Dans son esprit, commençait à germer le projet d'un "village français" comme ceux qu'elle avait vus lors de son arrivée en France et qui lui avaient semblé doux et charmants. A Trianon, ce serait le Hameau. Elle y mettrait un étang, des maisons, un moulin et autour des arbres fruitiers, des noyers, des cerisiers, des pruniers, des poiriers, des pêchers, des abricotiers et un jardinet. Elle y mettrait aussi des gens, mais pas des vilains, des bergères, des moutons et des vaches tout propres et sentant bon, trois coqs et ses soixante huit poules.
La reine se réfugiait ainsi dans une illusion et recréait le décor de son monde imaginaire et merveilleux. Elle était parvenue à se débarrasser de tout ce qui l'ennuyait : vieux courtisans grincheux, charge royale, décors marmoréens et pesants du grand siècle pour y placer sa société, sa grâce, sa légèreté, sa douceur et son innocence.