Les Amazones

Selon le proverbe anglais, "Ce qui est bon pour l'oie l'est aussi pour le jars".

Les indiens sont des gens discrets et effacés. A ce propos, je n'utiliserai pas dans ces pages le terme d'Amérindiens, relativement récent. Il nous à été attribué par des blancs bien intentionnés, de manière à faire valoir que nous étions les premiers habitants du continent qu'ils nous ont pris. De beaux esprits qui semblent soulager leur conscience en admettant, tacitement ou expressément, que nous sommes les victimes d'un génocide et d'un vol généralisé.

Un gouffre sépare les deux peuples, qui n'ont jamais pu s'accepter l'un l'autre, encore moins s'unir. Les Blancs exterminent les Indiens ou les enferment parce qu'ils leur font peur. Les disparités sont trop grandes. Ils ne leur ressemblent en rien et les colons sont incapables de les comprendre. Non qu'ils fassent le moindre effort, d'ailleurs.

Les bisons avaient brouté l’herbe de la vallée mais, par endroits, elle était encore assez haute pour effleurer le ventre de nos chevaux. Celle qui restait commençait tout juste à jaunir. Des sturnelles s’envolèrent sur notre passage et nous avons effrayé une compagnie de tétras, qui se sont dispersés devant nous. C’était une splendide journée d’automne. En galopant de front avec May, j’ai pensé au chemin parcouru depuis notre point de départ, aux chances infimes que deux femmes blanches, l’une de Chicago et l’autre de New York, se rencontrent un jour dans ces plaines, moi vêtue comme une squaw, elle comme un cow-boy, deux fugitives déracinées au milieu de l’immense prairie.

J’ai plaisir à retrouver ce paysage et je m’étonne une fois de plus, moi qui suis née et qui ai grandi en ville, de m’être adaptée à la vie en plein air. Wind semble avoir une idée précise de la direction à prendre et, sans poser de question, je me contente de la suivre. Elle jouit d’une connaissance intime et instinctive de ce pays que son peuple nomade a parcouru pendant trop de générations pour les compter. C’est ce qu’on appelle l’inné. Il est merveilleux de voyager avec elle et Wind paraît aussi soulagée que moi de ne plus être confinée dans la grotte.

je n'ai pas abattu mon cerf du premier coup. La flèche lui a transpercé le cou et j'ai suivi sa piste sanguinolente un bon quart d'heure avant qu'il ne s'écroule, encore vivant. Haletant, il braquait sur moi un regard terrorisé quand je me suis agenouillé près d e lui. Avant de lui planter mon couteau dans le coeur, je lui ai demandé pardon, l'ai remercié pour son sacrifice, comme le font les Cheyennes en prenant la vie d'un animal.

Un nom humble et sans prétention qui sous-entend que nous faisons partie du monde animal, sans pour autant nous estimer meilleurs ni supérieurs, juste différents.

- On n'a pas eu le temps de parler de ton manuscrit, mais on le trouvera. Ce que tu révèles m'a touché. Je suis navré que tu aies enduré tant d'épreuves.
- Les écrire était une façon de te raconter. Ne sois pas navré pour moi. Je ne me plains pas. J'aurais préféré que certaines choses ne soient pas arrivées, mais c'est comme ça. Elles m'ont construite telle que je suis et je n'ai pas de regrets. Je ne suis pas une victime et je ne veux pas être considérée ainsi.
- Je n'en ai pas l'intention.

Sur 5712 femmes et filles indigènes, portées disparues en 2016, selon le Centre d'informations criminelles des États-Unis, seulement 116 ont été enregistrées dans le fichier des personnes disparues de la Justice.

506 : le nombre de femmes et filles indigènes disparues ou assassinées dans 71 villes américaines en 2016, d'après un rapport de novembre de l'Urban Indian Health Institute.

1 sur 3 : selon le Département de la Justice, la proportion d'Amérindiennes victimes d'un viol ou d'une tentative de viol, soit plus du double de la moyenne nationale.

84% : le nombre de femmes indigènes qui ont subi des violences physiques, sexuelles ou psychologiques au cours de leur vie, selon le National Institute of Justice.

New York Times, 12 avril 2019

Peu à peu, nous avons été conquis par les biens de consommation des blancs,le tabac,les perles,les colifichets,les couvertures...La liste n'en finit pas, avec pour conséquence l' épidémie de diabète qui sevit aujourd'hui dans les réserves.Ils n' ont plus guère de mal à nous exterminer.Il leur suffit de nous intoxiquer avec leurs frites et leurs hamburgers.. qui les tuent eux aussi.