Citations sur Le Dindon (37)
LUCIENNE. Mais enfin, monsieur, je ne vous connais pas.
PONTAGNAC. Mais moi non plus, madame, et je le regrette tellement que je veux faire cesser cet état de choses… Ah ! Madame…
LUCIENNE, s’arrêtant. – Monsieur, je ne puis en écouter davantage !... Sortez !...
PONTAGNAC. – Ah ! Tout, madame, tout plutôt que cela ! Je vous aime, je vous dis! (Nouvelle poursuite.) Il m’a suffi de vous voir et ç’a été le coup de foudre ! Depuis huit jours je m’attache à vos pas ! Vous l’avez remarqué.
LUCIENNE, s’arrêtant devant la table.– Mais non, monsieur.
PONTAGNAC. – Si, madame, vous l’avez remarqué ! Une femme remarque toujours quand on la suit.
LUCIENNE. – Ah ! quelle fatuité !
PONTAGNAC.– Ce n’est pas de la fatuité, c’est de l’observation.
Quelle déception pour la pauvre femme qui se croit distinguée et qui finit par s'apercevoir qu'elle n'est qu'additionnée.
Ne craignez rien, Madame, je ne vous veux aucun mal ! Si mes intentions ne sont pas pures, je vous jure qu'elles ne sont pas hostiles, bien au contraire !
Non, pardon, tu disais "gueule de gaz". Eh bien ! pour gaz, on dit bec, mais pour les autres animaux, on dit gueule. Simple petite observation... en passant.
JEAN, paraissant au fond. - C’est un monsieur qui demande si Monsieur est visible ?
VATELIN. - Qui ça ?
JEAN. - M. Soldignac.
MAGGY. - Ma mari !
VATELIN. - Lui ! (À Jean.) Oui, tout de suite, je suis à lui. (Jean sort.) Qu’est-ce qu’il vient faire ?
MAGGY. - Je sais pas ! Vous presser la main, pouisqu’il est à Paris.
VATELIN. - En tous cas, il ne faut pas qu’il vous voie ! Tenez, filez par là !
LUCIENNE. - Et arrivez donc, cher ami ! et venez à mon secours pour édifier monsieur. (Présentant.) Monsieur Ernest Rédillon, monsieur de Pontagnac, amis de mon mari... réciproquement. (Les deux hommes se saluent réciproquement.) Dites à monsieur, vous qui me connaissez, que je suis le modèle des épouses et que jamais je ne tromperai M. Vatelin, s’il ne m’en donne l’exemple.
MAGGY : Quand je souis arrivée cet matin, j'ai tout de suite écrivé à vous... et pouis et pouis... j'ai pas envoyé la lettre... je mé souis disé il répondra peut-être pas à moâ... j'ai jeté mon lettre à la panier... et j'ai pris un hansom... comment vous dis... un sapin pour venir... Aoh ! comme il est difficult... la rue de vous trouvéi... Je sais pas, le cocher comprenait pas le francéi... il voulait pas mé conduire. (...) Je loui diséi " Cocher, allez roue Thremol. " Il répondéi : connais pas...
VATELIN : Rue Thremol ! oui oui... Maintenant, croyez-vous que si vous lui aviez dit simplement, rue la Trémoille...
MAGGY : Eh bien, je dis : " rue Thremol ".
MAGGY : No ! pourquoi no ?
VATELIN : Parce que !... parce que c'est impossible... Est-ce que je suis libre ! j'ai une femme, moi ! je suis marié, moi !
MAGGY : Vous, vous êtes marié !
VATELIN : Mais dame !
MAGGY : Aoh ! à London, diséi vous étiez bœuf.
VATELIN : Comment bœuf ? veuf !
MAGGY : Aoh ! bœuf, veuf, c'est la même chose !
VATELIN : Mais non, ce n'est pas la même chose ! Merci ! le veuf, il peut recommencer, tandis que le bœuf...
Certainement, je suis très touché, mais, enfin, ce roman ébauché à Londres n'avait jamais dû être éternel. Quoi ! j'avais fait votre connaissance pendant la traversée, vous aviez le mal de mer, j'avais le mal de mer, nos cœurs étaient si troublés qu'ils étaient faits pour se comprendre, ils se comprirent. (...) Eh ! bien, contentons-nous de nous rappeler ce beau temps-là, sans essayer de le recommencer. Aussi bien, ici, je n'en ai pas le droit... là-bas, j'avais une excuse ! Il y a des choses qu'on peut faire d'un côté du détroit et qu'on ne peut pas faire de l'autre !...