Citations sur Camille Claudel (19)
Mathias Morhardt lui sera fidèle jusqu'en 1898, quand il la verra rejoindre haut et fort le clan des antidreyfusards, c'est alors que leurs liens se distendront.Octave Mirbeau, qui l'avait toujours soutenue et admirée, s'éloignera d'elle à ce moment- là pour les mêmes raisons, Marcel Schwob également. Il ne faudrait pas oublier que, dans ces années-là, l'antisémitisme était très répandu et même ancré dans de nombreuses familles bourgeoises.De plus, Camille, qui n'avait pas de vraie conscience politique, a dû commencer, au moment de l'affaire Dreyfus, à développer des tendances paranoïaques et des crises de persécution, les juifs, les francs-maçons, les protestants, tout y passait, elle plongeait aisément dans d'extravagantes théories complotistes.
( ...)mais la requête de Mathias Mohardt auprès de Rodin pour instaurer la présence de Camille au musée Biron date de 1913, lorsqu'il apprendra qu'elle a été conduite à Ville- Evrard et qu'il en sera bouleversé, comme beaucoup d'autres écrivains, critiques et artistes dans Paris.
( p.43)
Si on joue à écouter simplement les mots qui ont jalonné la vie de Camille, en mettant de côté tout ce qu'ils représentent, on ne peut qu'être sidéré. Avoir caché leur amour dans cette
" Folie" (**la Folie- Payen), c'est quand même curieux.Avoir commencé à travailler dans l'atelier de Rodin à " La Porte de l'Enfer", là encore, on se demande. (...)
On se demande si parfois les mots n'en savent pas davantage sur nous et sur ce que nous allons vivre, bien avant nous.Ils sont dangereux les mots.Ils nous précèdent, nous attirent, nous alertent, puis nous piègent (...)
( p.65)
Camille avait dix- neuf ans lorsque Stéphane Mallarmé a créé ses Mardis, en 1883, ils auront duré une quinzaine d'années, un grand théâtre de la parole, de la modernité, de la vie artistique et littéraire parisienne, comme on en rêvait.
( p.52)
Valse des prénoms, valse des vivants et des morts, valse de la fatalité, c’est là l’histoire des Claudel.
Une voix ne trompe jamais, elle raconte, davantage encore que le visage, les irrégularités, les manques, les souffrances. La voix est un paysage.
On se demande si parfois les mots n’en savent pas davantage sur nous et sur ce que nous allons vivre, bien avant nous. Ils sont dangereux les mots. Ils nous précédent, nous attirent, nous alertent, puis nous piègent, ils nous avaient pourtant prévenus mais on n’a jamais rien vu, on était distrait, on les a laissés entrer dans notre vie, on a fait comme si. On ne peut plus rien dire ni rien faire maintenant, ils sont en nous et deviennent vivants, ils se servent de nous, nous sommes leur proie, ils nous dévorent.
Camille Saint-Saëns est au piano, il joue pour les amis « La Marche royale du lion », le début du Carnaval des animaux qu’il vient de composer, il a cinquante et un ans. Mallarmé, quarante-quatre ans, Laforgue vingt-six, Debussy vingt-quatre, Paul Claudel dix-huit.
Camille sonne à la porte de Mallarmé, c’est au quatrième étage, étrange timbre pour une sonnette. Quelques fidèles sont déjà là, Oscar Wilde, Jules Laforgue, Henri de Régnier, Gustave Kahn. Ils fument, bavardent, boivent du café, feuillettent des livres autour de la table centrale, certains sont installés dans des fauteuils, d’autres debout près du Maître, pipe à la bouche, devant la cheminée de faïence blanche, on reconnaît le visage de Claude Debussy.
Camille Saint-Saëns est au piano, il joue pour les amis « La Marche royale du lion », le début du Carnaval des animaux qu’il vient de composer, il a cinquante et un ans. Mallarmé, quarante-quatre ans, Laforgue vingt-six, Debussy vingt-quatre, Paul Claudel dix-huit.
Camille sonne à la porte de Mallarmé, c’est au quatrième étage, étrange timbre pour une sonnette. Quelques fidèles sont déjà là, Oscar Wilde, Jules Laforgue, Henri de Régnier, Gustave Kahn. Ils fument, bavardent, boivent du café, feuillettent des livres autour de la table centrale, certains sont installés dans des fauteuils, d’autres debout près du Maître, pipe à la bouche, devant la cheminée de faïence blanche, on reconnaît le visage de Claude Debussy.