Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.
Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.
Je ne suis ni Hutu ni tutsi, ai-je répondu. Ce ne sont pas mes histoires. Vous êtes mes amis parce que je vous aime et pas parce que vous êtes de telle ou telle ethnie. Ça, je n’en ai rien à faire !
- Vous avez lu tous ces livres ? j'ai demandé.
- Oui. Certains plusieurs fois, même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m'échapper. Ils m'ont changée, ont fait de moi une autre personne.
- Un livre peut nous changer ?
- Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.
[...] si on se vengeait chaque fois, la guerre serait sans fin, mais j'étais perturbé par ce qu'il venait de révéler sur sa mère. Je me disais que son chagrin était plus fort que sa raison. La souffrance est un joker dans le jeu de la discussion, elle couche tous les autres arguments sur son passage. En un sens, elle est injuste.
Je voyais l'image paisible de Papa et Ana allongés sur le lit, devant la télévision. L'image de leur innocence, de toutes les innocences de ce monde qui se débattaient à marcher au bord des gouffres. Et j'avais pitié pour elles, pour moi, pour la pureté gâchée par la peur dévorante qui transforme tout en méchanceté, en haine, en mort. En lave. Tout était flou autour de moi, les vociférations s'amplifiaient. L'homme dans le taxi était un cheval presque mort. S'il n'existe aucun sanctuaire sur terre, y en a-t-il un ailleurs ?
Bien sûr, un livre peut te changer! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.
Mais le Rwanda du lait et du miel avait disparu. C'était désormais un charnier à ciel ouvert.
Un spectre lugubre s'invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres. Cette lave venimeuse, ce flot épais de sang était de nouveau prêt à remonter à la surface.
Nous ne le savions pas encore, mais l'heure du brasier venait de sonner, la nuit allait lâcher sa horde de hyènes et de lycaons.
J'avais fait un caprice pour être à la fenêtre parce qu'il pleuvait et que j'aimais assister aux courses de gouttes d'eau le long de la vitre et souffler dessus pour dessiner dans la buée. Ça faisait passer le temps durant les longs trajets à l'intérieur du pays.