Les vagues sont comme l’amour, elles sont belles en arrivant sur le rivage, mais l’instant d’après, elles n’existent plus
Un bébé. Un bain. Un acte insensé. La tête sous l'eau. En quelques secondes , le bébé meurt.
Arthur prit la parole.
— Papa, maman, ce n’est pas Gaela. Ce n’est pas Gaela ! Quelqu’un a mis un autre bébé à sa place !
De la colline, la mer était belle dans la lumière d’octobre. Les voiliers ressemblaient à des maquettes. La Manche était une immense baignoire dans laquelle flottaient des jouets d’enfants.
Elles avaient fait de magnifiques balades ensemble, le long de la mer, dans les embruns, à Trébeurden, à Trégastel. Elles avaient parlé des heures sur les rochers ou le long des petits chemins de la lande. C’étaient deux femmes mues par la même colère et le même désespoir.
Elle craignait d’avoir été suivie. Elle avait peur de tout. Elle se méfiait de tout le monde. Même de son mari. Même de son fils. Que pensaient-ils d’elle ?
Elle regarda devant, derrière, sur les côtés. La végétation était épaisse, percée d'énormes masses de granit dont les noms, s'égrenaient sur les guides touristiques : le champignon, le bélier, la bouteille, le lapin, la roche tremblante, le chapeau de Napoléon, le bidet de la Vierge, la chaise du curé, les empreintes du Diable, la guérite des amoureux, la tête de mort.
Les médias s’abreuvaient de ce fait divers où l’amour côtoyait la mort, où la suspicion était partout et la vérité nulle part. Le public se délectait de cette histoire de sang et de larmes qui souillait les rochers de la Côte de granit rose.
Ses mains saisirent l’enfant. Alors l’être de la nuit l’emporta avec lui et disparut dans le cauchemar de la nuit