéraire d'un petit coffret contenant un trésor, symbole de la grande Histoire des spoliations et des guerres.
Fresque monumentale où l'on croisera les monstres et les héros modestes de l'Histoire, les crapules et les martyrs, La Part des cendres entrelace avec génie les fils de cette toile qui fait l'humanité – son courage, sa ferveur et son avidité

Avec un tel résumé, j'espérais quelque part retrouver le plaisir d'une lecture similaire à celle de la cité des nuages et des oiseaux d'Anthony Doerr, où un objet liait les femmes et les hommes dans le temps, autour d'une symbolique.

Bon, ce fut laborieux au début (tout comme fut la rédaction de cette critique), j'ai même eu du mal à trouver le temps de lire (fausse excuse), je dirais presque que cela en était devenu une corvée. Je ne concevais pas l'abandon, je m'échinais en me disant que j'étais fatigué et pas dans le bon état d'esprit pour lire. Mais non rien n'y faisait.

Le roman ouvre sur Sophie Rostopchine, que nous connaissons mieux en tant que Comtesse de Ségur, elle est jeune, toute jeune à peine 18 ans et on suit son exode vers la France depuis sa Russie natale, dont elle écrit quelques pages de ce périple qu'elle glissera dans le fameux coffret. Je m'attendais à voir le coffret être l'élément central du livre, et bien non du tout, c'est au plus un point de repère et un fil conducteur pour ne pas perdre le lecteur dans cette fresque historique.

Après ça part un peu dans tous les sens, toujours de façon chronologique bien sûr, mais au final ça se destine à être un récit historique de l'art à travers le temps, aussi bien pictural que littéraire. La plume est lourde, comme volontairement pédante. de plus, l'autrice est friande de digressions ce qui rend le tout confusant ; au sein d'un même chapitre, on change de lieu, de point de vue, des fois même de temps.

Une très importante partie de cette fresque historique, sera consacrée à la Seconde Guerre Mondiale et à la violence des Nazis au sujet de l'art, des spoliations et des restitutions. Je pense même que cet énorme passage aurait presque mérité un ouvrage historique à lui tout seul tellement c'est bien documenté. En revanche cette ambivalence dans le genre historique/roman, permet à l'autrice de donné son avis sur les personnages historiques qu'elle nous racontera, quasiment toujours partie prenante, rien de neutre, comme si cette ambivalence permettait sous couvert du roman de donner son avis personnel sur des faits historiques. Car oui, on va en croisé du monde, même brièvement, La comtesse De Ségur, Tolstoï, Goering, Hitler, Woolf, Yourcenar ect ; mais ce ne serons pas des personnages « actifs » des énonciations dans une trame historique que nous connaissons plus ou moins selon nos connaissances personnelles.

J'avoue m'être questionné sur le prisme par lequel j'avais attaqué ma lecture, je pensais lire un roman avec tout ce qu'il y a d'imaginé par un auteur. Mais je faisais fausse route, plus les pages défilaient et plus ma frustration enflaient. J'ai posé le bouquin deux jours puis ai corrigé ma vision du livre, je l'ai enfin pris comme un récit historique ou l'histoire du coffret est à reléguer au second plan.

Et bien j'ai appris énormément de choses, parce que Madame Favier à fait un travail de recherches historiques colossal, et ça se sent ; c'est pour ça qu'elle avait des choses à dire et à raconter comme tout un chacun, ravi de faire partager ses connaissances. Il aurait été préféré un style plus sobre, du vocabulaire beaucoup trop lourd qui n'a pas aidé non plus à l'immersion, des fois inutile, juste comme je le disais plus haut, pédant sans être utile.

Au final, je me suis accroché, j'ai changé mon angle de lecture, et comme pour nous remercier, l'autrice, nous fait du dernier cinquième du livre un roman au sens premier du terme.

Ou l'on va suivre trois femmes sur trois générations, Georgette la grand-mère, Blanche la mère et Mathilde la fille qui deviendra notre personnage principal, notre point d'ancrage après avoir été baladé au fil des siècles. Etrangement la plume se fit plus agréable. le coffret se fera plus présent dans l'intrigue après avoir disparu de toute narration pendant un petit bout de temps. J'ai également aimé le personnage de Mérédith de Cornulier qui deviendra l'amie de Mathilde, un personnage fantasque qui vient mettre un peu de lumière.

Finalement, un bouquin aux qualités historiques indéniables, mais il faut savoir à quoi on s'attaque avant de se lancer.
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