En d'autres termes, quelles étaient les différences entre la littérature éditée et non éditée ? Et bien, la première était toujours achevée et la seconde, pas tout à fait. (p 51 )
impossible de petit déjeuner tranquille sans recevoir une livraison de cochonneries.
Les projecteurs du marketing pouvaient, il en était convaincu, transformer en succès de librairie n'importe quel roman choisi au hasard dans sa collection. A renfort de chirurgie esthétique, de génie génétique et de campagne publicitaire, tout manuscrit pouvait se métamorphoser en best-seller et trouver sa place dans la folle farandole.
Par définition, la mission de recueil et de sauvegarde pour la postérité de tout manuscrit privé de publication, lui garantissait une large et durable attractivité.
Les écrivains concernés ne viendraient jamais à manquer.
– Quoi qu’il en soit, voici mon problème. Parfois, nous recevons des manuscrits de romans ou des recueils de poésie remontant au début de carrière d’un écrivain malheureux. La difficulté surgit vers la fin de sa vie. Car des éditeurs sans scrupule vont alors fouiller dans sa production à la recherche d’œuvres antérieures qu’ils avaient négligées ou mal appréciées et dans lesquelles le spécialiste pourra détecter la patte naissante du maître en devenir. Ce scénario pourrait fort bien aboutir au fait que l’une des nos acquisitions finissent, sur le tard — pardonnez-moi le terme — publiée !
Une rumeur de consternation s’éleva autour de la table.
La jeune Wendy ne manquait ni de bonne volonté ni d'enthousiasme, mais il souhaitait donner au projet un solide fondement intellectuel, qui s'accordait mal avec certains gloussements surexcités.
Le fait est qu'il ne s'était pas senti aussi bien depuis des années. Il se demanda s'il n'allait pas recommander une très légère attaque à tous ses amis. Il tapota son goutte-à-goutte affectueusement. Quoi que ce fût, c'était un bon cru.
C'est le sujet de mon livre pour enfants. C'est à propos d'une petite fille qui croit que l'histoire parfaite existe quelque part et qu'elle n'a jamais été proposée à un éditeur tout simplement parce que son auteur ne supporte pas l'idée qu'elle puisse tomber entre les mains du meilleur éditeur au monde de livres pour enfants et que celui-ci puisse prendre la décision désastreuse de la refuser. Alors, elle se résout à devenir ce fameux éditeur elle-même pour s'assurer que cela ne se produira jamais. Elle rencontre de multiples obstacles sur son parcours et doit à son tour rejeter d'emblée toutes sortes d'histoires merveilleuses pour que son flair soit applaudi par ses collègues et sa promotion assurée. Et au fil des années, elle étouffe de plus en plus sa véritable nature. Sa renommée et son autorité critique deviennent incontestables. Et puis, un jour, l'histoire parfaite se présente. Elle est assez mal tapée, sur du papier de piètre qualité. Elle comporte des corrections à la main. Mais l'éditrice comprend (...) que son coeur est désormais endurci par la jalousie, et elle rejette la magnifique histoire.
Certaines pistes semblent s'imposer, telles que le ratio entre les taux de sang et de sueur répandus dans la production comparée entre, disons, poésie et littérature, ou peut-être biographie et autobiographie. Ce qui m'intéresserait en particulier serait l'étude d'un lien possible entre le groupe sanguin et la production littéraire. De son côté, mon collègue a suggéré qu'il serait possible de reconstituer le régime alimentaire d'un auteur par l'analyse de sa sueur, au moyen de techniques sophistiquées récemment développées aux Etats-Unis.
La librairie se situe, selon le bref article que lui consacre le Guide des bibliothèques britanniques (section R à W), à proximité d'Hereford, au sein d'une campagne riante et vallonnée, dont l'accès sera peut-être plus aisé en véhicule privé motorisé.