- Je croyais que la branlette t'avait rendu sourd, intervient Audrey.
Pauvre andouille ! Maugrée-je entre mes dents.
- Écoutes, tête de bois. Ici c'est chez moi. Je fais ce que je veux, renchérit Céline sur un ton acerbe.
- ça gagne bien de glander sur un canapé ? Lui demandé-je, avec une grosse envie de l'envoyer valser sur la piste de danse.
- Certainement plus que de servir de larbin à des feignasses en mal d'aventure.
Et nous voila reparti comme au bon vieux temps ! Avec elle, une joute verbale peut durer des heures. Contrairement à Audrey, elle manque singulièrement d'humour. Ses répliques déchargent les salves de mots incisifs qui n'ont d'autre but que de blesser mortellement.
- Et tu te mets à poil devant tes clients ? Continué-je.
- Va te faire foutre ! D'après ce que j'ai compris, tu préfères baiser les tiens !
- Ne parle pas ainsi de ma ...
- Très touchante, votre petite histoire. Et donc ? Me fait-elle, visiblement intéressée.
- Quand Marc a appris pour votre père, il s'est empressé de prendre un avion pour Montréal. Il est parti pendant mon sommeil. Ce n'est qu'à mon réveil que j'ai pris connaissance de sa lettre m'expliquant tout. Le problème, c'est qu'il m'a quittée sans me donner ses coordonnées.
Un rire tonitruant s'échappe de mon combiné. Mes propos semblent beaucoup l'amuser. Je ne suis plus très sûre d'avoir envie de poursuivre mes confidences. Cette Audrey est tout bonnement cynique. Et pourtant, il le faut. Sans sa coopération, je ne retrouvera jamais Marc.
- C'est tout lui, ça ! S'esclaffe-t-elle, lorsque le niveau sonore redevient acceptable. Toujours à tremper son biscuit partout, sans en assumer les conséquences.